WELLENS Josée

Chaque jour modifie mon coeur

Chaque jour modifie mon coeur selon tes exigences
J'invente les chants assermentés perçus par ton silence.
Ecoute ce printemps qui ne veut pas mourrir
S'épanouir en rutilantes cathédrales.
Irisé du couchant, mon amour t'y reçoit
Flambeau d'insoutenable fidélité.

Ne me regarde pas comme une soeur de pénitence,
Je suis à visage rigide, un sanglot d'amère espérance.
Je me trouble à la perte de ton sourire
Je n'ai qu'un peu de temps pour vivre tes extases.
Ne me regarde pas comme une herbe insignifiante,
Le prix de ce qui chante a sa limite inscrit dans le ciel.
Je te suis un fardeau pesant à t'étourdir.
Je marche sur les mains à battements désabusés.

Tu m'as donné asile aux heures des ténèbres,
Ne m'envoie pas si tôt par les chemins glissants.
Je me repose encore à l'ombre de ton coeur,
Je reprends mon souffle à longues bouffées
Je n'ai qu'un peu de temps pour m'asseoir au bord de ton mystère.

Madeleine

Souvenir de ce temps-là où les jardins riaient aux anges
Elle dansait parmi les fleurs.
Es-tu Madeleine la Flamme, cheveus ardents sur les pâles matins ?
Le sacrilège amour a chifonné ta transparence,
Madeleine au coeur fauve et qui chantait si grave.

Le temps t'a dévêtue, ombrageuse vierge folle,
Je ne peux plus souffrir l'horreur de ton visage.
L'amour qui transfigure ou blesse ou dévalue,
Madeleine la Flamme naufragée.

Celle qui vit en son corps décharné n'est qu'un froid masque et rien,
Non rien de plus,
Une ombre fugitive, Madeleine la Flamme,
Danseuse de soleil, adolescent frisson,
Madeleine perdue corps et biens par les lents boulevards de la nuit.

Pêcheurs de fins joyaux, j'en appelle à vous tous,
Dans les galions se cache l'or des mortes traversées.
J'implore et je supplie, merci pour Madeleine.
Je revendique à ciel ouvert, ses droits par le Sang rachetés.

Extraits de Le sel et l'eau