sa ANDRE Lucien - Maison de la poésie et de la langue française de Namur

ANDRE Lucien

Œuvres disponibles à la consultation

Bibliographie

  • Le joueur de guitare.
  • Le roman partisan, chants lyriques.
  • Chanson pour Naussica, Les Cahiers de la Poésie Nouvelle, Namur, 1950.
  • Sept pensées pour Nausicaa suivies de Légendes.
  • Poèmes réalisables
  • Sous le signe du printemps
  • Poèmes réalisés
  • Le jour succède à la nuit, 3ème prix Auguste Marin, 1950.
  • Le temps des cerises, Ed. À mauvais temps, bon coeur.
  • Visages ouverts.
  • Trente-deux poèmes de guerre et d' amour, Ed. du Cercle Littéraire de l'U.L.B., 1946.
  • Anthologie de la paix des jeunes Poètes français de Belgique, Les cahiers de la Poésie Nouvelle, Namur, 1950.
  • Le pain partagé, Prix Max Rose 1952, Editions du C.E.L.F., 1953
  • Le jeu de l'aube, Editions La Dryade, 1965.
  • Agenda volontaire (Fragments), Polycopié, 1979.

Théâtre de marionnettes

  • Inauguration sur un thème proposé par Fils et Formes
  • Le prisonnier qui chantait
  • La raison du plus fort, Canevas pour la Compagnie des Frères Guignol
  • Adaptation de la grande tragédie de la nativité

Contes

  • L'histoire de la petite graine, dont un canevas pour marionnettes a été réalisé par Marianne Dedecker.
  • Ce que m' a dit le fils du vigneron.


Participation aux anthologies

  • Trente-deux Poèmes de Guerre et  d'Amour, Editions du Cercle Littéraire de l'Université de Bruxelles, 1946.
  • Anthologie de la Paix des Jeunes Poètes français de Belgique, 1950.

Textes

Les enfants d'Hiroshima

À Christiane et Maurice Grosjean, pour Marc


morts d'un coup
plus vite que tombe l'épée
plus drus que mitraille la grêle
plus atterrrés que se fracasse l'farbre abattu
plus lamentables que fauche la faux...
les enfants d'Hiroshima
c'est le massacre d'après Noël recommencé
encore une fois - une fois de plus

Il n'y a pas de commune mesure
Les bienheureux assassinés d'Hiroshima
sont de la poudre - de la poussière d'ange
Ils sont les corolles décolorées - la garde montante
la rosée d'honneur

Mais où est né - cette fois - l'enfant ?

A chaque miche rompue
à chaque gorgée bue - là
se lit peut-être la commune mesure

L'ombre qui a perdu son homme
les hommes - les femmes vivent comme ils peuvent
Ils portent le poids de leurs pêchés - de leur misère
comme ils peuvent - et rien de plus

Il n'y a pas de commune mesure :
l'amour n'a que le poids de l'amour

Comment s'y retrouver lorsqu'une seule brebis
peut valoir cent brebis ?
je n'ai qu'à regarder - je n'ai rien à comprendre
Mais l'enraciner dans la tere - cet arbre de guérison
- voilà ma première part

Les enfants d'Hiroshima
les rescapés - les vivvants
ceux qui ont survécu
ne fût-ce qu'une petite seconde - une infime partie
un atome du temps
et ceux qui meurent tous les jours
d'une mort que le Monstre lui-même n'avait pu imaginer
une vie qui n'est pas la mort -une mort qui n'est plus
la mort

Les enfants d'Hiroshima
sont revenus du plus profond du péchcé
du plus horrible de l'horreur
de la plus froide de toutes les brûlures
et ce n'était pas leur péché
mais celui des hommes
le mien - le nôtre - il faut le dire

Je ne revendique pas les cendres des lamentations
ni les pleurs
ni les moignons des désolations
les enfants d'Hiroshima n'en ont nul besoin

il n'est pas de commune mesure
- ceci est ma seconde part

Que la tristessse - plus penchée qu'une tête au désespoir
soit comme un chat immobile
toujours - partout
dans le confort monstrueux de nos habitudes
dans le sillage de nos pas répétés
jour après jour

Cela ne sera rien - je le redis :
il n'est pas de commune messure

Les enfants d'Hiroshima
ne sont plus les enfants d'avant Hiroshima

Ouvrez vos seuils comme un coeur de roucouleuse tourterelle
démurez les sources
donnez à manger à ceux qui ont faim
buvez le fond des yeux
replantez les forêts grillées au napalm
chassez le loup des maquis de l'homme

Le monde n'est pas à détruire
il est à connaître - à construire

Ce sera ma dernière part
- notre part commune :

le chemin d'un incompréhensible Amour

Extrait de "Le jeu de l'aube" (première édition dans "Le Pain partagé", prix Max Rose).