Né à Saint-Ghislain le 18 mai 1946.
sa
Né à Saint-Ghislain le 18 mai 1946.
Livres
–Poésie :
-L’Annonce faite à la femme, suivi de Lettres à Ischah (2e édition incluant une Lettre du Philosophe Emmanuel Levinas adressée à l’auteur ; 1ère édition en 1977), Poèmes, éditions M.E.O., Bruxelles, 4 janvier 2016, 174 p.
–Philosophie :
–Éros et Infini, Tome I : Le monde, le sujet, le sens ; 221 p., Tome II : Le sens, le signe, l’éros du bien et du mal, 210 p., L’Harmattan, Paris, juin 2013
–La force et la magie du temps, 371p., Academia, Louvain-La-Neuve, 2024.
–Roman :
Tous les tombeaux sont vides, éditions Saint-Léger, Le Coudray-Macouard, parution en automne 2024
Articles :
–Se convertir à la parole in Communautés et Liturgie, éd. de Clerlande, 1982
–Dieu en Question, essai, Pierre-Paul Delvaux, Bolland, 2001, revue périodique Réseaux
–Extraits bibliques et commentaires de l’exposition L’Histoire Sainte vue par l’imagerie scolaire, 150 ans d’École publique à Andenne, Andenne, 2001
–Tsimtsoum, essai, Pierre-Paul Delvaux, Bolland, 2002, revue périodique Réseaux, n° 29
–Dieu, Tintin et Rabbi Aqiba, conversation autour de la question d’une herméneutique athée, 2006, Marc Alain Ouaknin avec Jean-Jacques Bailly, pour la Revue ah!, revue éthique esthétique, (Revue de l’Université de Bruxelles), édition cercle d’art, dirigée par Jacques Sojcher
–Sens et expérience du monde. Un questionnement de l’ontothéologie à partir d’une herméneutique du langage, en particulier de l’hébreu, Libro Anual n° 9 de l’ISEE (Instituto Superior de Estudios Ecclesiásticos), Mexico, 2009
–Au sujet de la vérité, Libro anual n° 11 de l’ISEE, Mexico, 2011
Revue :
– Le Billet d’Inematov, périodique de liaison des amis de l’hébreu, n°1-120 numéros entre 1990 et 2020; édition en espagnol (n° 64-97) ; en néerlandais (n° 27-52) ; en latin (n°30-36). www.infoinematov.net
Conférence-débat :
Débat sur Eros et Infini par Renaud Denuit avec Jean-Jacques Bailly (17 juin 2015, Association des écrivains Belges). www.youtube.com
Prix :
-Prix quinquennal international de Philosophie de l’Académie Royale de Belgique, 2016 (Prix Théodore De Paepe) pour Éros et Infini, TI et T. II.
ECLATS
Vois l’éclatante écorce se brise et le cri
les carreaux recueillis les fragiles repères.
Les verrous affolés à l’ombre des logis
craquent les noms sacrés demeures que j’abhorre
dessus la nuit percluse entre rouges panneaux.
Biffe ta croix sous tombe et mets l’horreur à l’aise
c’est l’étroite saison sous le porche ténu.
Ton temple coloquinte éventrée m’obsède
de cire rose et ronde exsangue cierge blanc.
Tel au ventre un falot que les rumeurs entraînent
mon âme coule ici je ne m’évade plus.
J’avance à petits pas sur ondes insonores
aux infinis brouillés entre les bris de bruits.
L’oeil et l’oreille adroitement la mort ils cochent.
A traverser le temps sans me noyer autant
c’est le christ éclaté que blafard je rassemble
entre les mots fleuris sur les replis d’instants.
Une indécise feuille en moi-même pioche.
Et l’infini s’étire en mon antre cueilli
au recueil du vitrage illuminé l’aurore.
Le temps s’écoule ici dessus les puits perdus
tel un sexe pourri qui ne tient ses étrennes.
Je cherche en vain ta paix sous l’angle des élans
à la faune du coeur et qui pleure et qui plaide.
Quand fourmillent aussi les innombrables nus
la langue effilochée à l’étreinte fournaise
quand a sué ma peine épuisé ses couteaux
demain s’engouffre encore et voici l’eelébore
sur les cailloux vernis que ton coeur a régis.
Lors mon cintre s’étale entre les bras du Père
au pan désamorcé des silences ouïs.
Publié le 2 janvier 2016 | Par Joseph Isabelle Fable Copyright © 2014 AREAW :
Le recueil comporte deux parties, dont la deuxième, Lettres à Ischah, est en fait la plus ancienne, et de beaucoup. L’annonce faite à la femme se présente comme une ode à l’amour et à la femme qui l’inspire, l’amour avec ses vagues, douces ou tumultueuses, ses hauts, ses bas, son éternité sans cesse renouvelée, toujours semblable et différente, « le défi d’un haut vol » car l’amour est difficile mais tellement gratifiant si on veut en assumer tous les aspects, de « ce puits d’attente où se fend l’univers ». Image et musique scandent la progression sacrée des amants. Chaque petit texte de quelques lignes est une perle du collier d’amour et peut se lire isolément, les perles se succèdent et s’entrechoquent sans se nuire. Prendre le temps de savourer l’instant, contrer le temps qui passe et conserver toujours la passion, malgré les « venins de sang noir » qui quelquefois paraissent. La pudeur est bannie, l’amour est noble, le corps peut être exposé et chanté, toute intimité portée aux nues pour rejoindre celle de tous les amants du monde et célébrer « le splendide éros ». Comme il s’abandonne aux délices et délires de l’amour, l’auteur s’abandonne aux mots. Le vécu est sublimé et l’idéal survole le quotidien du couple. Tout est permis, tout peut se dire et s’écrire.
« Je suis au cœur de ta solitude / comme la déchirure du temple. / Ma coupe déborde dans les réserves évanescentes du temps et les abysses qui s’ouvrent. // Tu livres à la contemplation / tes grottes souterraines / où la vie se conjure. // Ton impudeur tranquille est la mesure du respect. »
La deuxième partie, Lettes à Ischah, se présente, quant à elle, en un flot continu, page après page, telle une rivière de mots, dont le cours peut paraître plus nébuleux à la lecture et appelle explication. L’auteur est érudit, diplômé de Droit, de Philosophie, de Sciences Religieuses et d’Orientalisme, professeur de religion, d’hébreu et de philosophie. Ce texte a été écrit au Zaïre quarante ans avant L’annonce faite à la femme. L’auteur nous en dit qu’ « au départ, c‘est une lettre d’amour » et parle d’un écrit « sauvage ». Il apparaît cependant comme très élaboré et le contenu en est riche et complexe. Laissons parler l’auteur : « Dans mon esprit la forme en a surgi d’un trait : 3.000 vers de 6 pieds, 100 morceaux de 30 vers décomposables en 5 strophes, alternance de rimes masculines et féminines, jeu de rimes croisées et plates. En réalité, c’est une recherche rythmique syntaxique d’un type de réflexion procédant par images ponctuelles ou associées. J’ai tenté de produire un effet linguistique à partir de formes grammatologiques que je crois avoir intuitionnées dans d’autres langues comme le chinois, l’hébreux [il n’y a pas d’hébreu mais des hébreux. Felix culpa ! ] le swahili, afin de faire éclater, dans tous les sens du terme, les potentialités langagières du français.[…] Pousser une langue à ses limites dans l’espoir d’y toucher l’absolu d’une expérience. C’est encore du français et c’est déjà presque une autre langue par surimpression de styles et de génies linguistiques. […] J’ai écrit en langues. Il s’agissait de ne parler que du visible imprononçable. […] D’où de prime abord, l’étrangeté, peut-être la difficulté.» Ainsi avertis, nous voilà peut-être mieux à même de saisir la poésie de ce langage particulier, même si la plupart d’entre nous n’ont guère de connaissances en chinois, hébreu, avec ou sans x, ou swahili… Reste à se laisser déconcerter et charmer par l’originalité du propos, se laisser dériver sans pagaie…
« Tu pars. En cette brèche / a pu s’épancher l’eau / des digressions sèches. / Que planent un halo, / comme des feux tes cintres. / Le velours de ces peintres / que les lignes ont bu. / Je me tiens à la barre / entre les points perdus. / En les cieux qui s’amarrent / à l’angle du ciel pur. Noir jaune c’est le dur / épais long gouffre ignoble, / à l’ombre des enclos. / Suffisent les vignobles, / je me tiens les yeux clos / et touche les ruelles. / A la main l’écuelle.
Nous laisserons le mot de la fin à l’auteur, qui écrit à Monique Thomassettie, responsable de la collection Poésie des éditions M.E.O.: « Mon projet conscient était, au niveau du style, de réaliser une déconstruction et quelque chose de neuf autant que possible. ».
————————————————————————————————-
Michèle Duclos, Temporel, revue littéraire et artistique, 23 avril 2016 : Jean-Jacques Bailly, L’Annonce Faite A La Femme suivi de Lettres à Ischah, poèmes. Bruxelles : M.E.0., 2016.
Des deux parties qui composent le recueil, la seconde, Lettres à Ischah, Poème, ici proposée en seconde édition, est antérieure d’une quarantaine d’années à la première, également un long poème. Le poète présente le premier, tout récent poème, L’Annonce Faite A La Femme, comme « un chant d’amour original (…) une pénétration de la splendeur de l’éros ». Qui prend une dimension cosmique : « Je me suis livré à l’absence infinie. / J’ai scruté l’accord des cieux et de la terre/ avant de t’étreindre. » « Ta robe transparente/est le reflet du ciel ». Et même religieuse : « Tu saisis ma verge/ et doucement tu l’élèves/ comme un cierge pascal/ l’icône du ressuscité/ où je me ramifie. »
Lettres à Ischah est composé d’un seul tenant, de vers rimés ou assonancés de six syllabes à la prosodie voulue stricte par l’auteur.
Moins explicite, moins directement érotique, plus ésotérique et dans une langue plus érudite dans Lettres à Ischah (Ishah signifie femme en hébreu, dit wikipedia), c’est toujours l’amour fou qui triomphe : « Tu dégageais des flores/ et des atours recuits/ de sentences sonores/ et la terre tournait/ c’était bien au chevet/des enfants sans mémoire/ issus d’eucalyptus. » Jean-Jacques Bailly est un personnage inhabituel, grand voyageur et linguiste grand lettré professeur d’hébreu et de philosophie, d’où la lettre d’accompagnement du philosophe Emmanuel Levinas pour Lettres à Ischah, poèmes. Il est également l’illustrateur de la couverture du livre, qui illustre avec des couleurs vives cette passion érotique joyeuse.