de BOSCHERE Jean

Biographie

Jean de Boschère est né à Uccle en 1878 est à la fois peintre, graveur, et poète. Elève de l’école des Beaux-Arts d’Anvers de 1894 à 1900, il fréquente les milieux littéraires parisiens à partir de 1901. Se lie d’amitié avec Suarès et Elskamp. En 1915, il gagne Londres où il séjournera jusqu’en 1923 ; il y fréquente les Imagistes anglais (Beardsley, Pound, Aldington) ainsi que Huxley et Lawrence. Retour à Bruxelles en 1925. Rencontre Artaud en 1926 et Milosz en 1929. S’installe à La Châtre avec Elisabeth d’Ennetières en 1945. Meurt le 17 janvier 1953.

Bibliographie

  • Dolorines et les ombres, Paris : L’Occident, 1911
  • Métiers divins, Paris : L’Occident, 1913
  • 12 occupations, Londres : Mathews, 1916
  • The closed Door, Londres : Mathews, 1916
  • Job de pauvres, Londres : John Lane, 1922
  • Ulysse bâtit son lit, Paris : Fourcade, 1929
  • Elans d’ivresse, Paris : Sagesse, 1935
  • Dressé, actif, j’attends, Paris, 1936
  • Joie grondante, Bruxelles : Maison du Poète, 1941
  • Derniers poèmes de l’Obscur, précédés de Nous les derniers et de quelques autres poèmes anciens, Paris : Sagittaire, 1948
  • Héritiers de l’abîme, Paris : Au Parchemin d’antan, 1950
  • Le paria couronné, Paris : Nouvelles éditions Debresse, 1956

    Bibliographie complète dans Christian Berg, Jean de Boschère ou le mouvement de l’attente (Bruxelles, Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises, 1978)

Textes

Je croyais hurler de cyclones
et tu ne m’entens pas.
Ai-je perdu la divine voix
du seul enfer, du noir infernal,
Ai-je perdu le diamant noir de Satan
et la lumière tranchante donnée
par la justice enfin des souterrains de vérité,
la voix reçue, en grâces et crédits innommés,
malgré les Dieux, malgré les hommes,
m’a-t-on arraché la voix
qui arrêtait les troupeaux des races,
les caravanes et les concerts des philosophes,
qui laissait les hommes en suspens,
levés comme un marteau soudainement maudit,
comme la main épouvantée de la femme qui se couvre,
m’as-tu cruellement nié,
après le goût pris de ses délices sombres,
le regard de fer sorti du curare de la vérité
qui paralysait le saut des cirques et des bêtes?

Commentaires

Aux yeux de deux générations, et en particulier d’Antonin Artaud, Jean de Boschère a passé pour une sorte de mage inaccessible.  Proche des imagistes anglais et américains, traduit par eux, il se dérobait au public, et semblait soucieux de lui cacher son oeuvre.  Celle-ci est une rocailleuse course à l’absolu, sans la moindre concession de pensée.  Solitaire, superbe et déchiré, il dit l’être en lutte avec le non-être.  Cet aristocratisme, qui le place entre René Daumal et Lanza des Vasto, finit par exiger son tribut: ce qui manque à Jean de Boschère, ce n’est pas l’altitude de la rigueur morale ou philosophique, c’est la grâce de l’écriture.  L’abnégation, chez lui, n’exclut ni la grandiloquence ni le méprise de la forme.

Editions Traces Bruxelles 1985 “La poésie francophone de Belgique”