Orage
Monde,
L’allure s’incurve et se love
Aux boucles brûlantes du chemin.
Mon corps et moi,
Quel dialogue.
L’amer et l’amour
Crient au fond de la nuit.
Plus rien n’existe
Que les pistes qui vont,
Sous la pluie,
Les âges
Et les feuillages,
A la rencontre de l’été.
L’estrapade
Bien écartelé dans le mal,
Je touche la neige des épaules
Et me tords comme un rieur fou
Dans la grimace de mon amour.
J’étais allé si haut sur le roc,
Le monde était devenu ce peu de tuiles,
Ce peu d’argile dans la ride des saisons ;
J’ouvrais large la main sur le ciel,
Mon coeur battait sur la muraille nue
Et le chant de l’azur me fendait l’oreille.
Maintenant que la neige
Se fond à mon sang vaincu
Et que mes poings sont fermés
Au néant,
Il tombe sur mon front
Ce plomb sans merci
D’une éternelle nuit.
Minotaure I
C’est à toi que je parle
Fureur tapie dans le sang
Terreur
C’est à toi que je dicte
Le fulgurant dessein
D’une insigne violence
Et c’est une proie vivante
Prompte pure
Que ma voix condamne
Aux stridences
Il n’y aura plus de lieu
Plus de temps
Il n’y aura plus d’espoir
Plus d’innocence
Seulement
La mémoire d’une main crispée
Et la prémonition déchirante
D’un grand silence noir
Minotaure III
Obscur
Où fuse la foudre
Lieu
De cruel hymen
Effi gie sacrée de la démence
Où se démembre le soleil
La volupté te désarme
De la pesanteur et du temps
Le masque du désir se fend
D’une longue blessure
Chaque regard chaque cri
Est un tison de défi
À la face des dieux brandi
Il n’y a plus d’espoir
Plus d’innocence
Seulement sur la pierre du désert
La victoire d’une main crispée
Et la prémonition déchirante
D’un grand silence noir
Objet
Objet de silence
Objet de patience
De feu
De souffle
De sang
Il restera de toi
Sur le sable du temps
Cette lame de phosphore
Ardent
Que saisira
Le premier venant
Alouette (extrait)
Solitude immobile
Un cri d’oiseau
Pour ultime parole
Fermer les yeux
Sur le ciel qui bleuit
Extraits de Minotaure obscur, 2005.