BINARD Thibaut

Portrait de BINARD Thibaut

Œuvres disponibles

Biographie

Thibaut Binard est né à Liège le 29/11/1980. Il s’est donné la mort en gare d’Angleur le 16/09/2005. Vous trouverez sur le site qui lui est dédié par sa famille tous les renseignements utiles à propos de ce jeune poète belge talentueux et trop tôt disparu.
http://www.binard.be/Thibaut/index.html

Bibliographie

Ses poèmes ont paru :

  • dans le numéro 1, mai 2001 de “Coucou”, pp. 7-9;
  • dans les numéros 3, 9 et 13 du la revue littéraire « Le Fram » (http://www.ulg.ac.be/publphl/lefram/);
  • dans «Le Journal des poètes» (hiver 2004) ;
  • dans «Chroniques critiques et errantes» (hiver 2004) ;
  • dans le bulletin d’information n° 45 novembre décembre 2005 de la «Société libre d’Emulation – Liège»

Publications:

  • Lancer!, Maëlstrom, Bruxelles, 2005.
  • Diagonal Doce, La Différence, Paris, 2008.

Textes

Toute histoire d’amour est histoire de découpage. Les ciseaux crochètent l’air et taillent le cylindre brut. On pose ses crampons aux endroits les plus propices, ce qui ne veut pas dire n’importe quel endroit, et les burins travaillent pour affûter la pente : passer avec un lasso les épines rocheuses peut se révéler un exercice amusant, ne pas négliger le paramètre de l’incertitude, quelques anfractuosités inexplorées sont requises. Par contre, des câbles doivent se tendre fermement et joindre des repères renforcés en acier, pas de mou, pas de mou, que les choses soient claires : l’échafaudage se doit d’être soutenu par des filins inébranlables. A côté de cet impératif, le matériau de certaines régions se révélera peut-être trop résistant ; ne vous obstinez pas à frapper sans relâche, rayer la dimension spatiale de votre esprit vous rendrait fou et faire semblant d’oublier ces zones d’ombres ne ferait que reporter le problème, songez plutôt à peindre, enduisez la surface récalcitrante d’azur ou de turquoise, une couleur qui fait du bien, la turquoise, et ainsi, camouflez, recouvrez, mimez, votre futur n’y verra que du feu. Les ailes de la cocotte en papier tremblent déjà imperceptiblement. Une vie avec des surprises et de l’humour est une vie réussie : ne manquez pas de disperser sur votre structure volumineuse quelques peaux de bananes, coussins qui font péter et autres ustensiles marrants, à nouveau des bons points de pris pour le futur idyllique vers lequel vous voguerez sur un radeau conjugal porté par la brise des meilleures dispositions.

 

Le soleil a léché tes yeux
Il les a attisés
Il leur a donné faim
Et une rangée de coquillages,
Comme un croissant dans la lune de tes lèvres,
Attend de s’ouvrir pour manger à son tour.
Quand ils sont vraiment invisibles,
Chacun raconte avec sa petite langue où il a échoué,
Le secret de tes longs cheveux noirs et bleus où le réel se cisaille
Celui de ton visage dont mon amour cherche très lentement la formule,
Le palmier busqué de ton dos, ta taille en os de poulet cuit et mariné pendant des générations.
Tout cela, les coquillages le disent avec naïveté et ferveur.
Restent les coquilles.
Tu as marché dessus en arrivant ici et pour être un peu plus, un peu mieux,
Je te suis et je suis ce fil de leurs fragments disséminés.

Commentaires

Toute histoire d’amour est histoire de découpage. Les ciseaux crochètent l’air et taillent le cylindre brut. On pose ses crampons aux endroits les plus propices, ce qui ne veut pas dire n’importe quel endroit, et les burins travaillent pour affûter la pente : passer avec un lasso les épines rocheuses peut se révéler un exercice amusant, ne pas négliger le paramètre de l’incertitude, quelques anfractuosités inexplorées sont requises. Par contre, des câbles doivent se tendre fermement et joindre des repères renforcés en acier, pas de mou, pas de mou, que les choses soient claires : l’échafaudage se doit d’être soutenu par des filins inébranlables. A côté de cet impératif, le matériau de certaines régions se révélera peut-être trop résistant ; ne vous obstinez pas à frapper sans relâche, rayer la dimension spatiale de votre esprit vous rendrait fou et faire semblant d’oublier ces zones d’ombres ne ferait que reporter le problème, songez plutôt à peindre, enduisez la surface récalcitrante d’azur ou de turquoise, une couleur qui fait du bien, la turquoise, et ainsi, camouflez, recouvrez, mimez, votre futur n’y verra que du feu. Les ailes de la cocotte en papier tremblent déjà imperceptiblement. Une vie avec des surprises et de l’humour est une vie réussie : ne manquez pas de disperser sur votre structure volumineuse quelques peaux de bananes, coussins qui font péter et autres ustensiles marrants, à nouveau des bons points de pris pour le futur idyllique vers lequel vous voguerez sur un radeau conjugal porté par la brise des meilleures dispositions.