Haïku
(2e prix participation étrangère, Ambassade du Japon au Sénégal, 2024)
une feuille tombe
sur le texte que j’écris –
complément de temps
Un pays où les statues sourient
(Prix Jacques Raphaël Leygues, Concours du Jasmin d’argent, 22.10.2023)
(var. in Les brise-lames)
La terre est hachurée, de bleu, de murets blancs
d’oliviers scintillants, de plaines desséchées
où les rochers savent le langage du temps.
La mer resplendit de brillances argentées.
Le nouveau dieu ne remplace pas les anciens
que l’on chante encore dans les amphithéâtres
pour qu’ils accompagnent le destin des humains,
l’âme des paysans, des marins et des pâtres.
Les monts sont habités de moines et de dieux,
d’ermites qui domptent leurs désirs de paroles,
de vierges sur fond d’or au regard oublieux,
de martyrs aux yeux noirs, de saints à auréoles.
Aux antiques récits, la musique des mots
répond comme la mer qui enlace les iles.
Le vent sur les pierres n’oublie pas les héros
leurs combats malaisés, leur destin difficile.
Les vagues tranquilles ont des tons généreux
dans ce pays pierreux où les statues sourient
d’un air si tendre que le marbre semble heureux
sous les bougainvillées qui colorent leur vie.
Le modèle
(2e prix Anacréon, Les Rosati 2022)
la lumière est trop grise
le peintre cependant
estime l’heure exquise
pour son art bienveillant
l’artiste l’a élue
pour peindre son portrait
elle, l’inattendue,
il l’a nommée Beauté
était-elle si belle ?
il ne lui a donné
ni robe de dentelle
ni bijoux raffinés
les hanches dévêtues
le buste à l’avenant
le peintre l’a voulue
nue mais nonchalamment
sa longue chevelure
comment le deviner
va servir de parure
ou bien dissimuler
les filles sont habiles
à faire chavirer
aimer c’est si facile
quand on a des attraits
nul besoin de manège
pour plaire à un amant
tous les grands sortilèges
naissent d’un flottement