FADANNI Laurent

Biographie

Poète belgo-canadien, né en 1976, Laurent Fadanni a étudié la littérature africaine à Dakar et a enseigné le français dans de nombreux pays. Passionné de voyage et de littératures anciennes, il réside actuellement en Colombie-Britannique où il s’occupe d’un vignoble.

Bibliographie

  • Viticulture des gouffres, éd. L’Interligne, Ottawa, 2013, 120 p.
  • Le Chant du Peyote et autres poèmes du voyage/ The Song of Peyote and other poems of travel, éd. Maelstrom, Bruxelles, 86 p.
  • Cartographie du vertige, éd. L’Interligne, Ottawa, 2009, 103 p. Prix Polak 2010 de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique
  • Anatomie de l’échec, éd. L’Interligne, Ottawa, 2007, 98 p.
  • Du pop-corn pour les anges, éd. Memory Press, Érezée (Belgique), 2003, 64 p.
  • C’est pas ce soir qu’on mangera les étoiles, éd. Memory Press, Érezée (Belgique), 1999, 63 p.

 

Prix   ·         Lauréat du Prix Polak 2010 de l’Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises de Belgique. ·         Lauréat (second prix) du concours « Flammes Vives de la Poésie 2012 ». ·         Lauréat du concours de nouvelles « Métamorphoses » de l’Agence Québec Wallonie Bruxelles pour la Jeunesse, 2000.

Textes

DECLIN

Mais il en va de l’homme comme de l’arbre. Plus il veut s’élever vers les hauteurs et la clarté, plus ses racines plongent dans la terre, vers le bas, dans les ténèbres et les profondeurs, – dans le mal.

Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra

1.

tu as posé le pied sur le sol lunaire et c’est en toi-même que le soleil s’est couché s’est abîmé là où tu ne peux le chercher là où il te faut avancer désormais dans l’obscurité d’espaces inconnus vastes et confus

2.

hier encore là-haut ce soir ici et ce matin à l’infini tu te réveilles assis d’un long sommeil où tu te crus vivant volant de cimes en cimes vois-tu l’image s’est inversée en nuit te voici aujourd’hui perdu le gouffre que tu creusais à ton insu c’est ta maison désormais

3.

tu n’as rien possédé que des visions

4.

que tu déclines je le veux tel un soleil que tu disparaisses t’effaces de nos surfaces que tu brilles de l’autre côté la face cachée de la vie car tout y est nouveau et vierge et superbe et tes échecs ici là-bas seront des flambeaux crois-moi

5.

courageuse science de l’œil qui se ferme aux faux soleils pour se plonger en sa propre obscurité je te nomme prologue de toute vérité et soudain l’envers devient droit et soudain les voilà nus et révélés les mensonges proférés de l’unilatérale capitale temple maudit de la vie je dis temple de la mort à feu doux je dis vies pourries de petites morts à force de victoires sur des tous et des riens des moyens termes toujours qui se tiennent sages et à genoux sur les pavés de l’unilatérale capitale elle se délecte de leurs processions dociles pourlèche les communiants bouches ouvertes à la sainte consommation sur la langue dépose des poisons rose bonbon analgésiques qui ne tuent pas mais couchent à leurs pieds les grands vents de révolte et c’est déjà la fin quand rien encore n’a commencé

l’unilatérale capitale ne tue pas l’unilatérale capitale endort l’unilatérale capitale endort les grands vents de révolte et quand je dis révolte j’entends révolte intérieure révolte contre soi révolte absolue et nécessaire car

révolte contre soi est début d’amour de soi

6.

ne vous trompez pas de révolte

7.

ainsi je vous demande de quitter en hardes et en silence les plages lumineuses de l’unilatérale capitale et de gagner les déserts les plaines les montagnes où se déchaînent les forces brutes  fauves et sincères – ô ciel – ineffable mouvement des révoltes solaires et des révolutions perpétuelles

vous devez
devenir
cette révolte

8.

le premier pas vers la sagesse et un pas vers le bas