Textes
JOIE SUR MEUSE
Septembre vint.
Cela n'a l'air de rien, septembre. Un mois bien convenable et bien tranquille après les exubérances d'août et les canicules et les orages et les soleils fous de l'été. Presque un mois de repos. De repos!
Souvent, sur la Meuse, septembre est terrible.
En août, cette année-là, il avait plu très souvent, le long des jours tristes et fatigués avec des arbres dégoulinants et des buissons plumes pendantes.
Alors, septembre. Une douceur du ciel, d'abord, mais une douceur extraordinaire qui vous prenait au fond de la peau et qui vous secouait les nerfs. Elle venait peut-être de la couleur du ciel: il y a un bleu des ciels sur la Meuse qui donne envie de rire, de crier et d'aimer, un bleu pas trops fort ni pas trop peu, un bleu liquide de tout luisant. Les enragées exubérance de capucines et de zinnais dans les jardins et des dahlias énormes qui avaient éclaté et qui s'ouvraient avec le plus d'impudeur possible.
Les pierres grises des maisons aimables et chaudes comme peau en amour sous le soleil et les ardoises des toits avec elles.
Il y avait surtout la Meuse, la Meuse qui courait folle après les grandes eaux d'août, toute folle en sifflant sur les roseaux pliés.