Artistes de nulle part
Une agitation fébrile
trouble la place du village.
Avec ses funambules et ses bateleurs,
ses magiciens et ses jongleurs,
Son cracheur de feu et sa contorsioniste,
sa chèvre savante et son accordéoniste,
Un cirque, avec pour tout bagage, quelques planches et deux malles,
Un cirque, sans chapiteau ni ménagerie,
humblement s’installe.
Ces saltimbanques de partout, de nulle part,
mordorent, inlassables, la ternissures de spectateurs trop rares.
Ils quêtront, ce soir encore, quelque regard teinté de tendresse
et non ovation ou honneurs d’altesse.
Bourlingueurs aux longs périples,
ils s’esquiveront ensuite à pas feutrés,
Entre deux roulements de tambour et des applaudissements anémiés.
Un souffle de caresse, une brisette de poésie
pour ébranler la maussaderie des hommes…
Et les troubadours de notre temps
auront instillé temporellement la joie de vivre…
Avant que le place du village
ne s’engloutisse à nouveau dans la torpeur;
extrait de Bleus au coeur