de VISSCHER Henri

QUADRILLE DES LANCIERS

Ceux-là qu'on ne voit plus ne quittent pas nos coeurs
Mais font si peu de bruit en marchant sur les feuilles
Qu'à peine en est troublé le songe des veilleurs,
Comme neige qui tombe et que la terre accueille,
Quadrille des lanciers qui nous laissez sans voix,
Flocons à pas tremblés, vous dessinez la danse,
Ah! qu'ils étaient vivants, les vivants d'autrefois!
Et que nous sommes sourds!
                                          Qu'est-ce donc que l'absence?

LE LEZARD

Ton souffle est court, tu clignes les paupières,
Bête en éveil et qui feins la torpeur,
Lézard guetteur, pierre parmi les pierres,
Le coeur battant tu maîtrise ta peur.

L'oeil entrouvert quand s'enfonce ta griffe
Tu vois glisser sur les champs d'oliviers
Qu'un coup de vent au soleil ébouriffe,
Cette ombre en croix, ces ailes d'épervier.

N'éveille pas les somnolentes cailles,
Crains le soudain éboulis des cailloux,
Crains au soleil ce grincement d'écailles
Que fait ton corps sur le feuillage roux !