LORENT André

Textes

LE MAUVAIS TEMPS

Je suis pluie
Je dis que je suis pluie d'outrages, de meurtres
De cuisses, de vin, d'obélisques
D'histoire juives
Et d'éternité
Je dis que je suis pluie
Je suis pluie d'horloge, d'ubiquités

De rancoeurs, d'attentes, de sarcasmes, de moules,
De contradictions, de pieds de tables
De sueur de flic
De sang d'oursin
De cheveux
De cendre
D'amitié
De plumes de cygne
Je dis que je suis pluie
Je suis pluie de signes

Commentaires

Ce n'est pas que la logique du tiers-inclus ait séduit ni convaincu tous les poètes. Certains ont refusé d'admettre aussi bien "ce qui change et ne change pas".  Certains ont refusé d'admettre aussi bien "ce qui change et ne change pas" - surtout au plan social et politique et quoi qu'il dût leur coûter.  Ainsi André Lorent (1902-1981) qui fut, avec Achille Chavée, Marcel Parfondry et Albert Ludé, cofondateur de Rupture, "groupe prolétarien" trozkiste (1934-1938) rallié en 1935 au mouvement surréaliste; et c'est aussi en collaboration avec Chavée et Fernand Dumont que Lorent publia Les mystères du drapeau blanc. "Auteur hainuyer" à première vue, mais dont on sait moins qu'après la guere et devant l'échec de la réolution surréaliste, il s'éloigna de la scène politico-poétique, devint commis-libraire chez "Corman" avant d'ouvrir sa propre librairie, "Les Eperonniers", aux amateurs de vraie littérature, celle qu'on cherche en vain dans les librépiceries.

Bruxelles Poésie, ed. l'arbre à paroles 2000