sa COTON Maxime - Maison de la poésie et de la langue française de Namur

COTON Maxime

Biographie

Maxime Coton est né le 7 juin 1986, à La Louvière. Il a étudié à l’INSAS, en option son. C’est là qu’il concrétise les passerelles entre ses différentes passions (la musique et l’écriture), découvre l’art radiophonique, les musiques électroacoustiques et le cinéma. Aujourd’hui, outre des collaborations en tant que preneur de son et monteur son, il mène ses propres projets en tant que réalisateur («Entre Création Et Exil», «Les Vagues Et L’Enfant», «Nicolas Treatt, des voix,des visages», «A l’Improviste»,…), poète («La Biographie de Morgane Eldä», «Le Geste Ordinaire», «Le Mot Minimal», etc.) et musicien (TOPE!, Aorte) et s’investit dans des structures éditoriales (éd. Tétras Lyre) et de production audiovisuelle (Bruits asbl). Maxime Coton a reçu le Prix Georges Lockem 2011, décerné par l’Académie de Langue et Littérature françaises de Belgique. Il est également lauréat de la bourse de poésie Spes 2012.

Bibliographie

Poésie

  • La biographie de Morgane Eldä, Soumagne, Éditions Tétras Lyre, 2004.
  • Trou, Bruxelles, Éditions de l’Encrier, 2007.
  • Le geste ordinaire, Noville-sur-Mehaigne, Esperluète, 2011. Prix Poésyvelines 2011. (Remise du Prix le samedi 8 Octobre 2011).
  • L’imparfait des langues. L’Arbre à paroles, 2014. (Poésie ouverte sur le monde). Prix Geneviève Grand’Ry 2012.
  • Pages Vivantes, L’arbre de Diane, 2019.
  • Au dos des nuits, Éditions Tétras Lyre, 2021. Prix Biennal Robert Goffin 2018.

Textes

Hormis que dès lors tu disparais
Le silence offert est une large rigole sur laquelle je danse doute et espère
Que dire sinon le bruit, sinon l’absence?
Gagner jusqu’à l’étourdissement
Hormis dès lors que tu disparais

Le bruit que ta disparition proclame scintille et colore
Me danse non comme un mot bien plus prompt que moi
Ni comme un ventre qui pourtant te représente
Au delà de ton visage sa rémanence

L’absence que tu portes et portera
(C’est ta profession, ton désir, tes longs cheveux et la poitrine qui geint de n’être caressée)
L’attente ainsi déversée de toi à moi
Alors que je te pénètre et tout est renversé
Hormis dès lors que tu disparais

Je danse doute et espère sur une large rigole prenant naissance dans l’étourdissante clarté du bruit
Quand nous nous levons insidieux
Embroussaillés de ce non-lieu que nous donc
Et dans cette rigole s’évanouissant au soleil et dans la sueur
Gagnée jusqu’à te parvenir
Hormis que dès lors tu disparais

Pour tout partage, ne disposant que de fruits glanés
Partout jour après jour je m’en targue
Je tente de me targuer de la perte
Je vais jusqu’à graver l’amnésie
Hormis dès lors que tu disparais
J’écris pour te traverser

Tu m’offres cela qui n’est plus
C’est pourtant toujours offrir enfermée par cela
Dans la circulation entre les fruits que je confis et vénère
Assemble en des lettres
Que tu ne lis que très peu mais reçois et reçois sans cesse
Tu ne peux t’en défaire recevoir donc
Et dès maintenant il nous faudra parvenir au bruit
A la chute du bruit son masque
La mémoire en est un si tu veux

L’impression me vient de la splendeur tant rêvée
Au sein même tend l’éblouissement
Et hors notre union éclos plus qu’un fruit confis
Presque non en deçà
Hormis donc
Presque non en deçà du hasard
Hormis dès lors
Presque non en deçà de la rencontre
Hormis dès lors que tu disparais

De l’autre côté la danse la couleur et ton ventre
Et le mot qui te nomme crient ce droit infime
Dont chaque jour mes pas se vêtent un peu plus
Un peu plus l’attente
Un peu plus le silence
Un peu plus le rien
Un peu moins que nous-mêmes
Hormis dès lors

Commentaires

“Le geste ordinaire” : Maxime Coton réunit dans “Le geste ordinaire” une suite de poèmes qui construisent un lien père-fils d’une grande intensité. Comme dans le film éponyme (qui sort en parallèle du livre), le fils parle du travail du père, du regard qu’il porte sur l’usine, les camarades, l’engagement… Il y a parfois de l’incompréhension entre ces deux-là, il y a surtout une connivence dans la pudeur et la force de l’amour filial. Ce sont des mots francs, simples, dénués de tout apprêt. S’esquisse alors le portrait d’un homme discret, d’un ouvrier qui dans le silence des gestes quotidiens transmet à son fils des outils pour vivre.

Extrait de : “Le Carnet et les Instants”, Bruxelles, n°166, avr.-mai 2011, p. 70.