Extraits de Raptus, suivi de Corps, échanges. Éd. Samizat, 1999.
Les bien-pensants n’ont qu’à bien penser ce qu’ils veulent. Les puritains du Grand Orphéon également. Nous faisons la révolution de nous autres à sens, dévalant les sentes escarpées jusqu’à nous élever dans les airs inconnus de la cité mentale. Instituons un « Comité des Rêves ». (C.R.) Une Centrale Syndicale du Songe Érotique ». (C.S.S.E.) Un « Collectif d’Excités au service des Retournements de Situation»;: (C.E.S.R.S;) Car la plupart de ces braves gens n’ont plus de corps, de cloisonnement dans les bureaux aseptisés du désespoir de la pensée. (B.A.D.P.) Car le rêve, l’amour, la révolution, c’est le risque du corps sexué, de l’échange imprimé, de la rencontre délivrée. C.Q.F.D.
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Il n’y a que que le mot “esprit ”
pour faire croire en l’esprit.
Le reste est traversée
du politique labyrinthe,
échange de mots
sur une peau frôlée,
mémoire des dermes en jeu
croissant la geste infinie
des verbes en feu.
Le reste est labyrinthe.
Politique en jeu. Proche du feu.
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Quel est cet échange ?
Corps, voix, gestes épars.
Les mots de la mémoire
s’incrustent dans la chair vive,
dans l’épreuveDéchirée de l’échange,
dans la vérité blafarde
de la viande rouge bien pensante,
dans la beauté crue du verbe rougir,
dans l’incommensurable proximité
entre peau et pensée.
Les idées sont dans le sang.
Proches du feu.
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Cette idée,
fomentée par quelques neurones,
dépasse la volonté des êtres.
La viande pense,
dans une physique chimie électrique.
L’objet des corps s’élève.
Le langage achève l’Odyssée,
précède le passage des destinées.
Nos biologies sont ainsi traversées,
échangées, sublimées par les verbes rouges
de l’Indien mangeur de mots.
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Leurs codes sont parfois screts.
Pouor le meilleur et pour le pire
de l’amour et de la guerre.
Pour la paix rêvée
au prix des langues transpercées.
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Ils égrènent
le chapelet des mémoires.
Les faits rouges se confondent
en opinions suaves
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Leurs corps souffrent
de toutes les injustices
et se dilatent en rage d’amour,
en bubonique peste à l’encontre du mensonge,
en résistance active au viol mental.
leurs corps ne souffrent
que d’injustice,
transpirent d’audace,
dépassent la pensée.
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Je ne suis pas un prétexte.
Mon corps pense, parle, écrit,
décelant de torves iniquités
sous les cernes noirs
de tes yeux cristalisés.
extrait de Corps, échanges