Anti-conformiste, romantique attardé dans notre siècle (ou venu trop tôt), Claude De Donder, se veut résolument révolté, contre les guerres impitoyables, contre le racisme, contre une certaine religion, contre une justice mesquine et déshumanisée.
Et son ton sonne juste, car il sait de quoi il parle. Sa désinvolture n’est qu’apparente et son humour grinçant n’est que l’envers d’une sensibilité que l’on a bien souvent trop ébréchée. Car au seuil de sa vie, cet homme jeune a déjà eu trop d’additions à payer.
Avec ce premier recueil, il dresse le bilan d’une vie absurde et établit le constat d’un monde où vivre peut paraître déraisonnable.
La femme et les mythes de son corps déroutant constituent les thèmes essentiels et le point d’appui de ce recueil. Elle est présente, vivante à chaque page et reste la seule lueur d’espoir. Pourtant c’est quand il évoque les fêtes charnelles qu’il parvient le moins à cacher son angoisse d’être.
On lui reprochera une écriture parfois imprécise, mais n’est-ce pas un des charmes de cette poésie que de replacer des mots quotidiens dans un contexte inédit qui leurs accorde une connotation nouvelle.
On lui reprochera bien autre chose encore… Mais qu’on se souvienne surtout qu’il s’agit ici d’un cri venu de loin, d’une poésie qui ne cherche pas à séduire, qu’il s’agit de la voix déchirante d’un poète à qui il reste encore beaucoup à dire et à… vivre.
Jean-Pierre Larbalet, extrait de la préface de Tourment et nostalgie.