sa
Féerie
Des parcelles d'argent ondulent sur les branches :
Quelque fée aurait-elle en passant là, le soir
Effleuré le grand bois de transparences blanches,
Et jeté son hermine en ce vert reposoir ?
Ou bien le joailler céleste a-t-il laissé
S'échapper à pleins bords de l'urne des étoiles
La nacre et le saphir dont Il sertit les moelles,
Pour en parer le front des forêts hérissé ?
Mais voyez : hâche en main, le bûcheron s'apprête
A briser les rameaux rutilants d'éclat vif :
Ah ! les coups douloureux, les coups que rien n'arr^te
Si ce n'est le dernier frisson du tronc massif... !
L'âme humaine est ainsi que l'arbre inondé d'astres :
Quand un rêve d'amour l'ensoleille, aussitôt
L'adversité lui livre un incessant assaut
Et, sinistre, la broie au fardeau des désastres !
extrait de Les diaphanes