MOREAU Marcel

Biographie

Marcel Moreau est né à Boussu, dans le Borinage, en 1933. Contraint d’interrompre tôt ses études, il travaille comme ouvrier dans une robinetterie jusqu’en 1953. Après une pénible expérience d’aide-comptable -exorcisée dans Quintes -, il devient correcteur au journal Le Soir.

En 1968, il quitte la Belgique où il étouffait, pour se fixer à Paris. Il travaillera comme correcteur dans divers journaux avant d’entrer en 1972 au Figaro. Il effectue de nombreux voyages en Asie, en Amérique latine, en Turquie, etc… Lors d’un voyage en Grèce, en 1971, il fait naufrage à bord de l’Heleanna. Cette expérience confirmera encore les thèmes de la chute et de la mort.

Pour approfondir la biographie de Marcel Moreau, on lira avec profit La vie, l’oeuvre, l’époque (p.157 à 163) qui terminent la réédition, chez Jacques Antoine, de Julie ou la dissolution, ou, mieux encore, l’Égobiographie tordue et les autres oeuvres. En effet, il semble particulièrement artificiel, dans son cas, de dissocier la vie et l’oeuvre.

Bibliographie

  • Quintes, Buchet-Chastel, 1962.
  • Bannière de bave, Gallimard, 1966.
  • La Terre infestée d’hommes, Buchet-Chastel, 1966.
  • Le chant des paroxysmes, Buchet-Chastel, 1967.
  • Écrits du fonds de l’amour, Buchet-Chastel, 1968.
  • Julie ou la dissolution, C. Bourgois, 1971.
  • La Pensée mongole, Christian Bourgois, 1972; Ether vague, 1991.
  • L’Ivre livre, Christian Bourgois, 1973.
  • Le Bord de mort, Christian Bourgois, 1974.
  • Les Arts viscéraux, Christian Bourgois, 1975; Ether vague, 1994.
  • Sacre de la femme, Christian Bourgois, 1977; édition revue et corrigée, Ether vague, 1991.
  • Discours contre les entraves, C. Bourgois, 1979.
  • À dos de Dieu ou l’ordure lyrique, Luneau Ascot, 1980.
  • Orgambide scènes de la vie perdante, Luneau Ascot, 1980.
  • Moreaumachie, Buchet-Chastel, 1982.
  • Cahiers caniculaires, Lettres Vives, 1982.
  • Kamalalam, L’Age d’homme, 1982.
  • Saulitude, photos de Christian Calméjane, Accent, 1982.
  • Incandescence et Egobiographie tordue, Labor, 1984.
  • Monstre, Luneau Ascot, 1986.
  • Issue sans issue, Ether vague, 1986 & 1996.
  • Le Grouilloucouillou, en collaboration Roland Topor, Atelier Clot, Bramsen et Georges, 1987.
  • Treize portraits, en collaboration avec Antonio Saura, Atelier Clot, Bramsen, et Georges, 1987.
  • Amours à en mourir, Lettres Vives, 1988.
  • Opéra gouffre, La Pierre d’Alun, 1988.
  • Mille voix rauques, Buchet-Chastel, 1989.
  • Neung, conscience fiction, L’Ether Vague, 1990.
  • L’Œuvre Gravé, Didier Devillez, 1992.
  • Chants de la tombée des jours, Cadex, 1992.
  • Le charme et l’épouvante, La Différence, 1992.
  • Stéphane Mandelbaum, D. Devillez, 1992.
  • Noces de mort, Lettres Vives, 1993.
  • Tombeau pour les enténébrés, L’Ether Vague, 1993.
  • Bal dans la tête, La Différence, 1995.
  • La compagnie des femmes, Lettres Vives, 1996.
  • Insensément ton corps, Cadex, 1997.
  • Quintes, Mihaly, 1998.
  • La jeune fille et son fou, Lettres vives, 1998.
  • Extase pour une infante roumaine, Lettres Vives, 1998.
  • La vie de Jéju, Actes Sud, 1998.
  • Corpus Scripti,  Denoël, 2001.
  • Insolations de nuit, récit. Editions La Pierre d’Alun, 2007. Avec Pierre Alechinsky.
  • Des Hallalis dans les alléluias, Paris, Denoêl, 2009.
  • Le violencelliste, Denoël, 2011.

    À consulter (disponibles en notre Centre de documentation) :
    Christophe VAN ROSSOM, Marcel Moreau : l’insoumission et l’ivresse. Avin : Luce Wilquin,2004. Coll. L’oeuvre en lumière.
    Danièle BAJOMEE, Lecture de Marcel Moreau, in : Marcel Moreau, Incandescences. Bruxelles : Labor, 1984. Coll. Espace Nord ; 10.
    Entretien d’Eric Brogniet avec Marcel Moreau et lecture de ses textes par Marcel Moreau, Maison de la Poésie de Namur, cassette audio.
    Service du Livre luxembourgeois, DOSSIERS L : n° 15, fascicule 4.

    Voir aussi :

    http://membres.lycos.fr/arachnid/moreau.html

    fr.wikipedia.org/wiki/Marcel_Moreau

    http://remue.net/spip.php?article1128

    http://nicol.club.fr/ciret/bulletin/b17/b17c4.htm

    http://www.fondationlaposte.org/article.php3?id_article=426


    Entendre Marcel Moreau :

    http://www.dmnet.be/voix/main/fr/pgatfr/autfr14.html

Textes

Accordés au repas, Hasch et Julie ont mêlé leurs jambes sous la table, sont restés muets, accablés de sortilèges. les sacrifices les mettaient à la portée d’un infini nocturne, dans la foulée mal lumineuse des rongeurs et des vampires. Ils semblaient chevaucher des bêtes mortes aux jambes brisées, mais dont les gueules encore tordues vers le ciel les émerveillaient, avec leurs dents d’âne, leurs naseaux retroussés, et la bave sur les contours du hennissement final. Mille estimait que chacun devait parler de la rose, selon sa propre optique. Ce n’était pas une mauvaise idée ; d’ailleurs, Julie l’approuvait. Il racontait que la trigonométrie pouvait sde réduire à une rose grâce à certaines manigances, à des trafics de courbes. Et ayant dit cela, il éclatait de rire et buvait.

(Julie ou la dissolution, extrait)

Elles sont belles, elles s’agitent, elles trépignent, les tanagras. Elles battent le rappel de mes anciennes griseries, elles vont chercher jusqu’en mes ankyloses des remous oubliés. Elles me prennent par la main pour que je les promène, et par le regard pourque je les enveloppe. Elles cassent devant moi la rumeur mauvaise qui veut que les jeunes filles lisent ce qu’il est à la mode de lire, et croient ce qu’il est à la mode de croire. Elles font passer dans mes livres leur audace de vingt ans, et courir dans mon dos des ondes malicieuses.

(Les tanagras, extrait)

C’est Cocteau qui, je crois, le premier, rapporte avec enthousiasme le mot d’un titi, sur son vélo, arrêté au rouge. S’adressant au feu : “Alors, tu la craches, ta Valda”. C’est aussi cela, le génie populaire. je m’enchante de ces trouvailles rudes, argotiques, musquées et musclées, qui donnent tant de corps au parler. Je doute qu’elles jaillissent aujourd’hui avec la même verve qu’hier, et me demande si leur force de pénétration dans notre univers sonore n’est pas moindre, contrariée par la montée des laxismes, donc des charabias. Il me semble que l’anglargot ou l’arglais n’est déjà plus une notion tout à fait inconnue. On est cool ou clean, sans écarter l’hypothèse d’être demain coolcif ou cleanoche. Je lis sur une enseigne “new Fringues”… Quant au verlan, je le trouve bien éloigné  de l’imagination corsée d’où s’élance la langue verte. C’est un substitut assez facile à l’inspiration colorée et fumante. J’ai des craintes pour l’avenir des grandes poésies du fond des tripes. Et pourtant, nous avons sérieusement besoin de ce qui est dru et cru tout en étant beau. Les formules charnues, les métaphores saignantes ont l’immense mérite d’associer l’exercice de la parole au fonctionnement des organes. C’est plus que de la virtuosité dans l’art de faire bouffonner le salace dans le cocasse, c’est une manière de nous consoler des désincarnations forcées du langage, de la regrettable fortune des mots exsangues.

(Le charme et l’épouvante, extrait)

Je crois avec une ferveur accrue que la seule aventure qui vaille est nécessairement intérieure. Que chaque homme se doit de devenir le monstre dont il possède en lui, ravagées, mutilées, maudites, toutes les composantes. En vérité, nous sommes un puzzle terrible où il n’est aucune pièce qui ne soit défigurée ou distordue par la société. A nous de le reconstituer contre elle, en lui ajoutant les éclaires fabuleux de la nuit. La chance de l’homme, c’est la liberté qu’il a de descendre si loin en soi qu’il ne peut qu’en remonter physiquement ivre et psychologiquement orgiaque. C’est sa monstruosité même. C’est aussi son honneur.

(Egobiographie tordue, extrait)

A présent, il était au fond de quelque chose. Pour repartir, il aurait eu besoin d’un langage nouveau, de mots étrangers, inintelligibles. Mais il n’en voulait pas, il aimait trop le français, chaque mot français est un don à soi dès qu’on le prononce, même quand c’est un hurlement dans la nuit des loups, même quand ce sont, comme maintenant, des engins du diable qui font une course folle autour d’un lapsus, sans doute un lapsus, dans un grand espace nu et gras, où l’on se sentait ridicule car tout y est huées vers soi, il fit le tour de je-ne-sais-quoi, un autoportrait, il voulait surtout situer cette manière de petit rire étouffé qu’il venait d’entendre, comparable à du sabotage, faussant le jeu d’une étrange troupe de marionnettes tristes, fragiles et pantelantes. “Seules les questions sont vraies, elles ne mentent pas…”. La tête, gymnase exigu, grouillant de toutes sortes d’athlètes en train de s’exercer diversement, avec tapage et ironie, la tête.

(Quintes, extrait)

Commentaires

Marcel Moreau, fou du verbe, par Pierre Maury.

Quand Marcel Moreau parle de l’écriture, il met une majuscule au mot Verbe. C’est bien le moins : Quintes, son premier roman, était un livre à ce point possédé qu’une douzaine de médecins de son Borinage natal le déclarèrent bon pour l’internement. Ce jugement, qui ne se fondait peut-être pas sur un diagnostique fiable, intervenait, il est vrai, en fin de banquet…

Repères

Essai Des hallalis dans les alléluias Marcel Moreau, Denoël.

Toujours Marcel Moreau s’est senti en marge, en raison à la fois de ses excès et de sa discrétion. La langue n’est pas certainement pas pour lui un sujet de plaisanterie. Il s’y plonge physiquement, trouve le rythme, lutte contre les entraves dans une saine fureur qui fait de lui un extrémiste peu apte à être classé dans une catégorie fréquentée par le grand public…

Extrait de l’article paru dans lesoir.be le jeudi 30 avril 2009.

Hommage à Marcel Moreau

à l’occasion de la remise du Prix de Littérature Nathan Katz le 17 mars 2007, à Strasbourg

On ne peut évoquer la forme dans l’écriture de Marcel Moreau sans penser aux grands poètes baroques dont Protée fut le dieu. Une même profusion l’irrigue, une surabondance « protéiforme » dont la manifestation la plus visible est l’importance des néologismes, signifiant par là que le verbe ne cesse de s’accomplir et de créer. Cette vitalité fertile porte l’auteur à tout traduire en termes de métamorphose. Son instinct le conduit vers ce qui la confirme et l’exprime : la naissance et la mort, le chaos originel et l’épiphanie des corps, la conversion des énergies, les incessantes mutations, les illusions successives et les innombrables dévoilements, les ivresses et les vertiges et la houle changeante de sa parole. Une parole devenue monstrueuse par sa soif de « montrer » et dont l’énormité suscite, comme devant tous les monstres, autant d’attirance et d’admiration qu’une forme de répulsion et de terreur sacrée. Un tel excès peut aussi se montrer menaçant pour celui qui le porte : « Trop de tension pour un seul homme ».

Le fond de l’expérience intérieure est, comme dans la poésie baroque, l’intuition de l’inconstance et de la variation. Son chant est l’expression mouvementée et théâtrale d’une même hantise de l’amour, du verbe et de la mort. Cet effet de mouvement et d’expansion, d’action toujours renouvelée et jamais achevée se traduit par des formes complexes et ouvertes, se développant sur plusieurs plans et dégageant une multiplicité de perspectives sans jamais perdre le rythme qui lui donne vie. Les images ne viennent pas seules, mais par chaînes ou entassements, pyramides ou avalanches, jaillissements ou ruissellements, obéissants à une volonté de profusion, de gonflement, de dynamisme expressif. Les métaphores multiples ou longuement filées, répondent à l’intime abondance, se déploient comme un ensemble animé d’un mouvement de propagation. Les images s’engendrent mutuellement, se substituent les unes aux autres, donnent au texte l’impression d’une métamorphose continue. « A l’instar de ce qui se passe dans un cerveau gagné par la fureur de dire l’indicible, partout ici ça bombille, ça fourmille, ça frétille, ça titille, partout les excroissances et les fermentescences, les protubérances et les  intumescences, le torpide et le fétide, le phalloïde et l’utéroïde. Mais ce qui me frappe surtout, c’est dans ma vision l’interdépendance des images végétales, cette sensation qu’elles donnent de se chevaucher les unes les autres, de se toucher, de s’étreindre sans jamais se repousser, d’éviter les ruptures, de multiplier les connivences, les accrochages, les entrelacements. »

Cette abondance jubilatoire est redoublée dans le chant par les délices de l’énumération et ce sont ainsi des successions de substantifs, de sons et de sens qui se bousculent pour le plaisir de la bouche et de l’esprit. Mais en même temps le poète éprouve le vivant paradoxe du mystique qui ne peut énoncer sans nier l’énoncé. Voir l’invisible, dire l’indicible, montrer l’immontrable. Les couples de contraires abondent pour accomplir des noces profondes. Et même si l’athéisme est clairement déclaré, la puissante passion, qui anime son entreprise, la vitalité, l’amour et l’intelligence profonde qui sculptent son verbe nous acheminent aux frontières extrêmes où l’on appuie son dos au monde de l’instable pour s’élever vers l’inaltérable. Le chant alors est celui d’un célébrant. Hymne aux puissances créatrices, traitées dynamiquement comme des forces qui se propulsent et se déploient dans le livre autant que dans l’univers. Un livre et un univers de la dilatation, du tournoiement continu.

Là encore cependant, le style de Moreau échappe aux classifications hâtives qui chercheraient déjà à l’enfermer dans ses composantes volcaniques, outrancières et démesurées. « Dans ma jeunesse, l’écriture était aussi un acte semblable à celui d’un sculpteur qui travaille, modèle à partir de quelque chose d’informe. J’ai dû commencer par là. À présent, ce n’est plus tout à fait comme ça que se présentent les choses. Je suis assez critique envers cette écriture parce qu’elle n’est pas aussi belle que celle à laquelle j’ai pu arriver aujourd’hui, pas aussi musicale ; il s’agissait plutôt d’une écriture géologique. » Réduire son écriture à son seul aspect baroque reviendrait à éclipser un certain classicisme qu’atteste un souci d’exactitude, d’économe précision, d’équilibre et de subtile musicalité. L’exquise et efficace pertinence de la formulation, la souveraine maîtrise de la forme dans l’expression d’une sensibilité aiguë, prend alors allure d’aphorisme et force proverbiale, courtisant une perfection fort peu débridée. C’est, sans doute, la coexistence bien plus que l’opposition de ces contraires agissants qui caractérise cette œuvre majeure et lui donne son sens, sa profondeur et sa portée véritable : «  Barbare, mon raffinement est suspect. Raffinée, ma barbarie choque. Et pourtant, c’est bien ainsi que j’assume cette dualité, devenue ma passion centrale. Je dis le désordre des pulsions dans l’ordre de la syntaxe. Je révère la beauté, le faste, la seigneurie au moment où je ne rêve qu’à d’obscures cruautés, à de grossiers vautrements. »

Il est encore des mots défendus. Et il est devenu malséant de parler du génie même quand il est sous nos yeux. Cependant, on ne peut toucher cette œuvre du bout des doigts. Sa parole ne peut être chantée du bout des lèvres. À moins de s’y brûler, on ne peut connaître sa lumière. Et cette lumière se tient debout, les deux pieds dans la chair. Et la chair danse cette clarté rendue pulpeuse. L’écriture accomplit ici une inlassable étreinte. Un corps à corps étroit du corps verbal et du corps charnel. Un combat et un enlacement que consume une même dilection. Impétueuse, intempérante, l’écriture de Marcel Moreau est comme ensorcelée par le rythme qui lui donne sens dans sa profonde résonance. Haletante, elle nous tient en alerte ; nous assène ses gifles, ses coups de vent, réveille nos torpeurs, nos molles petitesses, nos langueurs intellectuelles ; nous gagne par assauts successifs comme une ivresse envahissante. Natures fragiles s’abstenir : il s’agit ici d’un alcool fort. « «Mes trois piliers de la non-sagesse sont l’ivresse verbale, l’ivresse amoureuse, l’ivresse bachique. »

Il n’est finalement pas étonnant qu’une œuvre qui fuit ainsi la tiédeur et la médiocrité soit à son tour redoutée et écartée par elles. Ses excès effrayent, son pouvoir dérange et met le doigt sur nos propres débordements et nos incohérences. On ne peut vibrer impunément à une telle fréquence. « Cette aptitude à vivre à la fois infidèle au passé et coupé de l’avenir explique sans doute ce que certains ont appelé la “barbarie” de ma démarche, c’est-à-dire cela même qui ne peut que l’invalider aux yeux des intellectuels professionnels……J’ignore tout ce qu’ils aiment savoir. Je sais tout sur ce qu’il préfère ignorer”, telle pourrait être ma devise… »

La sève qui nourrit la dernière page est la même que celle qui circule dans les racines de cette oeuvre considérable. « Notre original s’étaye d’originel », disait Saint-Pol-Roux. Le génie serait-il autre chose qu’une souveraine franchise ? Qu’un affranchissement sans cesse recommencé et inassouvissable ? Que des limites sans cesse repoussées par une exigence intègre, intégrale, et inasservissable. « Chaque fois que, sous couvert de révolution, des hommes s’unissent pour prophétiser la fin des chaînes, ils portent déjà en eux le schéma de nouvelles prisons. La révolution ne peut se faire sans le concours du dogme, et le dogme est liberticide. » Cette écriture tumultueuse, rebelle et audacieuse, paroxystique et harmonieuse, ensorcelante et contagieuse ; cette écriture peuplée de nuit, traversée de fulgurances et de brûlures qui à leur tour éclairent nos consciences, cette écriture qui enflamme nos vies et les approfondit, est indéniablement celle d’un grand écrivain.

Moreau. Dans le vocabulaire équestre, ce terme désigne un cheval à robe noire et luisante. Comment ne pas songer alors à la fougue ténébreuse, à la fois magnifique et terrifiante, d’une apocalypse, autrement dit, d’une révélation ?

Mon cher Marcel, je profite de cette occasion pour te dire simplement merci pour cette immense et féconde générosité dont atteste toute ton œuvre. C’est si simple et évident que l’on finit par l’oublier. C’est elle pourtant, qui sait nous rendre fertiles parce que c’est elle qui a su trouver, poussé par une intime et exigeante nécessité, le chemin des mots justes. Aussi je viens te dire très simplement merci, merci d’avoir tant donné car la joie est grande aujourd’hui de savoir que bien d’autres lecteurs encore pourront bénéficier de ces dons.

 

Jacques Goorma