sa BINOT Luce - Maison de la poésie et de la langue française de Namur

BINOT Luce

Biographie

Luce Binot, romaniste, a accompli une carrière complète de professeur de Lettres à l’Athénée Royal de Seraing. Dès 1970, elle commence à publier des poèmes où s’exprime un regard à la fois intime, spontané, érudit et subtil (on l’a qualifié de « franciscain » mais il est très loin de l’émerveillement naïf) porté sur la nature qui l’entoure. Elle contemple et aime surtout les fleurs simples des prés campagnards, pour lesquelles elle compose, au fil des recueils, un imposant herbier. Dans ce registre, l’achèvement le plus remarquable est atteint sans conteste dans La brunelle, texte enchevêtré dans une rêverie de Jean-Jacques Rousseau et confinant au surréalisme, illustré par André Wilkin (1977). Mais la sympathie de Luce Binot s’étend aussi aux petits animaux qui fréquentent ces prés (Poèmes pour un bestiaire, 1973 Trois renards, 1976).

A paru également, dans une toute autre veine cette fois, un recueil de courtes proses consacrées, entre 1983 et 1992, à des réflexions sur la vie quotidienne en milieu rural wallon (Mon Ardenne : Saisons et Souvenirs, 1993). Il se termine par quelques poèmes inédits complétant son herbier, et parmi lesquels un sonnet, Le colchique, ne le cède en rien à celui d’Apollinaire.

Bibliographie

À voix basse (La grisière, 1970)
Poèmes pour un bestiaire (St-Germain-des-Prés, « Miroir oblique », 1973)
Couleur du temps (Henry Fagne, 1973)
Villes (RmqS, Voûte Romane, 1973, H.C.)
Paroles pour un herbier (Bassac, « vers les bouvents », 1974)
Drosera (Prométhée, collection libre, 1974)
Trois renards
 (Quetzalcoatl, 1976)
Mémoire des villes (Prométhée, collection libre, 1975)
La brunelle (ill. A. Wilkin, Temps Mêlés, Yellow Now, 1977)
Mon Ardenne : Saisons et Souvenirs (J. Petitpas, Bomal, 1993)

Textes

La maison près du chemin de fer

Le noisetier le savait bien.
Le lilas ne voulait rien dire
Et les poules n’y songeaient guère.

Les groseilles vertes riaient.
La rhubarge dormait, tranquille.
Un dieu barbu coupait du bois.

La chélidoine seule avec
L’esprit orange qui l’habite,
Parfois nous avait mis en garde.

Car il passait contre la haie,
En plein jour, le dragon des haies,
Crachant ses flammes et sa colère.

(Couleurs du temps)