Auteur de quelques romans et recueils de poèmes, Michel Franceus s’est toujours intéressé à d’autres expressions artistiques, comme la musique et la peinture. L’échevin des Affaires culturelles, épris de littérature, est par ailleurs secrétaire de la Fondation Paul Delvaux. Sa passion pour la langue italienne, qu’il a communiquée à de nombreux étudiants, l’a conduit une dizaine de fois vers la ville de Florence. C’est en la Galerie des Offices qu’est exposée la célèbre peinture de Sandro Botticelli, « La Calomnie d’Apelle ». Cette œuvre de la fin du XVe siècle a inspiré l’écrivain.
Face à Fiorella, qui lui rappelle la silhouette de La Vérité, l’une des femmes du célèbre tableau, un professeur d’histoire de l’art n’hésite pas. Il lui demande de poser pour lui seul, afin d’être, comme l’artiste, en présence du modèle admiré. Cet accord entre l’érudit d’âge mûr et une jeune révolutionnaire du mouvement Fuoco d’estate ne sera pas sans lendemain. L’Italienne exilée à Hérinnes obtient, grâce au vieil homme, un poste d’assistante en librairie. Elle s’installe à Tournai, en bord d’Escaut, et son itinéraire aurait pu s’arrêter là, en compagnie d’un ami ornithologue. Mais l’urgence d’exister davantage se réveille.
« Le thème du livre, c’est une question qui m’a toujours préoccupé », confie Michel Franceus. « Celle de l’opposition, et donc aussi de la complémentarité, entre l’idée et l’action. Un groupe rêve d’agir, et son projet part en pétard mouillé. Fiorella tend vers une vie rangée mais ce n’est pas possible, tant sa pensée est forte. Le professeur aurait aimé peindre, il ne peut qu’analyser les œuvres. »
C’est à Tournai que l’auteur fait évoluer quelques solitaires. Leurs échanges sont nourris de recherches et d’espoirs, de vérité intérieure. « Ils ont un regard différent de ceux qui ont une vie sociale intense, ils sont sans cesse en dialogue avec eux-mêmes », dit encore l’écrivain. La libraire, Célestine, s’attache à une collection de cartes postales anciennes et à son amour du métier. Godefroid, l’ornithologue, relie nature et spiritualité.
L’esthète n’a jamais pratiqué l’art de peindre, qui l’attire intellectuellement, et qu’il ne cesse de confronter à la page, en vue d’articles et de conférences. Et Fiorella se saisit des couleurs et des nuances pour entreprendre une toile.
« Elle, c’est un personnage fort, comme celui de Botticelli, La Vérité. Elle incarne des valeurs qui sont les nôtres, en Occident, depuis toujours. Et nous souhaiterions tous que le monde soit comme elle. »
Françoise LISON, extrait de l’article Comme un fleuve, de l’Arno à l’Escaut, 18 septembre 2011, disponible en ligne : <http://www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=DMF20110920_00047283>.