CAUCHIE Daniel J.

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Biographie

Né à Bruxelles le 6 octobre 1927, Daniel J. Cauchie est le fils unique d’un père celtique et d’une mère judéo-chrétienne. Fils unique, autodidacte au-delà des Humanités gréco-latines, enfance heureuse et tourmentée en Belgique et au Pays Basque, jeune poète résistant, petit employé, jeune cadre de sociétés et, finalement, créateur d’entreprises, devenu multimilionnaire en dollars ; depuis trente-cinq ans reconverti en poésie et “philosophication”. Marié deux fois (la deuxième depuis 54 ans) ; père de 3 filles, grand-père de 3 garçons et une petite fille. De la génération que l’occupant nazi appelait terroristes, dont on qualifierait aujourd’hui les actes de «délinquance juvénile», il rejoint le RNJ (Rassemblement de la Jeunesse) dont il apprit après la guerre qu’il était d’obédience communiste. Libertaire, agnostique, citoyen d’Europe par le coeur et la culture, et par ses ancêtres picards, alsaciens et juifs italiens, son épouse allemande et ses petits-enfants internationaux; de nationalité belge par le passeport, européenne par ses trois langues principales ; par la généalogie et, géo-politiquement, par son Maître à penser l’Europe : le Suisse Denis de Rougemont ; et finalement, ses résidences successives en Allemagne, Afrique du Sud, Etats-Unis, Monaco, Italie, Sultanat d’Oman, Suisse et son retour en Belgique pour y finir ses jours, en juillet 2010. Il est membre de la Maison des Poètes depuis 1942.

Pseudonyme Skype: daniel.thoughts

Bibliographie

  • Chansons du Nain d’Automne, Plaquette, Editions de la Maison du Poète, 1943. Collection “Messages”. Dépositaire: La Grande Librairie Belge 24, Grand Place 25.Bruxelles.
  • Exercice du Silence (Poème). In :  Revue Marginales, N°61, juillet 1958.
  • Paroles dansantes dans un silence. In Revue Marginales, Juillet-Août 1947.
  • Poèmes et CDs mp3 Maison de la Poésie de Namur
  • Poèmes Gnomiques, Publibook, Paris, mars 2009.
  • Feu d’Aphorismes, Publibook, Paris, 2011.

 

Les manuscrits suivants sont diponibles à la Maison de la Poésie et de la Langue Française de Namur :

  • Les Belles Amours : Comme les gens heureux
  • Les Belles Amours : Lai
  • Steigerung
  • Chanson pour Ludivine
  • Les amants de Bordighera
  • Le Boulanger et le Ramoneur (chanson mutine)
  • Il y a un jour
  • Demain il fera jour
  • Tu verras Ludivine
  • Aphorismes poétiques
  • Ton sourire
  • Sonate pour Ludivine
  • Aveu pénible
  • A travers la fenêtre
  • Mon amour, si tu n’étais pas née
  • Discours sur le Bonheur
  • Chanson
  • Yin Yang (Litanies)
  • La rose des vents

Les CD suivants sont disponibles à la Maison de la Poésie et de la Langue Française de Namur :

  • Poèmes intemporels
  • Feu d’aphorismes
  • Sarcasmes, aphorismes
  • Poèmes réssucités
  • Hétéroclismes

Textes

Le temps
Le temps est un livre dont les pages s’envolent et vont et viennent Tout le temps Par tous les temps…   Le temps de chaque chose, Le temps des blés, des cerises, des lilas et des roses Le temps des métamorphoses Le temps de respirer l’haleine du vent Le temps d’un instant Le temps d’un tourment, d’une écchymose Le temps élastique d’un note de musique Ou d’un silence Le temps de l’espérance, le temps d’une supplique Le temps d’une vie, d’une litanie, d’une avarie d’une accalmie, d’une clownerie d’un soupir Le temps d’une métaphore, le temps de s’en aller Quand il est temps encore…     Demain Il fera jour   Demain il fera jour Il fera vie de tous les jours Il fera défendu, molle pluie,              Et vertueux mensonge, noir comme la suie  Approche-toi, mon amour, prends-moi dans tes bras, Ce soir, il fait beauté, il fait péché originel avec Dieu pour complice, Ce soir, il fait douceur, intensité, doux supplice… Demain il fera jour Il fera vie de tous les jours Il fera vertu, il fera sens unique et liberté perdue Tristes chansons d’amour Inconsolable et cynique et par trop raisonnable Approche-toi, mon amour, prends-moi dans tes bras, avant que demain ne vienne tout abîmer Sois un arbre en été et ses fruits de tendresse Nous comblant de caresses et d’innocente ivresse Qui ne tarissent pas. Ce soir je te voudrais tiède,épanouie et mienne Dans cette nuit baignée de lune et de vertige Avant que demain nous oblige À courber l’échine et aussi ne vienne pauvres libellules nous remettre en cellule. Approche-toi, mon amour, prends-moi dans tes bras Avant qu’il fasse ordinaire et maussade Car je t’aime tendrement au delà de l’au-delà Et nous veux ivres de la dernière rasade,       Avant que demain nous reprenne Et que la vie à nouveau ait tout défiguré. Où nous serons revenus à nos accoutumances redevenus pareils à nos bonnes raisons Nos rires jaunes et nos regrets trop longs, Comme ceux qu’on appelle les gens bien Sinueux, lourds, dignes, boursouflés Et tristes, à en mourir maintenant Approche-toi, mon amour, prends-moi dans tes bras, Ce soir, à la fin d’aujourd’hui Apporte-moi à boire le cocktail de la nuit Avec un doigt de fièvre et le zeste de tes lèvres Et la mousse d’une joie dont je puisse faire le tour Avant que l’aube ne l’émousse. Demain il fera pâle, lâche et sourd Il fera interdit de séjour Il fera médiocrité grise nécessité Et interdit de rire ou de chanter De gémir, de meilleur et de pire Il fera train de tous les jours Où notre place est réservée Approche-toi, mon amour, prends-moi dans tes bras, Comme les enfants se cachent pour s’aimer et se mordre Comme les enfants se couchent pour s’inventer des choses Et se rêver eux-mêmes interminablement Je voudrais que tes lèvres ce soir me disent quand même Que rien ne nous empêche ni ne nous empêchera De nous dire notre joie dans une nuit de beauté. Approche-toi, mon amour, prends-moi dans tes bras, Demain il fera jour Il fera vie de tous les jours Et vertueux mensonge, noir comme la suie
On ne peut pas

On ne peut pas vivre en hiver
Comme si c’était l’automne
Et que la joie résonne
Laisser dormir le cœur
comme si c’était un ours
et sans faire de bruit
comme si c’était le jour
où s’en est tue la source
de toutes les misères

On ne peut pas dormir
Dans le lit de l’automne
Comme si c’était jamais
Sur un matelas de feuilles et de passions perdues
Dans les draps de l’oubli
Comme si c’était la nuit.
Dans un monde pervers
Rien n’est jamais acquis
Sans en payer le prix
En nostalgie amère.

On ne peut pas vivre au printemps
Comme si c’était l’été ;
Comme un beau carrousel,
L’âme et la peau brûlées
Ni rêver tout le temps
manger des pâtisseries
comme on aime les femmes et les hirondelles
et toute poésie,
jouer à la fourmi se croyant une cigale
jouant à la marelle.

On ne peut pas vivre en été
Comme si c’était toujours
On ne peut vraiment vivre
pas même un seul jour,
pas même un seul amour,
avec un printemps ivre,
une automne dorée ou un hiver clément
pour unique saison ou bonheur d’un instant

On ne peut pas
Tout saisir ou comprendre
Sans un cœur dilaté
Et esprit à l’avenant.

On ne peut pas dormir
Dans un lit de bonheur ou le creux de la mer
Comme si c’était tout le temps
Le même jour de la semaine
Y trouver le repos des amours et des haines
ou autres nostalgies,
ni dépérir comme une fleur
à peine épanouie,
à l’aurore choisie

On ne peut vivre tout le temps
Pendant longtemps, c’est vrai,
Dans un lit de printemps
Chaque jour refait
Comme si le malheur comme si le bonheur
n‘étaient pas frères jumeaux
L’amour une religion et la mort une putain.

Mais on peut vivre content, heureux de temps en temps
Les heures nous accordées
A la seule condition que l’on reste conscient
De la joie d’être là, joyeux et éphémères
De chaque entre-guillemet
Qu’est l’autre bout des choses
De chaque petit geste, de chaque contrepartie
Que la Beauté dépose
Miraculeusement, en grand et doux secret
Aux quatre coins de la vie vraie.

Que le bonheur existe, ne fût-ce que fragile
Ni si pauvre ni si riche ni si infertile
que ne croient trop souvent
les âmes peu tactiles
et les tristes amants.

Que le malheur souvent déshabille ou déguise
la Beauté leur épouse, leur mère et leur fille
qui s’absente parfois et aussi s’amenuise
bien qu’elle soit éternelle
douce et irréelle
comme les rêves d’enfants
sans chasser pour autant
les éblouissements et aussi les tourments
tout au long du voyage de la vie accomplie.

On peut vivre sa vie en tous lieux, toutes saisons
Et en faire à sa guise
Et croire que le Ciel, le Hasard ou le Bon Dieu,
Se chargeront du reste
Miséricordieusement.
Bordighera, 15 février 2001