PRAILLET Arthur

Biographie

Arthur Praillet pratique une poésie pure et sans emphase, aussi fortement enracinée dans le paysage objectif de la nature qu’animée de l’intérieur par le feu de l’amour. Son oeuvre ne s’écarte jamais de l’expérience existentielle. Il ne s’agit pas d’une poésie de recherche formelle, quel que soit son souci de polir la langue jusqu’à la plus évidente simplicité.

D’autre part, la vie du poète, et ses goûts profonds, l’ont tenu à l’écart du surréalisme et des voies expérimentales aussi bien que des milieux littéraires classiques; d’où son habituelle absence des histoires et des anthologies de la poésie française en Belgique.

Mais de grands poètes l’ont reconnu, et il a ses amis. Praillet n’a rien du poète «local» : grand lecteur (de Maeterlinck aux lyriques chinois, de Rilke aux poètes italiens qu’il a souvent traduits, du Russe Mandelstam à ses amis Ponge et Supervielle), le poète de La Flûte d’herbe et des Cinq poèmes d’amour révère la grandeur de la vie-poésie. Au plus beau sens de ces mots, il en est l’amateur et l’amant.

Né le premier juillet 1912 à Nancy, Praillet passe son enfance à Athus, où son père est monteur-électricien. Études secondaires à Carlsbourg; il s’y ouvre à la musique (étudie le violon depuis ses sept ans) et à la poésie (son premier texte publié à quatorze ans). Ensuite, le contraste est violent avec le milieu de l’Université du Travail de Virton, comme avec celui du premier régiment de lanciers à Spa, où il s’est engagé sur un coup de tête; le favoritisme et la sélection aristocratique qui y règnent le dégoûtent et l’amènent à l’usine d’Athus, où il reste ouvrier de 1932 à 1939.

Rapatrié de la campagne de 1940, il apprend la mort de son père. Il vit avec sa mère, comme employé, jusqu’en 1945. Il projette un moment de se perfectionner en littérature russe (langue qu’il parlait dans sa première enfance avec des gosses de prisonniers, ses voisins de «casernes», c’est-à-dire de maisons ouvrières). Finalement, il devient comptable à Bruxelles, jusqu’en 1962.

Sa femme, Furcy, et lui, s’installent alors dans une grande maison accueillante, à Marcourt, sur l’Ourthe, entre jardin, ruisseau et bois. Longues années d’une vie qu’on dirait «sans histoire», et qui en fourmille. Parce que l’homme Praillet a son chemin d’intérêts spirituels, ses itinéraires jalonnés d’amitiés ferventes : entre 1946 et 1950, il relance, avec Franz Hellens, la revue Le Disque Vert; de 62 à 72, il collabore passionnément à Dire, l’entreprise de Jean Vodaine, poète franco-slovène établi typographe et éditeur en Lorraine; et il partage aussi l’aventure d’Origine, ces éditions de poésie internationale fondées à Luxembourg par son ami italien Franco Prete. C’est à Marcourt, au matin du 1er février 1992, qu’une faiblesse cardiaque le terrasse. Ses amis s’apprêtaient, par un livre-hommage, à célébrer son quatre-vingtième anniversaire.

Bibliographie

  • L’écolier, suivi de La réhabilitation de l’outil, Bruxelles, Maison du Poète,  1949.
  • La flûte d’herbe, Vodaine, 1967.
  • Cinq poèmes d’amour, Origine, 1971, repris dans Le carnet de septembre, Vigile, Thielt, 1976.
  • Temps de parole, Paris, Biren, 1982.
  • Poulssières, Frassem, la Table des Champs, 1983.
  • A livre ouvert/au temps vient, Paris, Biren, 1989
  • Cinq poèmes, cinque poesie, Amay, L’ arbre à parole, 1993.
  • Les mots donnent le jour. Charleroi, Couleurs livres, 2011. (Carré d’as ; 1).

Textes

          Page volante

Il existe mille façons
De n’ être pas.

Mais d’ être,  il n’en est qu’une :
C’est d’ être soi même.

Et qui n’ est pas soi-même
N’ est finalement plus personne.

Comme n’ est plus personne
Qui ne reste pas maître de sa parole.