L’œuf transparent de ta blessure
La mémoire se déplace
Sans bruit
Dans les pas
De ta très sauvage présence.
Sous la peau
La main creuse
Pénombre de l’abri
L’enfant fait son nid dans
Des débris d’adulte.
Vers le premier cri .
Soleil brûlant .
Le goût de l’enfance
Les rapprochait :
Tu es si chaud à l’intérieur de moi.
Je pourrais te casser en deux
C’est toi qui le feras
D’une main fragile
Où j’ai sculpté ta force.
Qui manipule qui ?
Qui ?
Extases aux notes
De murs muets
L’aigu de l’air déchire
Le consentement vertigineux.
L’étreinte se relâche
Dans la fuite
Où
Je me respire lentement.
Je peux user de mon visage.
Je suis l’inarticulé dans l’air
L’haleine hors de ta bouche.
Nos corps devenus transparents
Sans bulle où circuler ensemble
De libres recommencements
Attends
Il faudrait y rêver.
À la verticale de l’œil s’ouvre et se ferme le ciel.
Une danse violente
Les traces de la lutte incessante
Briseront
Au seuil d’une vie plus large
L’œuf transparent
De ta blessure.
Tes veines saillent à ton cou humide de cris
Tu viens dans ma respiration
J’aime ton odeur d’enfant
Ces ruines que tu commences en moi.
L’œil retentit encore :
L’écho éparpillé de notre effroi.
Ton ongle se souvient :
Globes hérissés d’éclats.
Cette clarté dernière
À construire le cercueil
Oreilles coupées sur le couchant.
Au milieu des ossements
Une découverte soyeuse :
On aime toujours comme un enfant
Assoupi
Sur l’immense ventre maternel.
À l’instant qui précède la disparition
Le corps étreint des images de l’enfance.
Nous ignorons ce qui dans le jardin
Ronge
L’instant de la source.
(Lied pour piano et ténor léger, composition musicale, Alain Bonardi, dans le cadre du concours Henri Dutilleux. 2007 ; interprété par Jean-François Chiama au Festival du Mois Molière, à Versailles, juin 2008. Traduction en flamand, 2012, revue Gierik n°114.)