- Pèlerin comme toi : poèmes. Dision : À l'enseigne du plomb qui fond, 1951. 73 p.
- La pénétration : Poèmes. Paris : Debresse-Poésie, 1959. 108 p.
- Ivre comme le blé. Paris : P. Seghers, 1952. 35 p.
sa
Pélerinage. Extrait de Pélerin comme toi.
Ah je te reconnais jour au visage blême
Posant sur mes genoux ce tas de chrysanthèmes
Pour un pieux retour au solennel passé
parmi tous les éclats de jade, abandonnés.
J'entends le trot de l'équipage
Attelant mon pèlerinage.
Les chevaux vont hennir
Trop tard! Il faut partir.
Sois sage ô mon pèlerinage
Il faut laisser dormir les âges
Et passer la veillée à l'aïeule courbée
Qui peut entremêler en un récit de fée
les débris entassés sous son bonnet tout blanc.
Mais l'aïeule a fermé le registre des ans
Et seule je m'en vais pour ce pèlerinage,
les harnais déchaînés vers les anciens breuvages.
Voici cette fontaine
Où s'attachent les rênes.
Un dieu crachant toujours
En son masque d'humour.
Et voici cette auberge
Où je dépose un cierge
pour les échos tombés,
Trop tôt éparpillés.
Sois sage ô mon pèlerinage
il ne fait pas creuser l'outrage.
Tais-toi hennissement
Prophète trop troublant,
Tu pourrais réveiller
le plus malin sorcier.
Et je veux pénétrer en cette maison blanche
Qui devrait préserver malgré les avalanches
Les éclats de ces voix, les pas toujours rejoints
De la pastourelle qui ne s'achevait point.
Voici la grande horloge
Portant comme épitoge
la patine des noms
Plongés dans les saisons.
Et l'antique bergère
Attendant les trémières
Qui n'ont plus refleuri
Après un long conflit.
Sois sage ô mon pèlerinage
N'emporte pas d'anciens breuvages.
Les cheveux vont dormir
Et le jour mourir
Posant un chrysanthème
Au capuchon de laine
de tous les pèlerins.
Extrait de la préface de Pèlerin comme toi par Edmond Vandercammen.
"... Il y a certainement là une âme qui souffre, qui pense, qui attend en solitude". Que Gab Costalas se rappelle ces paroles de Georges Duhamel au moment où elle se détache de son premier livre pour le confier au jugement d'autrui, n'est-ce pas un signe, une confession? dès le début du volume, on devine d'aileurs que l'auteur est entré en poésie par besoinde libération et de confession tout à la fois. Celle-ci permet celle-là, implique une manière de pélerinage tendre, douloureux, passionné ; dès lors, n'attentdons nulle concession au jeu, à la virtuosité, aucune négation des produits de l'esprit humain, aucune révolte. Car tel est le propre du pélerin : il se dépouille de lui-même, lentement, comme les Indiens d'Amecameca, au Mexique, quand ils gravissent les étapes du calvaire et jettent aux buissons leurs haillons, l'un après l'autre. Madame Costalas vit au Congo Belge. Si la nature africaine n'a point dicté au poète des mots de mystère ou abreuvé son âme d'émotions cosmiques, elle a cependant marqué la matière de son chant en la ramenant sans cesse au point central de la solitude angoissée. De sa solitude parmi les hommes, Gab fait le premier cercle d'une solitude mystique et celle y a éprouvé le sentiment profond de la vie. D'où cette attente, cette interrogation qui est hantise du surnaturel ; d'où également sa résignation". (...)