CROUSSE Jean-Louis

Biographie

Il est né à Bruxelles le 14 février 1932 et est décédé à Bujumbura le 31 décembre 2008. Il fait des études gréco-latines et deviendra Docteur en droit. Il fut Fondé de pouvoir responsable de formations à l’Université Libre de Bruxelles.

Il a participé à diverses activités tournant autour de la poésie en Belgique et en France. Il participa également aux activités du Grenier Jane Tony et du G.R.I.L. à la Hulpe – divers récitals, conférences, présentations de poètes et préface de recueils, – divers poèmes publiés en revues (Les Elytres du Hanneton, Inédit et Inédit nouveau, Traces, Encres vives, Prométhée…)

Critique littéraire occasionnel pour la Revue Nouvelle, le Mensuel poétique et littéraire – Participation à des livres collectifs : Toi sans Toit (Prix Richelieu) et Passions de lecture – pour Pierre Yerlès (chez Didier Hachette).

Son fils, l’écrivain Nicolas Crousse, lui a rendu hommage dans son livre Mon père – La nuit s’achève paru en 2009 (disponible à la bibliothèque de la Maison de la Poésie).

Bibliographie

  • Mille gris, Editions Saint-Germain-Des-Prés, 1983.
  • Que faire d’une lampe, il pleut, le jour se lève, Editions Saint-Germain-Des-Prés, 1986.
  • Le vif l’à peine, Chamdelland, 1988.
  • Le voyage léger, Galerie Racine, 1990.
  • Incertitudes, Art pluriel, 1991.
  • Sentes et Sources, Art Pluriel, 1991.
  • Du plus bas parler, Galerie Racine, 1993.
  • La nuit diamantine, GRIL, 1996.
  • Fumée sur papier, Editions de l’Acanthe, 1996.
  • Feuillage et silence, Galerie Racine, 2000
  • Aller là-bas, (essai), Editions de l’Acanthe, 1997.
  • Paroles de saison, livre collectif publié en 1998 avec Jean Dumortier, Joseph Bodson et Myriam Prévot.

Un fascicule, publié en 1994 aux Elytres lui a été consacré : La poésie de Jean-Louis Crousse par Piette Yerlès.

Textes

Extraits de « Que faire d’une lampe, il pleut, le jour se lève » ED. Saint-Germain-Des-Pres   Doucement il allait, parmi tant de choses à demi réelles comme on pousse parfois une porte, inopinément et qu’elle s’ouvre soudain entre l’ombre et la lumière Alors, sans un geste, sans hésiter il sortit  Et dehors, silencieusement les chemins, les sentiers qu’il prit se mirent, en lui, rien qu’un peu et par chance, à murmurer mezza voce                                ***   Routes excentriques et chemins creux terrain creusé des alternances trame de doutes visage d’aveux gardes-tu l’exacte conscience ont-ils enregistré, tes yeux ces méandres et ses mouvances ces virages où tu prenais feu comme saisi par la véhémence emporté  par d’autres enjeux                                ***   Quand il voulut de ses propres menteuses mains lever le masque qui couvrait son visage faussement éperdu     pour, selon lui, recouvrer une transparence oubliée     apparut, autour de ses yeux où s’exprimait une détresse si adroitement feint qu’encore un peu on l’aurait crue vraie,     sa peau arrachée, nue                                            ***

A Jules Supervielle

 

 

Je suis l’arbre composite le végétal voyageur et j’ai montré à mes tendres écorces — hélas moins tendres à cette heure ! — les forêts de Brocéliande et de Soignes, les Landes les Fjords les Fagnes et tant d’autres sites où j’ ai couru, où j’ai grimpé, de toutes mes racines comme d’autres volaient ou naviguaient Et mes branches, déconcertées, jouaient à « je suis le charme ou l’aubépine je suis l’olivier oui bien le saule ou le tremble l’eucalyptus ou l’oranger » tandis qu’étourneaux, grives musiciennes, mésanges et, n’oublions personne, mille et un chanteurs-voltigeurs parmi lesquels, il me semble, quelques oiseaux de Paradis tournoyaient, perplexes, se demandant « à quoi donc ressemble cette plante qui n’est pas d’ici cette sorte de feuillage étrange ? » J’aurais tant aimé, tant qu’à faire, tremper les pieds dans la mer Mais trêve de nostalgie le matin, j’étais reparti enjambant détroits et ravins toujours en quête d’un jardin Je suis un arbre pèlerin                                ***       Extraits de « Feuillage et silence » Librairie-Galerie Racine     BALANCE   Sur une balance je pense, je pense je suis un marin distrait par le roulis que ma tête fait   Sur une balance comme une transhumance je suis un mouton gourmand vagabond de pré en champs   Sur une balance finies les carences admirez l’homme invincible qui atteint toutes les cibles   Sur une balance j’interroge ma présence pourquoi moi ici ? Où mon corps et où l’esprit ?   Sur une balance je suis en confiance j’escalade comme cabri des précipices inouïs   Sur une balance mon corps reçoit des cadences des étoiles tournant là-haut en rondeau   Sur une balance Je me ris de l’arrogance Du monsieur assis Sur ses principes, tapi   Sur cette balance lieu de toute confidence j’interpelle doucement ces cœurs errants                                ***   PASSE PRESENT   Pluies et brumes enfuies mon âme en chasse éperdue voulant surprendre encore le rêve jailli sous les lunes anciennes et dessin net de vasques          fruits de jadis arabesque d’avant midi          enfouies au fond des neiges, des nuits   Murmure, sous le torrent,          distinct que ne réduisent, n’éparpillent          eaux ni vents Et kyrielle d’instants d’hier non abolis a contretemps dans ce paysage aujourd’hui Rivière lente soudain récapitulant ses rives premières réfléchies sous un autre ciel en aval, vie qui se souvient en arrêt, parcourue, fuie.

Commentaires

Ce qui fait la justesse de cette poésie (peut-être proche de Reverdy) c’est son degré d’attention fine à la réussite d’un moment… Jean-Louis Crousse…conduira sans doute toujours plus son écriture vers cette vibration du quotidien qu’appelait Peter Handke….
Jacques Vandenschrick ( La Revue Nouvelle )
… Le lecteur va de découverte en découverte, Crousse n’étant jamais le même et jamais victime d’une mode.
Paul Van Melle (inédit)
… C’est une vue cosmique des choses qui nous entraîne dans l’interrogation poétique…
Jacques Mercier ( Temps Livres )
Rien ne le distrait de sa quête obstinée. Cela fait des pages très sincères où le poète aborde sans cesse ” l’ enceinte où dorment les secrets “. Il le ffait avec tant de pudeur nuancée, tant de légèreté grave qu’on reste pris à son pas fragile.
Luc Norin ( La libre Belgique)
… ces livres doux comme de la lumière…
Christian Bobin

Commentaires extraits du quatrième de couverture de Sentes et Sources