Textes
Sur un vers d'Ovide
quidquid tentabam dicere versus erat
Ovide (Tristes, IV, 10, 26)
Pourquoi ne pas écrire en vers, même une lettre ?
Ce ne serait pas là pécher par vvanité,
Par désir de flatter, de plaire, de paraître,
Ni pour tourner le dos à la simplicité,
Ni pour vouloir entrer au jardin des poètes,
Prétendre à des lauriers dont je n'ai nul souci,
Suivre le jeune Ovide, imiter des esthètes
Que le culte du beau poussait à faire ainsi.
C'est parce que le vers, de même qu'une plante
Se relève au soleil quand il est de retour,
Monte aussi vers la vie en sa phrase qui chante
Et qui loin des bas-fonds veut saluer le jour.
S'il ne peut exister que nourri de lumière,
Il faut penser aussi, en contemplant l'azur,
A ce que l'air du ciel au-dessus de la terre
Représente toujours de limpide et pur.
Et c'est pourquoi le vers, enfanté sur les cimes,
Peut exprimer le mieux ce besoin d'idéal
Qui, fait de nos espoirs, de nos élans intimes,
Reflète notre esprit sur une eau de cristal.
extrait de Mais étroite est la porte