La conscience
J’étais avec ceux-là, dans la foule anonyme,
qui te voulait du mal et se moquait de toi,
lorsque, par les chemins, tu trimbalais ta croix,
meurtrissant ton dos nu du poids de tout nos crimes.
Ce lâche renégat qui te suivait partout,
ce Judas retranché dans son hypocrisie
et cet autre salaud qui te donnait des coups,
c’était moi, toujours moi, avec ma fourberie !
J’étais à Amsterdam, quand d’infâme gardiens,
arrachant Anne Franck au seuil de l’espérence,
la livraient sans vergogne à mes frères prussiens.
J’étais ce bourreau-là qui torturait les tiens,
à Dachau, où leurs corps étaient jetés aux chiens,
déchirés par ma haine…ou mon indifférence !
Révolte
Je sacre à tout les vents, je maudis, je blasphème :
le carnaval des cieux me remplit de dégoût,
je ne crais plus ni Dieu, ni son divin courroux
et je ne porte plus le cendre des carêmes.
Confesseurs, capucins, Zélateurs et dévots,
ces rêveurs d’absolu, le diable les emporte !
J’ai chassé de mon seuil le troupeau des bigots,
je ne veux plus les voir, je leur ferme la porte.
J’étais un enfant sage, et mes regards timides
scrutaient, sans se lasser, l’immensité de vide,
cherchant un créateur au sein de l’infini.
Je me suis révolté contre l’être suprême,
je veux dorénavant me gouverner moi-même.
L’oeil qui traquait Caïn ne trouble plus mes nuits…
Extrait de Carmina Tervinga