René Blieck est né le 1er mai 1910 à Bruxelles. Il fait des études de droit à l'Université Libre de Bruxelles. Poète et éminent personnage communiste, il est arrêté, le 22 Juin 1941, par la Gestapo quand les Allemands envahissent l’URSS. Après le camp de Breendonk, il est déporté vers Neuengamme. Il périt pendant l’évacuation du camp lorsque le bateau de transport, le "Cap Arcona", sombre dans la baie de Lübeck, en 1945.
Le « Parti » comptait, en Belgique, lors de l’occupation allemande, dix mille membres. Les nazis en ont jeté cinq mille au bagne, tué deux mille. Parmi ces membres, il y avait à Bruxelles, dix avocats. Les nazis en ont jeté sept au bagne, tué cinq. Parmi eux, René Blieck, né le 1er mai 1910 et qui, à 30 ans, avait déjà derrière lui 15 ans de luttes : aux Étudiants Marxistes, au Comité de Vigilance des Intellectuels Antifascistes, au Rassemblement Universel pour la Paix, dans les campagnes électorales, à la rédaction du Drapeau Rouge, de la Voix du Peuple et du journal français « Ce soir ». « Camarade, ta femme essaie la joie… camarade, la vie nous peuple ! ». Dans l’été qui précéda son arrestation, on avait pu le voir, au bras de « L.B. » poussant dans la campagne brabançonne, une petite voiture d’enfant. Toute cette route, il l’avait semée de chansons.
Le 22 juin 1941, quand il fut arraché à son travail de guerre, sa jeune femme lui dit : « Maintenant, il faut que je fasse le travail de deux ». Et tandis qu’au camp de torture de Breendonck d’abord, au camp de concentration de Neuengamme ensuite, sous les coups, dans le froid, la faim, l’épuisement, rayonnait la certitude généreuse, la solidarité tranquille, la voix chaude de René Blieck, au pays « L.B. » faisait le travail de deux.
Pierrot, assis sur le plancher, grimpait sur les pieds des conjurés, interrompait leurs graves propos, leur mettait en mains ses images. Quand on sonnait à la porte de la maison, Pierrot dressait la tête, lâchait son jeu, criait « papa » ?
Pendant quatre ans, chaque fois qu’on sonna à la porte de la maison.
(…) 3 mai 1945 après-midi. Le Cap Arcona et le Thielbeck (baie de Lübeck) prennent feu. Leurs flancs s’ouvrent. Ils s’enfoncent. Des hommes surnagent. Les S.S. les mitraillent. Huit mille noyés. Cinq jours avant la capitulation.
Extrait d’une note bibliographique par Jean Fonteyne. In : Blieck, René. Poèmes : 1937-1944. Les Écrivains Réunis, 1954.