- Les sept chants de la Plénitude et de la Fin, Léopoldville, Union africaine des arts et des lettres, 1953.
- L’illumination du cœur, Éditions traditionnelles, 1977.
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J’ai regardé Ta Face
J’ai regardé Ta Face souillée de baves
Ta Face meurtrie et pleine de crachats,
Il y avait des tumeurs sur ton front, sur tes pommettes,
Et tes yeux rouges n’avaient plus la force de se lever.
Et le peuple était là, et les sénateurs avec des moqueries agréables,
Ils disaient: il a sauvé les autres, qu’il se sauve s’il est Dieu!
Les soldats t’insultaient et te présentaient du vinaigre,
Dans une éponge, au bout d’un long bâton,
Et le mauvais larron avait la bouche d’un long bâton,
Tous ils disaient: Sauve-toi toi même, Juif, si tu es Dieu!
Et toi que contemplaient des myriades de cohortes d’Anges,
Toi, Grand-Prêtre et Monarque de toute création,
Tu inclinas ta tête sur ton sein, et il y eut un silence
Et tout demeura suspendu un long moment:
C’était alors environ la sixième heure,
Et les ténèbres sur la terre se répandaient.
Soudain, tout fut obscur. Le voile du Temple
Fut déchiré par le milieu, du haut en bas;
Tu poussas un grand cri, tu appelas ton Père,
Tu remis ton âme parfaite entre ses mains,
Et puis tu expiras, dans le silence rogue…
André Allard est né à Paris le 3 décembre 1913. Il est le fils du peintre Fernand Allard l’Olivier, qui avait à cette époque son atelier à Montmartre, et de Juliette Rossignol. Tandis que le peintre, d’origine tournaisienne, doit pendant la guerre 14-18 revenir en Belgique où il est attaché aux services artistiques de l’armée, le jeune André grandit à Paris auprès de sa mère. Une petite sœur naît en 1917. Peu après la fin de la guerre, la famille déménage pour s’installer dans la banlieue de Bruxelles. Les deux enfants reçoivent une éducation laïque.
En 1933, le peintre meurt accidentellement alors qu’il achève un deuxième voyage de plusieurs mois au Congo belge. André Allard doit alors interrompre ses études afin de subvenir aux besoins de la famille. Parallèlement, il commence à fréquenter les cercles littéraires bruxellois, se lie d’amitié avec le poète Norge, et publie des poèmes, des nouvelles ainsi qu’une pièce de théâtre (Pintazim, 1936) qu’il signe en reprenant le pseudonyme d’artiste de son père.
En 1935, sa vie est bouleversée par un événement intérieur qui aura des répercussions déterminantes sur tout le reste de son existence. A la suite d’une période de crise qui dure près de quatre ans, il finit par demander le baptême en 1939 et intègre de ce fait le sein de l’Église catholique romaine.
Volontaire de guerre, il est rapidement fait prisonnier et passe cinq ans de captivité en Allemagne. Un premier mariage contracté avant la guerre ne survit pas à la longue séparation.
En 1946, il publie chez Dessart les Fragments à Lysis, courtes méditations philosophiques et poétiques élaborées à partir de notes prises durant sa captivité en Allemagne. Il retrouve les cercles littéraires belges, au sein desquels il noue des amitiés durables avec plusieurs écrivains tels Jean Tordeur, Charles Bertin ou Georges Sion. Parallèlement, il reprend ses études à orientation traditionnelle qui avaient été interrompues pendant la guerre, et au sein desquelles les œuvres de René Guénon occupent naturellement une place de choix.
En 1947, il part au Congo où il devient responsable de l’agence de presse Belga à Léopoldville.
À l’automne 1950, alors qu’il est en déplacement au Caire, il apprend que René Guénon y demeure et demande à le rencontrer. Grâce aux bons offices d’une connaissance commune, René Guénon accepte de le recevoir et les deux hommes ont ensemble un long entretien.
En 1951, il publie un article consacré à René Guénon dans la revue Synthèses, et en janvier 1953 un article intitulé La notion de Tradition chez Guénon dans le numéro spécial des France-Asie que cette revue consacre à René Guénon à la suite du décès de celui-ci.
Il fait par ailleurs paraître Les Sept Chants de la plénitude et de la fin, illustrés par Lucien Jorez (Léopoldville, Union africaine des arts et lettres, 1953). Un recueil de poèmes, Les Luminaires, paraît un peu plus tard.
En 1955, une grave maladie l’oblige à rentrer en Belgique afin de se faire soigner. Ce retour s’avèrera définitif. En 1958, il déménage à Luxembourg (Grand-Duché) où il a trouvé un nouvel emploi et où il passera désormais la fin de sa vie entre sa deuxième épouse et ses quatre enfants.
Il s’éteint le 23 mars 1985 à la suite d’un accident cardiaque.
Un recueil de poésie posthume intitulé Poèmes perdus et retrouvés ou la connaissance du soir put encore paraître grâce au concours du Fonds national de la littérature de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. Ce dernier recueil témoigne du fait que son activité littéraire – dont l’accueil resta restreint à des cercles plutôt confidentiels – ne fut jamais complètement en sommeil (il écrivit également deux pièces de théâtre restées inédites).
Celle-ci fut néanmoins toujours considérée par lui-même comme tout à fait secondaire par rapport à l’intense activité d’écriture orientée vers une traduction, dans le langage métaphysique et religieux, de l’expérience décisive vécue dans sa jeunesse. Celle-ci aboutit en 1977 à la parution aux Éditions traditionnelles d’un livre intitulé L’Illumination du Cœur.
La plus grande partie de l’œuvre « philosophique » d’André Allard l’Olivier est toutefois restée inédite. Celle-ci comprend un ouvrage complètement achevé, intitulé Autour de René Guénon. Le Christ et la Gnose, deux ouvrages quasiment terminés intitulés La Dialectique du sacrifice et Introduction à l’eurythmologie, ainsi que de très nombreuses notes touchant à des domaines aussi variés que le symbolisme des nombres, les cycles dans l’histoire, la kabbale, l’alchimie ou les carrés magiques et la tradition extrême-orientale.
Source : http://www.andreallardlolivier.net/