Textes
Je vous ai méconnu sans haine.
Je n'ai pas connu la prière
Et ses humbles balbutiements
Ni les mains jointes par ma mère
Ni les pieux agenouillements.
Je n'ai pas vu briller le signe
Qui fit triompher Constantin,
Ni compris la valeur insigne
Du Crédo de Saint Augustin.
Et j'ai douté que l'Evangile
Fût, seigneur, inspiré par Vous.
Mon agnosticisme tranquille
N'a guère subi de remous.
Si j'eus, un jour, la nostalgie
Et la hantise du Divin,
A travers les théologies
Je Vous ai recherché en vain.
Aucun rayon de Votre Grâce
Sur mon front ne s'est épandu
Et mon espérence fut lasse
De l'avoir parfois attendu.
Mais pourtant si l'inconcevable,
Si le dogme et l'étrangeté
Si la fiction et si la fable
Se transmuaient en vérités,
Si, par-delà les galaxies,
Dans la splendeur et la clarté,
Tout puissant et glorieux Messie,
Vous régnez pour l'Eternité,
Je paraîtrai l'âme sereine
Devant Vous au moment venu,
Car c'est d'un coeur pur et sans haine
Que je Vous aurai méconnu !
extrait de Crépusculaires
