FRANÇOIS Rose-Marie

Biographie

Rose-Marie François est poète, philologue, romancière, rhapsode.

Bibliographie

Pour une bio-bibliographie complète de Rose-Marie François, visitez son site :  www.rosemariefrancois.eu

Textes

(Sur le passage de Leiah)
        Jolis tissus lignés brûlent la main qui les palpe, usurpatrice honteuse
 de l’innommable. Toi, tu portes rayures transverses, le fil de l’écriture.
        Il y avait place sur la planète, tu montais l’escalier tournant, boule
 de feu, jarretières écloses, sirène fendue à l’écart des becs de la plume;
épanouie ou absorbée, pleine ou gracile, la boucle calligraphe.
        Pour châtiment la distance, parfois dissoute en rêve quand le matin
veut bien attendre le jardin. Alors, tu vas, lichen algues aux tempes, touffes
de nuit sur les paroles, les formules talismanes. Deux garçons montent la
garde, filet sur l’épaule, ils comptent les stèles, font tomber les galets,
nourrissent les serpents des vires.
Extrait de Répéter sa Mort, édit. Le Cormier, Bruxelles 1997.
© Rose-Marie François
Répéter sa mort a reçu le Prix Charles Plisnier 1989.
*
Contre-épitaphe
Au jour de son tantième anniversaire
Elle a gravé son épitaphe
Dans trois vaguelettes de mer.
Et rassurée sur le destin – R I P –
de celle qu’elle n’était pas devenue,
Persuadée enfin
qu’on ne la modèlerait pas
sur les édifiants exemplaires
des vierges sages méritantes,
Elle est repartie.
Les années ?
Des pierres à collectionner.
C’est ainsi dans les deux patries :
Dans le hameau des premiers temps
où les comptines-chrysanthèmes
poussent sur les cahiers lignés
Et dans le monde inépuisable
surpris au kaléidoscope de Babel.
Extrait de De source lointaine / TālÄ«na strÅ«klaka, édit. Tapals, Riga 2002.
© Rose-Marie François               
*
Orage
Le tonnerre crève les rêves :
Franciane, un chien,
la procession à Sainte Claire
chantée en hongrois,
de petits signes de la croix,
baisers du bout des lèvres,
le front la bouche et la poitrine.
L’orage, à la misaine allume
des lampions d’agrumes,
des oriflammes d’organsin
pour une mystérieuse,
hasardeuse fête
triangulaire.
Einstein prophétise :
il pleut des silex taillés
sur les décombres de la nuit.
Il fuse des éclairs bleus, libellules
sur les chardons, les chiendents,
les citronnelles. Infusions
bouillantes, fusion des voix
au loin, des laves dévalantes.
Tant de remèdes à l’amnésie,
chemins qui mènent à l’Italie.
Extrait de démenti du bleu / smentita del blu, édit. de L’Arbre à paroles, Amay 2004. © Rose-Marie François

Commentaires

Style net, original, fait d’images neuves et d’une singulière vivacité de ton. (Albert AYGUESPARSE)

Une authentique découverte littéraire, […] La Cendre est un beau livre rempli d’odeurs et de saveurs qui enivrent. (Jean-Baptiste BARONIAN)

[…] quelque chose de resserré, de ramassé (pour mieux rebondir), de belles images qui traversent le lecteur et lui ouvrent des infinis. (Huguette de BROQUEVILLE)

C’est bien le passage, la fuite de repères aussi troubles que risqués, plus ce quelque chose de sensoriellement envoûtant qui est à l’oeuvre ici. (Alain DUVEAU)

[…] outre une richesse en références historiques et littéraires, un souci de rigueur, de construction et de mesure, mais aussi une sorte d’éclatement de la langue dû à un foisonnement d’images étonnantes, marquantes, d’une grande intensité d’évocation. (Agnès HENRARD)

Lire Rose-Marie FRANÇOIS, c’est prendre le risque d’un voyage, d’où l’on ne revient pas toujours indemne. […] Entre la mémoire des dates et celle des lieux, s’inscrivent ses repères, ses témoignages indépassables, inoubliables: ” nous perdons la raison / pas la mémoire. ” (Gaspard HONS)

Carte d’Embarquement est un livre touffu, gorgé d’évocations […], traversé d’une langue pure et transparente. […] un beau livre un peu étrange, […] un livre très européen, de Dresde à Bruxelles en passant par Stockholm ou Smolensk. […] Il faut le lire et le relire. Sous la belle couverture de Léon Wuidar, sobre et précise. (Jacques IZOARD)

Aucun texte ne laisse indifférent. Comme François Jacqmin, Rose-Marie FRANÇOIS accorde le droit de parole à toutes ces gouttes de silence qui effleurent, qui blessent, qui profanent, qui enchantent. C’est à l’écoute de l’imperceptible que la vie se démarque de la nuit. Carte d’Embarquement s’inscrit dans une tradition poétique confirmée et atteste une singulière cohérence de sensibilité et d’écriture. (Michel JOIRET)

[…] coule de source, léger, et plein de mystère, écrit un peu comme dans un état second. (Anise KOLTZ)

Ce qui m’étonne le plus chez toi, c’est ta manière si naturelle et si audacieuse de rejoindre l’Histoire, toujours tragique, […] (Béatrice LIBERT)

La vie, l’amour, la mort, est-ce simple? […] Il y a dans l’écriture de Rose-Marie François un entrelac d’ombres et de lumières, un “patchwork” de contrastes, coloré, bruissant, complexe, peut-être, mais délimité avec netteté. […] les couleurs sont d’aujourd’hui, vives, violentes. […] On peut souhaiter que l’aiguille de Rose-Marie François ne décrochera pas […] car même aux “saisons de cendre”, elle brode “un linceul rutilent”. (Caroline LAMARCHE)

Rose-Marie FRANÇOIS est de ces esprits vagabonds qui voguent au gré d’une mythologie très personnelle, qui aime rendre le temps immobile, qui trouve sa substance dans la nature vivante. (Nadine DORMOY)

[…] le poème est ce rêve éveillé tout droit issu du subconscient qui inonde le réel, l’incorpore, d’où cette intemporalité […] De même l’espace parcouru de fond en comble par le poème donne à ce dernier, devenu voyage initiatique, ce mouvement intérieur qui court-circuite le temps. (Marie-Claire COURCELLE)

Cette “jeteuse” de charmes poétiques nous entraîne sans cesse dans un domaine qui enchante tout en nous faisant réfléchir. Démarche qui se développe sans intellectualisme ni sécheresse; car Rose-Marie FRANÇOIS ne perd jamais de vue la “verte évidence de la vie”. (Jeanine MOULIN)

Remarquable traductrice du domaine germanique […] Son goût pour la littérature allemande ou néerlandaise lui vient aussi de la propre thématique qui la traverse : sa poésie explore ainsi les lisières du fantastique, n’exclut rien des apparences ou des parois de la mort. La poésie prend sa source dans le concret de l’émotion, non dans son reflet. (Carl NORAC)

Par l’alchimie des mots, nous entrons ici, de gré ou de force, dans un temps autre[…]: le temps mythique de la non-histoire. (Christine PAGNOULLE)

Tes textes ne sont pas des divertissements. On éprouve un plaisir à les lire, un malin plaisir, car ils disposent cette “part d’ombre” qui toujours nous fait tenir. Te lire est une manière d’apprendre à lire le monde, l’horizon nôtre, sans complaisance. (Pierre-Yves SOUCY)

[…] là où notre monde nous propose aujourd’hui le consumérisme de la vitesse, du virtuel et du discontinu. Rose-Marie FRANÇOIS nous livre là une éclatante démonstration de son talent au service d’une vision philosophique et morale de l’existence : écoute, approfondissement, éloge de la lenteur et de la perfusion comme antidote au délitement de l’être dans le spectaculaire et le divertissement. (Eric BROGNIET sur Répéter sa mort))

Passé la Haine et d’autres fleuves est un roman d’écrivain mûr […] une enquête qu’on ne comprend en être une que relativement tard. […] Par un traitement subtil et complexe de la chronologie, fait de prolepses et d’analepses enchevêtrées, l’auteur parvient à substituer la sensation au temps. […] Comme pour tout apprentissage réussi d’une langue étrangère, c’est d’un roman d’amour qu’il s’agit. (Jean-Luc BRETON)