Une illusion haut placée. Fable
Dans ce hameau perdu, ne reste qu’une ferme,
A côté de l’église ; un îlot campagnard
D’où s’égaille à son gré, sans qu’on y mette un terme,
Une foule audacieuse, au caquet babillard.
Chez ces gallinacés, de nature primaire,
Une accorte poulette a vu l’œil égrillard
D’un vieux coq enroué qui se prend pour le maire.
Celui qu’elle convoite est en haut du clocher,
Brillant, inaccessible ; un dieu, une chimère.
Mais le mâle emplumé la suit sans relâcher,
La crête conquérante… en vain, car cette nonne
Se voue, sans faiblir, à son rêve haut perché.
La basse-cour ergote, intervient, puis s’étonne :
Pourquoi donc se choisir un amoureux lointain ?…
Une tempête arrive, égalant un cyclone,
Qui va, sans le savoir, altérer le destin.
Elle ampute des toits, renverse plus d’un chêne,
Hurle sa frénésie, du soir au blanc matin.
Son ravage accompli la voit quitter la scène.
Chacun sort en douceur et les poules aussi.
Dans le chantier laissé par l’ouragan sans-gêne,
On distingue, hélas ! un objet bien précis,
Tombé du piédestal, inerte, sans victoire.
C’est le coq idéal, à tout jamais occis.
Ainsi donc finira cette tragique histoire.
La poulette, je crois, ne fit plus de façons…
L’illusion, c’est bien sûr, est très aléatoire.
Méfions-nous, puisque ‘’L’air ne fait pas la chanson ‘’
Quel boulot !
Ma phrase est une branche vide où se posent des mots ; lorsque mon ciel se ride, il y vient des oiseaux musiques de couleur, plumages aériens qui chassent la douleur et apportent le bien. Ma phrase est une branche avide en quête de bonheur, quand un brouillard perfide engloutit les lueurs du soleil généreux qui génère la vie. Et les mots bienheureux s’y rassemblent à l’envi. Mes phrases sont des branches où circule la sève. Si ses verbes déclenchent une magie, un rêve… mes phrases qui s’épanchent auront fait leur boulot. Mes phrases sont des branches, et ce texte, … un bouleau ! 02 décembre 2005
A Marine et Julie. « Qu’est-ce c’est, ton métier, Grand-Mère ? – Ah ! c’est le plus beau de la terre. Je suis Grand-Mère à temps complet. Je suis Grand-Mère à cœur comblé. Je m’emploie à remplir vos mémoires de bons souvenirs pour plus tard, à marquer de mon encre indélébile vos jeunes vies encore malhabiles. – Et qu’est-ce tu fais d’autre, Grand-Mère, dis ? – J’attends dimanche, j’attends mardi ; le soir, j’attends le jour à naître. J’attends les surprises à connaître. Comme vous, mes chéries, moi aussi ; j’espère beaucoup de la vie. – Et après, après, Grand-Mère, que vas-tu faire ? – Quand mes quatre saisons seront l’hiver, quand je ne serai plus la main que vos doigts cherchent, le refuge douillet, la rassurante perche, quand je ne serai plus la voix qui émerveille, en racontant des lunes, des rêves et des soleils, ni l’oreille qui boit vos plus touchants secrets, ni la tendre présence qu’on quitte avec regret, celle dont vos bouches brandit le nom sans cesse comme un drapeau flottant au vent de la tendresse, là, je décrocherai la clé de l’au-delà et, sans frayeur ni chagrin, ma vie s’en ira.
AVRIL 2004
Chat perché.
Mon chat voudrait des ailes. Il me l’a expliqué en grimpant dans le pin. Il poursuivait un merle tout aussi noir que lui. Il a beau faire du zèle ; c’est vraiment très risqué pour un petit félin de se payer un merle au bout d’une brindille. L’oiseau en est conscient : à ce lourd quadrupède, il siffle un gai refrain : « Chat ! Chat ! tu n’y es pas ! Viens jusqu’ici me chercher ! » Mon chat est déficient face au rusé bipède et il ronge son frein. « Renonçons au repas. » se dit mon chat perché. novembre 2005.
L’espoir. L’espoir est un papillon frêle qui palpite de ses quatre ailes quand l’ouragan s’est apaisé. L’espoir est une aurore claire auréolée de lumière quand la nuit s’est effacée. L’espoir se nourrit de courage pour relever haut son visage que les doutes avaient abaissé. L’espoir, garde-le bien en toi, qu’il devienne l’unique loi, l’unique maître à encenser. Emprisonne-le dans ton coeur. Ordonne-lui d’être vainqueur des démons qui t’ont menacée. Il réalise des miracles. Qu’il aplanisse tes obstacles ! Qu’il t’aide à te surpasser. mai 2003.