CANTRAINE Philippe

Biographie

Philippe Cantraine est né à Renaix, le 28 avril 1954. Etudes secondaires à l’Ecole normale de l’Etat à Tournai (Humanités anciennes).
Ses études de lettres (françaises, espagnoles et italiennes) et de philosophie l’ont conduit de l’Université Libre de Bruxelles (1973-1981) à l’Université de Cologne (1978-1982), puis, en tant que collaborateur scientifique, à l’Institut d’Etudes romanes de l’université de Greiswald (RFA, 1996).
Conseiller de 2008 à 2015 au Cabinet du Président Abdou Diouf, Secrétaire général de la Francophonie, il a été Directeur du Département du Multilatéral Mondial de Wallonie-Bruxelles international (2004-2008), et, de 1983 à 2004, Délégué Wallonie-Bruxelles successivement à Québec, Rome, Paris (pour l’Unesco et l’Ocde), Bruxelles (sous Présidence belge de l’Union européenne), et Varsovie. Il termine sa carrière à Dakar en 2018 comme Délégué général Wallonie Bruxelles pour l’Afrique de l’Ouest.
Pour son premier recueil, Astérion, en janvier 1983, Philippe Cantraine fut au nombre des jeunes poètes signalés d’emblée par le Prix Polak de l’Académie royale. En 1984, il reçoit, le Prix international Arts et Lettres de France et la Coupe de Biarritz pour une nouvelle,Guanajuato. Le Prix Gauchez-Philippot de la Province de Hainaut lui est attribué, en 1999, pour les poésies de Gagner du champ sur la nuit, et le Prix Emma Martin de l’Association des Ecrivains belges de Langue française pour L’Heure bivalve, à la rentrée littéraire de l’automne 2007.
À ses poésies, articles et contributions à plusieurs ouvrages collectifs, viennent s’ajouter Neuf nouvelles nègres, suivi de Nègres blancs, en 2008, ainsi qu’une approche du théâtre (Fort de Joux, paru en 2012, qui met en scène Toussaint Louverture et Heinrich von Kleist). Un roman historique, Le Gouverneur des coquillages (2009), biographie romancée d’un naturaliste-voyageur de l’époque romantique, originaire de la Région des Collines, reçoit, en 2010, le Prix Verdickt-Rijdams de l’Académie royale de Langue et de Littérature françaises. Un second recueil de nouvelles, Cuentos des cœurs compliqués, paraît en 2011, suivi de Haïkus en 2014, d’un second roman, Une Symphonie Or, la même année, Les récits de Nous n’y sommes pas encore viennent ensuite (2016), puis un essai, Le correspondant de paix (2017), et un troisième roman, Le jour du débarquement de la flotte américaine en 2018.

Bibliographie

  • Astérion, Bruxelles : Louis Musin, 1982. Prix Emile Polak 1982 de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique.
  • Le Marcheur et l’eau vive, Montréal : Préambule, 1985.
  • Grains de mer, sagesse brûlée, Caserte : Russo, 1993. Prix RTBF “Un auteur, une voix” 1996 pour le poème “Paris Paros”.
  • Elégies d’Ellezelles, Préseau : Centre Froissart, 1997. Cahiers Froissart ; 222.
  • Gagner du champ sur la nuit, Paris : Caractères, 1998. Prix biennal Gauchez-Philippot 1999 de la Province de Hainaut.
  • De cendre et de ressaisissement, Bruxelles : Les Elytres, 2003.
  • Archer dans le courant des cibles, Amay : L’Arbre à Paroles, 2003.
  • Poupoune, Princesse d’Azurie (conte pour enfants), Paris : Reprographica, 2000.
  • Nouvelles (Guanajuato, Au bal avec Héléna, La condamnation à l’aube, Préparatifs de guerre dans les herbes, etc.) publiées dans : Marginales, La Revue Nouvelle, Le Spantole
  • L’Heure bivalve, Chez l’auteur, 2008. Prix Emma Martin de l’ Association des Ecrivains belges en 2007.
  • Le Gouverneur des coquillages, roman, Avin : Luce Wilquin, 2009.
  • Cuentos des coeurs compliqués, Avin : Luce Wilquin, 2011.
  • Fort de joux, drame en cinq actes, éditions de L’Ours blanc, 2012.
  • Une symphonie Or, roman, Luce Wilquin, 2014.
  • Haïkus, poèmes. Paris : éditions Caractères, 2014.
  • Nous n’y sommes pas encore. récits. Editions Muse, 2016,
  • Le correspondant de paix. Essai. Editions Muse, 2017,
  • Le jour du débarquement de la flotte américaine. roman. L’Harmattan, 2018.

Textes

XXXVIII

J’avais, plus l’été que l’hiver, des chiens errants sur ma trace, lesquels se montraient généralement fort amitieux.
Egrenés de polenta, des automnes, avec douceur, fanaient les gloriettes rousses.
Un peu de la neige des cols, seulement blanche de sa couleur, faisait croire, promptement dissipé, au péril qu’il y aurait à les franchir.
Les chiens disparus à la suite des troupeaux, à mon tour j’emboîtais le pas, l’été, à cette générale transhumance.
Cette vie-là, qui n’allait pas sans conscience, valait plus que l’existence. De cette vie-là, que me restera-t-il ?

****

V***

Où l’oeil embrasse l’horizon de leurs toits luisants d’écailles, inclinées de l’aile comme des ponts de Chagall, les villes au loin tendent leurs gestes de guingois.

Que peut donc signifier cette Europe en ses villes, sinon dépasser ensemble les bornes irrégulières d’un chapelet, restituées comme la signature de la terre par la main du voyageur qui s’est commis, et proposer enfin au regard une grappe qu’un coup d’oeil, comme le berger ses bêtes, n’a guère besoin de diviser pour la compter ?

De part et d’autre de ces villes, comme de mobiles routes pressées, les fleuves hâtifs qui les bordent coulent à demi-mot vers leurs destinations, allant leur bon vouloir au fil serré des conversations essentielles.

Pourtant, l’ordre apparent n’est que commentaires et surprises. Sauf à attribuer des écarts d’oreille aux auditeurs, fruit des habituelles nuisances sonores du grand nombre, les fleuves, avant de se reprendre, aiment, d’étonnement, à balbutier. Ils coulent cependant, n’en doutons pas. Ils coulent comme le temps, à qui rien jamais n’a compté, trompés sur leur simplicité fluide.

(…)

Extraits de : Archer dans le courant des cibles.

****

Poème atone

De nuit, tu rentres
A voix blanche.
C’est toi,
A qui nous mesurons

Ton pas de loup,
ton air
de danse.

Ton silence
Est sans offense.
Ses couches atteignent l’épaisseur
Où dort la neige sur notre toit.

*

Mellifère

Lames courtes des ailes
Qui couchent aux rayons des ruchers,
L’été clignote dans les sablières.

En s’alitant l’y ont plombé
Les mers lentement écoulées.

Visitée de l’esprit du lieu,
L’abeille mère y légifère.

L’enfant dort en visiteur
Des espaliers de la cuisine.

L’abeille lui est sereine.
Les mers lui sont tourment.

Extraits de : Elégies d’Ellezelles.