sa DENIS-BASTIN Claire - Maison de la poésie et de la langue française de Namur

DENIS-BASTIN Claire

Œuvres disponibles à la consultation

Biographie

Née le 14 octobre 1943 à Ciney, dans une famille de musiciens. Le père, François Bastin, était professeur de violoncelle à Ciney et le grand-père, Edouard Bastin, fut un des fondateurs de l’académie de musique de Ciney. Elle a écrit ses premiers vers dès 12 ans et est restée “poète à ses heures”, comme elle a plaisir de le dire.
Humanités gréco-latines, diplôme de traducteur en langue allemenade à l’ Ecole suisse de Genève.
1963: mariage avec un Allemend. A habité 12 ans en Allemagne.
Trois enfants: Anne, Katja , Nils.
A donné des cours du soir de français à des Allemands dans le cadre de la “Volkschochschule”.
1975: divorce et retour en Belgique avec ses enfants. A travaillé à la base allemande de Sugny, devenue par après américaine.
Remariage avec Alain Denis, violoncelliste, en 1976.
Naissance de Julien en 1980.
Professionnellement, traducteur-juré pour la langue allemande, employée au tribunal de travail de Namur, jusque novembre 2003. Prépensionnée depuis lors.

Bibliographie

 

  •     Tendre la main
  •     La vie en bandoulière
  •     Juste un jardin plus loin, juin 2004

Textes

Extraits de “La vie en bandoulière” 1983

Rien ne revient qui n’ est passé
Même pas le jour le plus beau
Ni le plus doux des soirs d’été
Ni les amours tumultueux!

Rien ne revient des grands aveux
Des élans gonflés de tendresse
Le temps continue et se presse
Et nous délaisse au bord des cieux…

                       ***********

C’ est comme un bateau qui vacille dans le ciel
Comme un arc-en-ciel qui n’a plus de couleur
Comme un avion enlisé sur la dune
Comme un oiseau collant son aile à la brume
Comme un soleil transpercé d’ autres soleils
Tombant sur la terre en poussière de lunes
C’est comme un pays qu’on ne reverra plus
Comme une illusion que déjà l’on n’a plus
Comme un point de bonheur dans un pli du coeur
Comme l’ombre à ton cou de ce qui n’est plus
Comme une planète qui tourne sans roues
Comme un univers si dépouillé de nous
Un bateau blanc – ou gris – démuni de tout
Sous un arc-en-ciel dépourvu de couleur…

                     *************

Amour flétri

Je porte mon coeur en écharpe
Et t’aperçois dans un nuage
Où sont partis les grains de sable
De notre plage au bord de l’eau?!

J’entends parfois un son de harpe.
Dans notre désert, un mirage!
Où est cachée ta sérénade
Qui peignait de bleu ma prison?!

Nos jours ont repris le goût fade
Du quotidien jusqu’au naufrage.
Ton coeur est devenu du marbre
Et je me noie dans d’autres cieux.

Je porte mon coeur en écharpe
Et vois pleurer les nuages;
Dans mes doigts, quelques grains de sable
Mouillés par la pluie de mes yeux…

                           ***************

Héritage extrait de Juste un jardin plus loin”

 Je n’ai pas su comment leur dire
Que nous étions des gouttes d’eau
Venues de lointains océans
Pour survivre…

        Avec des lambeaux de soleil
Dissimulés dans nos cheveux
Apportés d’un étrange ciel
Pour rêver…

Que nos yeux étaient des étoiles
Ramenées d’un autre voyage
Avec un coeur en héritage
Pour aimer…

Que nous n’étions pas topus venus
Pour dessiner le paradis
Mais que certains s’étaient perdus
Dans l’oubli…

Que des nuages dans les poches
Nous avios rallumé l’hiver
Avec des baisers de mioches
Pour pleurer…

 A ces enfants qui sont les miens
Je n’ai toujours pas su leur dire
Pourquoi un jour cette lumière
Puis repartir…

                        *****************

“Je suis” extrait de “Juste un jardin plus loin”

Je suis un être fait de soleil et de lune,
Un contraste arroguant de vagues et de dunes,
Avec des qualités pâlissant mes défauts,
Avec un coeur de pierre ou qui se fait gâteau!

 Plein de rage parfois, comme vous tous peut-être,
Mais avec des sursauts de bonheur et de fêtes!
Un être bousculé par ce qui lui déplaît,
Ronronnant cependant quand rejaillit l’été!

           Je suis un ouragan sur la mer en colère,
Pouvant tout déchirer quand on me fait du mal,
Un tourbillon sanglant d’orages et de fièvres,
Mais qui redevient miel quand les vagues se calment…

  Et puis… je suis le ciel, ouvrant tout grand son coeur,
Où l’on peut y puiser le rêve, la bonté,
Un être fait d’amour, de dons, de charité,
Un être comme vous et redevenant blé…

      Je suis un simple humain, comme vous tous ici,
Venue sur cette Terre en tant que pélerin
Pour cueillir des bonheurs, des rires, des chagrins
Jusqu’au bout du chemin qui sera cette vie,

         Jusqu’un après-demain s’ouvrant sur l’infini…

                                      ****************

Point d’orgue

Les toits blancs des maisons se fondent dans le ciel
Tandis que je me fonds dans un vide profond…
Sans cette vérité qu’en vain j’ai tant cherchée
Et sans la moindre ébauche au goût de certitude,
J’ai flâné dans le temps, j’ai glané des étoiles,
Mais sans jamais savoir ni comment ni pourquoi…
A force de chercher l’Homme dans l’ Idéal
Et de l’avoir cru bon… Mais quelle dérision!
D’avoir trop espéré que cette Humanité
Se débarrasserait de toute cruauté…
A force d’avoir cru en des valeurs sacrées,
En des trésors secrets retentissant d’espoir,
D’avoir glissé sur l’arc-en-ciel de l’au-delà
A coup de cent pensées et de mille pourquoi,
A force de sourire au creux des illusions,
Vu que l’Homme, à coup sûr, a perdu la raison,
Faisant de sa planète un bien triste brouillon
Par amour de l’argent, de la domination…
Peur de ne pas savoir ce que je fais ici,
Ni d’où je suis venue ni où j’ irai un jour,
A force de chercher, d’espérer, de douter,
Je vis dans ce chaos comme un polichinelle
Et je ne sais pas trop bien où s’ arrête le ciel,
Quand ce sera deamin ou plus tard ou la fin
Ni ce qu’il faut penser de l’art d’être humain
Ni de sa destinée dans ce grand va-et-vient…

Je garde mon amour, mes enfants, ma famille,
Un grand panier de fleurs au milieu du délire.
J’aurai laissé dans l’air mes éclats de sourire,
Mais tout ce que je sais, au faîte de ma vie,

C’est qur tout est chimère et que je ne sais rien!!!

Commentaires

C’est une poésie tendre, un peu nostalgique, où domine le regret du paradis perdu. C’est le désenchantement doux amer d’un coeur droit, d’une âme pure, devant la réalité vécue.
C’est une poésie qui ne recherche pas l’épate; elle coule de source; c’ est une poésie au courant de la plume. Une poésie naturelle, comme on dit qu’elle l’est parfois de l’éloquence. C’est, pourrait-on dire encore, un “autographe de poésie”. Elle fait songer en quelque endroit à Maurice Carême.
Primesautier, tel est l’Art poétique de Claire Bastin. Cependant cette fraîcheur se soutient d’un fonds philosophique, révélant une intelligence que l’on ne prendra pas au dépourvu.

                                    Marcel Detiège, article paru dans “Groupe Plus” juillet 2002