Toute histoire d’amour est histoire de découpage. Les ciseaux crochètent l’air et taillent le cylindre brut. On pose ses crampons aux endroits les plus propices, ce qui ne veut pas dire n’importe quel endroit, et les burins travaillent pour affûter la pente : passer avec un lasso les épines rocheuses peut se révéler un exercice amusant, ne pas négliger le paramètre de l’incertitude, quelques anfractuosités inexplorées sont requises. Par contre, des câbles doivent se tendre fermement et joindre des repères renforcés en acier, pas de mou, pas de mou, que les choses soient claires : l’échafaudage se doit d’être soutenu par des filins inébranlables. A côté de cet impératif, le matériau de certaines régions se révélera peut-être trop résistant ; ne vous obstinez pas à frapper sans relâche, rayer la dimension spatiale de votre esprit vous rendrait fou et faire semblant d’oublier ces zones d’ombres ne ferait que reporter le problème, songez plutôt à peindre, enduisez la surface récalcitrante d’azur ou de turquoise, une couleur qui fait du bien, la turquoise, et ainsi, camouflez, recouvrez, mimez, votre futur n’y verra que du feu. Les ailes de la cocotte en papier tremblent déjà imperceptiblement. Une vie avec des surprises et de l’humour est une vie réussie : ne manquez pas de disperser sur votre structure volumineuse quelques peaux de bananes, coussins qui font péter et autres ustensiles marrants, à nouveau des bons points de pris pour le futur idyllique vers lequel vous voguerez sur un radeau conjugal porté par la brise des meilleures dispositions.