Le navire qui s'offre à mon rêve dans la rade
Sous la brise fait sourire d'étincelles
L'azur clair de la mer aux fleurs de ses écume.
Je vivai d'île en île, ivresse! où se parfume
L'air superbe de la beauté des Sporades;
Je cuillerai des gemmes et des fruits dans tes bois,
Sicile! et j'entendrai les amoureuses voix
De tes bergers sur les radieuses collines
Où Théocrite errait et que rêvait Virgile.
Toute la vie enthousiaste et sage!
J'explorerai tous les rivages,
Je fendrai l'eau de tous les golfes,
Et les odeurs du large et les souffles du ciel
Mes lèvres les boiront à de pures corolles
Offertes à leur soif tour à tour par la mer,
Et je leur donnerai, selon l'heure, les noms
Tendres des plus lointaines îles:
L'or aux Antilles, la flamme en l'Insulinde
Et la fièvre éperdue y rutilent,
La grâce fraîche ceint Nippon
D'une guirlande de glycine et de jacinthes;
Claire et belle, parli les roses
Comme une source jaillit Formose;
Et j'irai, plus épris et plus fier
De vivre tel parmi le monde affolant
Des parfums et des lumières,
Jusqu'au suprême crépuscule
Où vers moi flambloiera des plaines de la mer
La mystérieuse Ceylan
Qui brûle
Comme une perle dans la mer.