Saint François
Berlinghieri écrit sur feuilles d’or l’art poétique le plus pur. C’est Saint François qui parle aux oiseaux. Les oiseaux distraits sont cependant étrangement ordonnés, comme s’ils figuraient une divine partition. Ils ne chantent pas ; ils écoutent. Saint François interpelle la rumeur du vide et la fait danser. Il accomplit ce qu’il y a de plus sage en nous, dans la simplicité d’un geste, d’un sourire. Il parle, mais ses mots ne dominent pas ; ils caressent l’âme des choses. Parlant, il semble n’être pas là où l’appelle le monde. L’herbe d’or où pépie le rien triomphe sous nos pas écrasants.
Tintoret
La peinture n’est pas serve toujours. Tandis que Titien invente le rouge, Tintoret remet de l’ordre dans les priorités. Il célèbre la vie battante, chaotique ; le désordre est une joie que même le Christ honore. Une chaise renversée sur une flaque de vin acquiesce. Ce n’est pas l’homme qui préside aux cènes futures, mais la table souveraine. Le sommeil et l’ivresse ne sont pas des fautes. La fadeur seule est pécheresse. Tintoret chorégraphie l’énergie. Il postillonne quelquefois, mais c’est grand art que d’élever un enthousiasme à cette force vibrante, qui rayonne jusqu’à nous.