COLLIN Isi

Œuvres disponibles

Biographie

Né à Liège le 25 novembre 1878, décédé en 1931.
Poète et journaliste

Bibliographie

  • Des vers... , dont Choses d' Etang, une plaquette, Gérard-Liège, 1898.
  • Les baisers, poëme, avec une préface de Georges Rodenbach, Gérard-Liège,  1898.
  • Raymond Swaan, édition de la Revue de Belgique, Weissenbruch, Bruxelles, 1900.
  • Quinze âmes et un mousse, 1928
  • Almanach de Compère Guilleri, Ed. A l' Eglantine, illustré par suzanne Cocq, Bruxelles, 1931.

 

Textes

ALMANACH DE COMPERE GUILLERI

Pour nous habituer à l'heure d'été prochaine, les coqs chantent plus tôt.  Leurs voix de coquelicots, de bleuets et de marguerites vient du fond des cours, de boîtes en planches et en fils de fer, d'invisibles jardins.  C'est encore un matin d'ardoise, avec une seule fenêtre éclairée dans la maison noire d'en face.  Mais le chant du coq ne nous réveille pas chez nous.
Un réveil au chant du coq, c'est de la joie, de la fraîcheur au coeur et de la gaîté dans les oreilles pour une journée entière; c'est la campagne, les vacances au village, la ferme proche avec de bonnes odeurs de pains au four, de fumier fermenté et de bergerie, la petite servante au menton de reinette et aux joues de court-pendues; et puis, du coup, le départ pour le tour du monde puisque - on nous l'a dit - les coqs se répondant de quartier à quartier, de la banlieue aux champs, de clocher à clocher, leur chant noue la ronde autour de la planète.
Et tout de suite, bien plus clairement que dans les livres, nous découvrons que la terre est ronde, qu'elle tourne à la broche sur son axe des pôles et que le soleil est là qui arrose de sa bonne sauce dorée la croûte qui s'offre à sa cuiller.
Le réveille-matin qui gratte, qui grince nous donne un coup au coeur et nous jette dans la réalité, sur le linoléum et devant le miroir.  Le chant du coq nous berce et nous mène à la campagne.  Ce n'est pas cette cour du concierge, ni des jardinets où pendent les tabliers et les chemises des lessives que monte cet appel; l'oiseau qui crie est le coq d'or d'une petite église dont le curé boit du bourgogne, se dispute avec une servante acariâtre et fait pousser des citrouilles parmi des tournesols et des pivoines.