sa DELLISSE Luc - Maison de la poésie et de la langue française de Namur

DELLISSE Luc

Biographie

Né à Bruxelles le 28 février 1953, Luc Dellisse a publié une dizaine de livres de poèmes et de fiction. Il est également scénariste et dramaturge. Il enseigne le scénario, l’esthétique et la littérature à la Sorbonne et à l’Université Libre de Bruxelles.


Bibliographie

  • Mini-trips, Ed. Divergences, 1981.
  • La Fuite de l’Éden, Paris : L’Harmattan, 2004. Collection Ecritures.
  • Le Feu central, Paris : L’Harmattan, 2005. Collection Espaces littéraires.
  • L’Invention du scénario, Bruxelles : Les Impressions nouvelles, 2006.
  • Le Jugement dernier, Bruxelles : Les Impressions nouvelles, 2007.
  • Le Testament belge, Bruxelles : Les Impressions nouvelles, 2008.
  • Le professeur de scénario, Bruxelles : Les Impressions nouvelles, 2009. Coll. Traverses. Roman.
  • L’atelier du scénariste. Vingt secrets de fabrication. Bruxelles : Les Impressions nouvelles, 2009. Coll. Réflexions faites.
  • Les Atlantides, roman.  Bruxelles : Les Impressions nouvelles, 2011.
  • Ciel ouvert, Le Cormier, 2011.
  • 2013, année-terminus, Les Impressions Nouvelles, 2012.

Textes

Voix

Tu es là, avec les yeux tournés vers la lumière Je vois ta nuque, tes épaules rondes et nacrées Et je vois le reflet de ton regard dans la trouée Des nuages et dans le masque du soleil.   Je tire à moi l’espace en respirant entre mes poings Je tourne dans un grand vent de papier qui se lève Je gagne les régions mathématiques du rêve Je dors debout en jouissant entre tes reins   Je parle dans la nuit sans prononcer un mot Personne ne se doute des mots de mon silence Je déconnecte tous les appareils de voyance Je suis mort n’importe où et je vis dans tes bras   La signature de ton sang sur le bleu des draps Où la main de l’artiste infléchit les jambages Révèle la blancheur de la première page Tu écris en saignant le roman de ta voix.     Fuir   La certitude du salut mais la panique Tout le jour deux par deux mon corps et son fantôme Mon corps détruit par sa puissance immodérée Retour rivière poème orgueil lividité La carence qui est dans les jets de lumière Le poivre sec du premier plaisir contumace Ce sexe qui relève du délit d’initié Tous les mots parachutes en torche Panique ma panique ma fin du monde intime Mais le ciel précoce dans La nuit fraîche, ferme les yeux Tasse les oreillers   Renaître à présent, le rire de Renoir Te protège de tes cigarettes Tu fumes dans le couloir verrouillé Tu es la pluie dans la vitesse Tu marches devant toi et tu tournes à demi Ta nuque vers la hache Tu ne mourras jamais Tu habites hors du temps.     Contre-poison   Je suis avec toi dans le temps Enroulés dans nos couvertures Tu dors loin de moi et j’attends   Les longs doigts de la ville endormie Redessinent tes yeux fermés Je suis dans la cité du rêve   La montre bleue et l’écran noir Le téléphone absent, le café dans la tasse Les heures claires de la nuit   Plein de choses me manquent mais toi Tu ne manques pas, tu me troues Je sens le fruit de la douleur S’ouvrir en deux entre tes paumes Le suc délicieux et vivant Coule sur ton poignet de velours   Petite vasque où je bois à genoux Tu es glacée et ta lente salive Pénètre les réseaux et les cordes De mon corps nu, vibrant   Tous les bonheurs de la lumière sont venus Par le philtre de ton regard Ton rire vit en moi Ta peau peinte avec le pinceau Du matin – est ma lampe.      Il n’y a pas de ciel…   Il n’y a pas de ciel, il n’y a que la lumière Cette clarté jaillissant de toi Dansant sur la pointe des feuilles Dans le sous-bois où le froid nous entraîne   Et je connais le silence du temps Et tu connais l’exil et la promesse De beaux mensonges ont caressé ton corps De mauvais rêves m’ont tiré en arrière   Et à présent rien ne reste du mal Tu vas heurter le métal de la porte Tu vas tourner la clé noire dans ton ventre Tu vas sentir le bonheur remuer   Je vais sortir de mon corps éternel Je vais entrer dans la forêt première Je vais toucher ton visage de pierre Je vais monter en toi et hors de toi   Et le ciel s’ouvre, et les yeux se referment Le long voyage à travers le sommeil La longue main du plaisir refermé La longue vie de l’instant arrêté.     Luc Dellisse

Commentaires

Article sur Les Atlantides. Les Impressions Nouvelles, 2011.

  • Archéologie mémorielle. In : Indications, n° 388, juin 2011. p. 51.