SEMPOUX André

Bibliographie

  • L’aubier, poème, Bruxelles : Les Éperonniers,1996.
  • Moi aussi je suis peintreBruxelles : Labor, 1999. Coll.  Espace Nord.
  • Una storia della letteratura italiana,  Bruxelles : Van Balberghe, 2000.
  • Au-delà d’une image qui n’existe pas, Morlanwelz : Lansman,  2001. Coll. Chaire de poétique de l’université de Louvain.
  • Torquato, l’ami d’un autre temps, Avin : Luce Wilquin, 2000.
  • Le bol à moustaches , Avin : Luce Wilqin, 2003.
  • Italie, poussière de temps, Avin : Luce Wilquin, 2004.
  • Le blues du train de nuit, Avin : Luce Wilquin, 2006.
  • Guy Vaes romancier, l’effroi et l’extase, Avin : Luce Wilquin, 2006.
  • Trois retours sur images, avec Nicole Malinconi et Claude Javeau, Avin : Luce Wilquin, 2009.
  • Avant-Lire à Un jour, tu m’as dit… et autres poèmes de Robert Vivier, Bruxelles : Académie Royale de Langue et de Littératures françaises de Belgique ; Editions Ercée, 2009.

 

Textes

Ténèbre

Je dirai l’éclaircie entre deux solitudes
le battement de ta vie dans la nuit

Non plus l’absence au coeur du monde
l’heure où la folie sourd de la profondeur des pierres
le froid qui monte et l’oiseau arrêté

Qui sait la peine des grands sables sous la lune
et l’éboulement granitique des nuages
l’anémone fleurit sans que nul s’en étonne
au bord du gouffre

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Nous ne savions pas le spectacle fini
sur la terre il n’y avait plus personne
les arbres faisaient craquer les tuiles
les vitrines étaient des ruisseaux de feuilles vertes

Nous allions au hasard nos mains tâtant
la pierre du soir ivre de soleil
pour toi et moi cette rue grise devenue
la rue de la planète inconnue

~~~

Trop tôt la grande paix de l’herbe est revenue
sur une terre aussi rangée qu’un poumon d’homme

~~~

L’hiver se refermait sur une maison de feuille morte
rien n’avait plus de sens que l’immobilité

Le limon mûrissait son rêve de hauts seigles
et de bourgeons comme une neige dans l’obscur

Commentaires

Plus d’un texte d’André Sempoux (1935) témoigne dans sa simplicité et dans sa minutieuse fidélité aux êtres et aux choses du monde, du pouvoir singulier qui se dégage du poème dans ces conditions. Celui qui a su écrire fait éprouver dans l’instant à la fois le mystère et les promesses du temps. Les poèmes de Ténèbre et d’autres recueils sont de cette veine (in : Bruxelles Poésie, Amay : Editions L’arbre à Parloles, 2000).

André Sempoux  (…) assume pleinement la définition qu’il donne du nouvelliste : l’auteur ne peut être détaché de son personnage, se prolonge dans le narrateur qu’il met en place.  Sa personnalité littéraire se marque par un rapport particulier à l’Italie : dans Italie, poussière du temps il fait effleurer, tout en douceur et en parfums, au lecteur la richesse de son histoire et de ses paysages, par l’intermédiaire d’un court moment d’une vie ou de portraits. L’Italie, lieu de sa première expérience dans la vie sociale (de bibliothécaire), le fascine toujours maintenant comme source de richesse inépuisable.  En abordant l’Histoire résolument de biais, c’est-à-dire selon un point de vue particulier, selon une compréhension, voire une interprétation singulière, il enclenche une prise de distance (…) : le narrateur du Dévoreur en l’occurrence ne parvient pas à se défaire totalement du poids écrasant des adhérences de son père : malgré lui, arrivent à la surface de sa conscience des bribes de « l’éducation » que son père voulait faire passer – vraisemblablement en suivant le penchant inconscient d’identification du fils au père (…). ILe narrateur est sans doute lui-même un peu empreint du caractère fasciste de celui qu’il rejette le plus au monde. Le lecteur-modèle (U. Eco), en « vivant » lui aussi un peu de ce que vit le protagoniste, ‘fils de fasciste’, relativise (au sens de prendre distance) la conception un peu caricaturale, univoque, qu’il avait de la Deuxième Guerre mondiale. Il y a d’autres visions, d’autres interprétations possibles sur le même événement historique, le but ici n’étant pas de trancher sur la question de la vérité. http://www.oboulo.com/andre-sempoux-53749.html

Carnet-refuge d’un temps où la culture italienne sous contrôle (TV, Istituti, etc.) se contorsionnait comme le serpent du conte, susurrant : « Ayez confiance ». Et surtout, traduction d’Antonio Tabucchi : « Ne pensez plus ». L’Italie, celle d’hier qui fait rêver, celle d’aujourd’hui qui met l’auteur en colère, mais toujours en de courtes nouvelles, ciselées de main de maître. (A propos de : Le blues du train de nuit).