ALZIN Josse

Biographie

Pseudonyme littéraire de l’Abbé Joseph-Adolphe Alzinger.

Né à Aubange (Lorraine belge) le 4 février 1899. Humanités au Collège Saint-Joseph à Virton. Philosophie et Théologie aux Séminaires de Bastogne et Namur. Ordonné prêtre en 1925.

Successivement professeur, curé, aumônier, d’œuvres de jeunesse, journaliste, collaborateur de revues.

Chroniqueur à la radio (radio-catholique-belge) depuis 1935.

Aumônier des maquis du Sud du Luxembourg, fondateur d’un petit journal clandestin, arrêté par la Gestapo en 1944, interné en prison à Arlon et au camp de concentration de Neuengamme (Hambourg), grand invalide par suite de cette captivité.

A publié, de 1925 à 1935, sous le nom de Pélican noir, de nombreux ouvrages, biographiques et autres mettant en relief la signification spirituelle de l’aventure des hommes de notre temps.

A effectué des séjours prolongés en Israël et s’est fait le chroniqueur de la prodigieuse et double aventure d’un peuple que Dieu s’est choisi et que les hommes voient ressusciter sur la terre aux miracles.

Membre fondateur des Amitiés Belgo-Israéliennes.

Traducteur de nombreux ouvrages pour les Éditions Marabout, Desclée, Seghers, Casterman, ...

Habitait Tournai depuis 1948.

Décédé le 15 juin 1978 à Tournai.
 
Source : Service du Livre Luxembourgeois

Bibliographie

            Poèmes :

  • La soif du pèlerin, sous le pseudonyme de Francis Delvaux, Éd. Iris, Verviers, 1938 (épuisé).
  • La crèche aux merveilles, Éd. Maison du Poète, Bruxelles, 1940 (épuisé).
  • L’Écume des coeurs, roman, Éd. Durendal, Bruxelles, 1938 (épuisé).
  • Ce rien miraculeux, Éd. C.E.L.F., Bruxelles, 1950. Rééd. Éd. La Dryade, Virton, 1977.
  • Le semblable, préface par Armand Bernier, Éd. L’Avant-Poste, Bruxelles, 1950.
      Réflexions spirituelles :
  • Les buissons ardents, préface par Pierre l’Hermite, Éd. Casterman, Tournai, 1935 (épuisé).   Biographies:
  • On dirait des saints, sous le pseudonyme de Francis Delvaux, Éd. Bloud et Gay, Paris, 1939 (épuisé).
  • Léon Leloir, Éd. Beyaert, Bruges, 1948 (épuisé).
  • Ce petit moine dangereux, biographie et mort en déportation de T. Brandsma, Éd. Bonne Presse, Paris, 1949. Traduit en 4 langues.
  • Le Petit Curé, un saint moderne, Éd. Salvador, Mulhouse, 1950.
  • 75 ans de joie impossible à cacher, biographie d’un jésuite allemand en renom de sainteté, Éd. Ignatiushaus, Trêves, 1975.

    Essais :
  • Un saint de la banque : Jérôme Gaegen, sous le pseudonyme de Francis Delvaux, Éd. Beyaert, Bruges, 1940 (épuisé).
  • Tous les jours soleil, Éd. Beyaert, Bruxelles, 1941.
  • Prêtres de Dieu livrés aux bêtes et au feu, Éd. Le Rendez-vous, Marchienne-au-Pont, 1941.
    Romans :
  • La prison qui s’ouvre, sous le pseudonyme de Francis Delvaux, Éd. Revue Mondiale, Paris, 1932.
  • La mine à tué, sous le pseudonyme de Francis Delvaux, Éd. Spes, Paris, 1935.
  • Tant qu’il fait jour..., Éd. Durendal, Bruxelles, 1944.
  • Cœur au bagne, Éd. Le Rendez-vous, Marchienne-au-Pont, 1947.

    Divers :
  • Jésus Christ, Éd. Begaert, Bruges, 1940.
  • Tous les jours paix. Tous les jours avec lui. Tous les jours conquête, Éd. Begaert, Bruges, 1943-1944. Version néerlandaise de 1946-1947.
  • Ma victoire. Ma sainteté, deux volumes, Éd. Begaert, Bruges, 1945.
  • Mon curé chez les Nazis, reportage, souvenirs de captivité, Éd. Fasbender, Arlon, 1946 (épuisé). Traduction néerlandaise par Gaston de Mey, 1946.
  • Le bréviaire du pèlerin, Éd. Maredsous, 1946.
  • Mes hauts chants, Éd. Begaert, Bruges, 1946.
  • Slot dans le ciel, Éd. Mimosa, Anvers; coll. Lavigerie, Namur, 1946.
  • Martyrologue 40-45 (prêtres belges et luxembourgeois martyrs des camps nazis), Éd. Fasbender, Arlon, 1948 (épuisé).
  • Les douze paradis naturels de Belgique... L’automne aux trésors... L’hiver mystérieuse... Le clair printemps... L’Été flamboyant, 4 volumes, Ministère de la Défense Nationale, Bruxelles, 1949-1950. Version néerlandaise. Rééd. Éd. ... militaire, Bruxelles, 1960.
  • Le fils de Marie, vie de Jésus, Éd. Bourdeaux, Dinant, 1950 (épuisé). Traduit en espagnol, anglais, portugais.
  • Voici venus les jours du prêtre, méditations sacerdotales modernes, Éd. Spes, Paris, 1951. Traduit en plusieurs langues.
  • Le livre de ma joie, toutes les paroles de l’Ecriture sur la joie, Éd. Spes, Paris, 1952 (épuisé).
  • Jésus incognito (les prêtres ouvriers), Éd. Téqui, Paris, 1954.
  • La double aventure d’Israël, reportage sur Israël, peuple et nation, Éd. Soleil Levant, Namur, 1960.
  • Les 12 paradis naturels en Belgique, livres de nature, 4 brochures, 1950, rééditées aux Éd. Cartographie Militaire, Bruxelles, 1960.
  • Juifs et Chrétiens en dialogue, dictionnaire des principaux termes juifs et chrétiens, Éd. Spes, Paris, 1966.
  • Lettres à tous les prêtres de la terre, au sujet de la crise des prêtres dans l’Eglise, Éd. Bourdeaux, Dinant, et chez l’auteur, 1976.

    Principales collaborations :
  • La Revue Nationale, 1936-1938.
  • Treize écrivains de la Revue Nationale, 1938.
  • Temps présents, Iris, Rex, Dimanche, La Dryade, Anthologie des Poètes français de la Province de Luxembourg, par J.J. Van Dooren, 1939.
  • La Cité Chrétienne, avant 1945.
  • L’Avant Poste, de 1945 à 1950.

    Ouvrages à consulter :
  • Géographie littéraire du Laby, par J. Goffinet, 1942.
  • Les écrivains contemporains de langue française, par C. Hanlet, 1946.
  • Répertoire bibliographique de l’Association des Écrivains belges, de 1966 à 1972.

    Source : Le Service du Livre Luxembourgeois

 

Textes

Est-il vrai qu'on n'a plus de langage entre frères ?

Avant le premier jour fut la parole ;
au jour du commencement il y eut le verbe ;
le verbe était l'amour.
Sans les psaumes de sève jusqu'à l' aubier du coeur
et sans les aubes de douceur
pour lécher les nuits jusqu'au bout,
les arbres d'amitié meurent debout.
L'état primordial du monde était l'état d'amour.
Où est la langue originelle
qui faisait se retourner les anges ?
Je sais que seuls seraient habilités
pour la faire encore bruire
tous ceux qui l'ont fait naître
aux jours sylvestres,
où bourgeonnait l'amour sur toute lèvre.
Langue qui fut de peine et de lumière,
d'espoir, de sang, d'amour...
Le coeur pouvait inventer tous les mots
et le verbe les pouvait dire...
C'était l'appel d'un chant divin
au beau courage du matin.
Hélas, au premier jour du mal et de la mort,
s'arrogea tous les droits l'autre verbe
et depuis lors
on a tout oublié de la langue si pure.
Les signes mêmes sont dégradés,
comme s'égarent les mouettes des souvenirs.
S'ils étaient là encore,
ceux qui la firent verte,
ils pourraient renflouer cette langue obérée.
Un vertige d'espoir ferait se rassembler la terre...
Tout mot, comme un peu d'eau, reflèterait le ciel...
Entre peur et amour, les coeurs feraient la chaîne,
comme des sols d'avril qui attendent leur graine...
Un soleil brillerait
de l'intérieur du monde
et de prunelle d'homme à prunelle d'homme
et jusqu'aux vallons d'astres,
s'échangeraient sans fin les tendresses des mondes.
Les semences de joie
ne s'étoufferaient plus aux ronces du langage...
Tout dialogue pourrait nous enrichir
grâce à d'invisibles perles...
La terre perdrait enfin
ses yeux de couvre-feu maudit.

Je dis :
Les hommes fraternels sont la santé du monde
et l'amitié est un métier de dieu.

Je rêve...
sur l'abîme suprême, un bleu inespéré
enchanterait la peur...
Le dire fraternel pourrait renaître
et sauver l'univers.
Les sirènes de la défiance
feraient silence
et les rocs du mépris se joindraient pour la louange...
Ensuite, peu à peu, se hausserait le chant,
un chant d'ailleurs, de premier jour,
si clair que tous les êtres à l'écoute
sauraient capter les mots au toit de tous les coeurs
et déceler l'horizon neuf des paupières...
Si la langue est perdue qui engendra l'amour,
c'est à l'amour qui mue à retrouver son verbe.
Sommes-nous de la Plaie
depuis qu'un soir la parabole
abreuva le blessé
entre Jérusalem et Jéricho,
au coupe-gorge ourlé de blés ?
On voyait progresser la fraîcheur de l'azur
et le monde fiancé pur
partait de la ville divine,
laissant aux daims la source à la verte origine.
Depuis, la route est criminelle.
La flamme de tout le fer tiré du sol
2pousa tous les jours le feu tombant du ciel,
Tandis que s'enfantaient toutes les rouges nuits...
Alors on entendit
la terre de Caïn crier aux derniers temps :
C'est écrit désormais sur mon pôle :
tout l'univers vacillera ;
aucun enfant ne glanera
la joie aux blés coupés de Booz.
Qui rendra coeur à l'avenir
s'il veut et se voit toujours seul devant lui ?
Bientôt d'étrange mages,
comme des rois pour les défaites,
jetteront toute paix vers l'étable des leurres;
Bientôt tous les mots n'auront plus de demeures.
Bientôt au vent de nos étés,
au lieu d'un goût de mûres,
ne sera suspendu qu'une saveur de guerre...

Mais peut-être
que le monde mourant dort
et que va poindre, à sa fenêtre,
une aurore
qu'ont méritée tous les peuples d'agneaux !...
Ma terre prie :
" Père, le soir est bagne
et tous mes pauvres crient. "
La charité, pourtant, tenait dans une paume,
comme un jeton pour le royaume...
Blessés, br^lés, pendus et affamés,
enchaînés, égorgés, torturés...
Dieu fait homme aura-t-il tant saigné
que les hommes faits dieux ?

Nous sommes seuls soudainement
quand " l'autre " n'est plus là, en nous,
à se chercher dans l'inconnu
ou à se trouver reconnu.
Comme un parfum s'échappe au vent,
nous n'avons plus rien échangé
que rêves trop figés
en des ogives non étoilées.£
Il faut retrouver les hauts chants ;
il faut désapprendre la peur,
cimenter tout avec le sang
baignant les mots venant du coeur.

Je dis :
 A l'aubier rouge de nos guerres
on pourra demain calculer l'âge de notre terre.
Ah! combien meurent tous les jours,
faute d'épaule pour l'amour !

Je déclare :
Faute d'une langue de frères,
faute de cette musique de mystère
entre les êtres, entre les peuples,
le déroulement de la vie
à chaque heure, fait oeuvre de vautour.
Ce ne sont qu ' eaux glacées de minuit,
sans aube ni soleil ;
on ne se connaît plus pareils...
Mille et mille êtres marchent, silencieux,
sans nulle gemme au bord des yeux,
sans nulle étoile au fond des coeurs.

Je dis :
Le langage perdu : un sentier clair et oublié,
réservé à quelques isolés,
des héros et des saints, anges de la fraternité.
Pour étoiler notre grand soir,
eux seuls ont le pouvoir
d'échanger notre temps d'échéances en temps de l'espérance.

Je dis :
Aux balances des derniers jours,
tout coeur humain
ne doit peser qu'un poids d'amour.

Extrait de Ce rien miraculeux