Un inconnu pèle une orange
Dans un wagon plein de dormeurs
Où l’aube, sur les faces blanches,
Avec le réveil des douleurs
Fait flotter des spectres de branches.
Quelle soif veut-il apaiser
Avec ce fruit à pulpe d’or
Et quelle nuit a-t-il vécu
Pour garder sur ses lèvres minces
Une soif aussi déchirante ?
L’écorce aux saveurs inconnues
Donne aux doigts durs tous ses trésors :
Regret des Iles défendues ,
Soleil, ciel calme et dans un port
Une foule sans cesse accrue.
Dans les songes des dormeurs
Il vogue des formes brumeuses ;
L’orange en colore le fond
Et dans un sable aux ombres blondes
Les fontaines onr leur fraîcheur .
… C’est un jardin près d’une mer
Où l’aube n’est jamais livide
C’est un jardin plein de silence
Plus éternel mais plus lointain
Que le jardin de notre enfance …
extrait de Petits commerces