Né en 1902 à Bruxelles.
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Né en 1902 à Bruxelles.
Le refuge
J'ai frappé à ta porte, ce soir, La dernière maison avant le désert. Je n'en pouvais plus et te voilà, Les bras refermés sur cet homme traqué Et ta douceur offerte à sa faim. Fais que mon coeur d'homme te soit bonne chose Dont je n'aie pas à rougir devant moi-même. Fais que je sois digne de porter la main Vers le pain de notre amour Et l'eau de notre tendresse. Fais que je mérite de te protéger Contre les ombres mauvaises Qui rôdent comme des loups et des renards Dans le trouble des heures nocturnes, Et qu'il soit juste que la main la plus tendre A ton front Soit aussi la plus rude pour te défendre. Fais que notre paix soit établie Et que notre amour soit aussi fraternel. Fais que mes bras ne soient plus si lourds De toujours porter le vide, Et qu'après tant d'étapes sans gîte Je puisse m'étendre en ta douce chaleur Sans penser au départ dans le froid de l'aube. Fais que mon âme ne se disperse Dans le sable des coeurs inconstants Et que, par ta présence fidèle, Je sois purifié de mes errances. Fais que mes pas ne rentrent dans les ténèbres Et que les cris du monde s'arrêtent De l'autre côté de cette porte Même si j'ai mérité qu'ils me poursuivent, Et que le mal me soit pardonné Pour le bien que tu me veux. Fais que je sois délivré De l'amertume des affamés Et des voluptés du désespoir. Fais que la tendresse ne soit pas un piège Sous l'herbe fraîche de la lisière Ni l'amour un gibet caché dans les arbres. Fais que la vie soit un don, Que la mort ne soit pas une délivrance. Fais que tout soit consommé De ma solitude Et que je n'entende le pas redoutable Qui s'avance sur la route A la rencontre de celui qui, dans sa nuit, A pour frère le vent et pour soeur la poussière.Ses poèmes sont virils et tendres, nourris de méditation et pourtant spontanés. Leur inspiration est souvent d'une sensibilité extrême mais l'esprit y bat de son aile de feu. Le vers est de forme libre comme le vent sur les routes, mais chaque poème est d'une solide ordonnance, établi dans son rythme comme un arbre où ce vent prend consistance.
Dans les poèmes d'Henri Coppieters de Gibson, comme dans son regard, brille la flamme d'un idéal que le temps n'atteint pas.