BONHOMME Anne

Biographie

Née à Verviers en 1941. A reçu le Prix de Poésie Nicole Houssa de l’Université de Liège en 1960. Professeur d’histoire à Bruxelles depuis 1966. Rédactrice de la Revue des historiens francophones de Belgique.
A publié plusieurs textes poétiques dans les revues suivantes: Levée d’Encre, L’Arbre à paroles, Cahiers Froissart, Le Journal des Poètes, les Elytres du Hanneton, Reg-Art, etc…

Bibliographie

  • Une histoire, l’Arbre à paroles, Amay, 1992.
  • Urbi, l’Arbre à paroles, Amay, 1994.
  • Variations, L’Arbre à paroles, Amay, 1995.
  • Sans poésie, L’Arbre à paroles, Amay, 2000.
  • Images, L’Arbre à paroles, Amay, 2004.
  • Triptyque, L’Arbre à Paroles, Amay, 2005.
  • Ici-Là-bas, Le Coudrier, Mont-Saint-Guibert, 2008. Prix de Poésie Emma Martin décerné par l’A.E.B.
  • Archives, Le Coudrier, 2013. Illustrations de Simonne Devylder. Préface de Piet Lincken.

Des textes extraits de Une histoire et de Urbi sont également parus (et commentés par André Doms) dans l’anthologie Bruxelles poésie, d’André Doms et Georges Thinès, L’Arbre à paroles, Amay, 2000.

Textes

Extraits de : « Images »   Quand le chat vous quitte et qu’il fait soudain froid que les voix du passé se mettent à gémir que les âmes rencontrées jadis descendent au jardin pour crier des reproches que le présent que l’avenir se griffent et s’émiettent tous les désirs enfuis on reste sans poids sans mesure de soi-même et des gouffres vert d’eau s’entr’ouvrent autour de vous et la jungle du cœur grandie à votre insu horriblement vous emprisonne et vous étouffe.                                    ****   C’est ainsi par intermittences que notre mort parfois s’invite elle s’assied au bout de la table et tout autour de nous s’étrangle ou se dissout elle nous contemple                                  ****                                  Nous étions des guerriers des danseurs hystériques et des enfants sans larmes oui c’est ce que nous étions notre monde a sombré dans un incendie bleu                                  ****     Ce sera la ligne suivante vois-tu toujours la ligne suivante rien n’arrivera avant ce sera la prochaine route le prochain tournant à chaque pas à chaque mot nous gagnerons un peu de vie on sera peut-être sauvés on pourra fuir ce que l’on écrit sera beau un fil de trame en plus sur la si longue chaîne   une flèche enflammée a traversé l’espace un bruit de mort un chuintement de sang nous étions des guerriers des danseurs hystériques et des enfants sans larmes c’est ce que nous étions et toi tu veux l’espoir et tu veux de beaux mots sur un papier sans taches                                  ****     Tu traverses en diagonale la plus belle place du monde les mouettes très haut piaillent et te suivent rue de l’Homme Chrétien tu montes sur la borne tu lèves le bras et agites ton rhombe c’est le bruit de la mort encore il tourne il tourne les murs se lézardent les pavés se fissurent autour de toi soudain soudain c’est le désert la nuit les douces dunes scintillent les étoiles y tombent oh ma belle où es-tu même pas ton ombre les comètes font des rondes puis c’est de nouveau la plus belle place du monde tu n’es pas là tu n’es pas là mâche des feuilles lâche mémoire mâche des feuilles tu nous trahis toujours

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Tu me prendras dans tes bras
vieille vieille ville
et tu me consoleras de n’être pas en paix
tu étendras sur moi
tes sacs de lumière
et tu feras couler ton canal
pour qu’il pénètre
mes veines et mon esprit
à jamais
car je compte encore vivre
très longtemps
et très mal
et que les sourires égarés
de tes vieilles vieilles fenêtres
que toutes les paroles au-dehors
de tes arches et de tes boulevards
me ramènent à ton coeur.

Commentaires

André Romus in Le journal des poètes, n° 6/7, d’octobre-novembre 1992, à propos de Une histoire : « Ah ! cette voix, pour cesser de l’entendre se prolonger en moi, dites, comment faire ? ».

 

Geneviève Bergé in La Cité, hebdomadaire du 15 septembre 1994, note de lecture consacrée à Urbi : »Tout est juste, précis, cependant qu’elle hurle, (…) avec toute la férocité qui tenaille, les déchirements, les abandons… ».

Le poète et critique Philippe Leuckx a analysé ses écrits dans un “Dossier L” (n° 67 – 2004) du Service du Livre Luxembourgeois et dans la revue “Francophonie vivante” (n° 2 – 2005) dans un article intitulé: “Deux femmes poètes jusqu’au bout des mots: Anne Bonhomme et Rose-Marie François”.