MICHIELS Archibald

Biographie

Bibliographie

  • Tamquam vas figuli, Marcel Dricot, Liège, 1994.
  • Deductum dicere carmen, l’Arbre à Paroles, Amay, 1996.
  • Ante faciem venti, Sur les routes du vent, Memory Press, 1999.
  • Veilleur, où en est la nuit ? , Edinter, 2002.

Textes

Lettre à un jeune poète

(qui n’en est pas un, sans doute ; pas plus d’ailleurs que je ne suis Rilke)

Il ne faut pas écrire
car il n’y a rien d’autre que ça à faire, écrire.

Il ne faut pas écrire
car on a quelque chose à dire :
on à rien à dire.

Le mieux serait :
ne pas écrire.
(Mais le mieux est souvent l’ennemi du bien jeune poète qui voit pour ses coursiers s’ouvrir sans fin de magnifiques arènes de blond et vierge sable sans compter le coeur qui lui piaffe de génie – autant qu’à tel autre, du moins !)

Il ne faut pas écrire
pour soi
(l’âme à l’âme parle sa douce langue natale).

Il ne faut pas écrire
pour les autres
(Les autres ne lisent pas, ou alors lisent à côté, lisent pour se distraire – pour se distraire, grands Dieux ! )

Il ne faut pas écrire
parce qu’un souffle irrésistible…
(attendre que cela passe ; attendre – cela passera ; attendre, attendre sur tout cela le jugement de Qôhéléth).

Il ne faut pas écrire.

Il faut écrire –
car un monde peut tenir
dans la bulle de ta voix.

Il faut écrire –
car quelqu’un suivra tes chemins
et l’ouverture soudaine sur la mer
lui rafraîchira l’âme
(cette âme usée qu’hier encore il eût troqué si seulement il avait su qu’il la possédait toujours).

Il faut écrire
car ce monde de papier et d’encre,
fragile et risible,
sera bientôt seul
habitable.

extrait de Ante faciem venti