COLJON Jean-Pierre

Œuvres disponibles

Biographie

Né à Arlon, Jean-Pierre Coljon vit au Québec depuis 30 ans. Une sensibilité à fleur de peau, des blessures d’enfance et un côté romantique l’ont amené à composer des dizaines de poèmes. Il vous offre ses plus beaux textes dans lesquels s’entremêlent amour, humour et émotions, dans son double recueil publié en 2005 et qui a pour titre Avec et sans amour, suivi de Randonneur et rêveur, ainsi que dans son nouveau recueil, Beau parleur, publié en 2011.

Polyglotte et globe-trotteur, Jean-Pierre Coljon est détenteur d’une maîtrise en économie internationale. Il poursuit une carrière au gouvernement du Québec comme conseiller en affaires internationales et comme professeur d’économie internationale dans plusieurs universités de Québec, tout en étudiant pour l’obtention d’un certificat en création littéraire.   Il a également adapté au contexte de la Beauce québécoise des années 1920, la comédie belge la plus jouée au monde, Le Mariage de Mlle Beulemans, devenue Le Mariage de Marie à Gusse à Baptisse. Celle-ci a fait l’objet de cinq productions et de 20 représentations devant près de 4 000 spectateurs enthousiastes du Québec et de l’Ontario.

Bibliographie

Avec et sans amour et Randonneur et rêveur (double recueil de poésie), La Plume d’Oie Édition, 2005, 147 p. ill.

Le Mariage de Marie à Gusse à Baptisse (adaptation en parler de la Beauce québécoise du Mariage de Mlle Beulemans de Fonson et Wicheler)

Textes

Ébène

Elle est belle comme une déesse,
Sculptée dans ce beau bois, l’ébène.
De l’Afrique, elle rappelle les plaines
Jusqu’à ses étonnantes tresses.

Son visage a le noir du charbon.
Sous ses lèvres couve un feu ardent
Cachant l’ivoire blanc de ses dents :
Elle a la fougue du lion.

Un seul mot d’elle et on sait qu’elle fut reine.
Quand elle rit, nous réchauffe l’étincelle
De ses yeux où brillent des enfants d’elle.
C’est Adène, ma belle Africaine.

Couleur café à Matongé[1],
À Ixelles, en plein cœur de Bruxelles :
C’est surtout l’été qu’elle ensorcelle
Malgré la peur des immigrés.

C’est ma déesse, Adène,
Mes chaînes africaines,
De la plaine, ma reine,
Mon altesse d’ébène.

Avec ses tresses, elle m’enchaîne,
Ma belle maîtresse, ma reine d’ébène.
Je l’avoue : c’est elle que j’aime à Bruxelles,
Et c’est pour elle qui m’aime, ce poème d’Ixelles.

C’est pour Adène, mon Africaine,
C’est pour ma belle reine d’ébène
Que j’ai aimée à Matongé
D’où je reviens désespéré
Et gémis comme les hyènes en peine
Se plaignent dans les plaines africaines.

Car je suis trop loin d’elle, de ma bien-aimée,
Bien trop loin de Bruxelles et de Matongé.

[1] Se prononce Matongué. Nom d’une banlieue de Kinshasa repris pour désigner un quartier de Bruxelles situé dans la commune d’Ixelles et ainsi appelé parce qu’on y retrouve une forte concentration d’Africains, principalement originaires du Zaïre, ancien Congo belge.

Chanceux !

Elle lui sourit sans cesse, qu’il échappe sa tasse
Ou son verre, le renverse.
     Jamais elle ne se lasse.

Son regard est caresse et souvent, elle l’embrasse.
Ses paroles sont tendresse.
     Mon Dieu, comme le temps passe !

Et lui, il est ailleurs et semble indifférent,
Ne sachant son bonheur.
     Il doit avoir six ans.

J’ai froid et sur moi je pleure, sur mes souffrances d’antan,
De voir tant de chaleur,
     Moi qui n’ai pas d’enfant.

J’aimerais être son père. Je serais un bon mari.
Je lui ferais un petit frère,
     Et puis une sœur aussi.

Mais le voilà son père, le voici son mari.
J’ai eu ma chance naguère.
     Jamais ne l’ai saisie.

Quand enfance est souffrance, on a peur d’être parent.
Violence crée carence :
     C’est bien trop angoissant.

Déjà que la romance, déjà que d’être amant…
Mais revivre son enfance,
     Ça peut être guérissant :

           Je lui sourirais sans cesse,
               Quoi qu’il dise,
               Quoi qu’il fasse.

               Mon regard serait caresse,
                     Quoi qu’il brise,
                     Quoi qu’il casse.

                       Mes paroles seraient tendresse…

Extraits du double recueil de poèmes de Jean-Pierre Coljon Avec et sans amour et Randonneur et rêveur, La Plume d’Oie Édition, 2005, 146 p.
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