LOGIST Karel

Biographie

Karel Logist, né à Spa en 1962. Il a publié, en 1989, aux Editions Les Eperonniers, son premier recueil, « Le Séismographe ». Sur manuscrits, il avait obtenu, en 1988, les prix Georges Lockem, Robert Goffin et, en Suisse, le prix de la revue [vwa] de la ville de La Chaux-de-Fonds. Il sera ensuite distingué par le prix Maurice Carême, et le prix Jeune Talent de la Province de Liège, en 1994. En 1995, l’Arbre à paroles publie les poèmes en prose de « Ciseaux carrés ». Paraît ensuite aux Eperonniers « Alexandre Kosta Palamas » en 1996, prix Emile Pollak de l’Académie. La même année, à Paris, le Cherche midi éditeur publie son quatrième recueil, « Force d’inertie », qui sera couronné par le Prix du Parlement de la Communauté française. Avec Gérald Purnelle et Yves Namur, il dirige la collection patrimoniale Ha au Taillis Pré. Il a participé à plusieurs revues et anthologies poétiques, en Belgique comme à l’étranger. Il fait partie des fondateurs de Mot @ Mot, maison d’édition virtuelle sur Internet. Karel Logist a également été rédacteur des revues littéraires écritures et Le Fram et a animé à Liège les éditions Le Fram. Le recueil « Retours », paraît en 2001, aux Editions L’Acanthe. En mars 2004, les Editions de La Différence, à Paris, publiaient son recueil de poèmes « J’arrive à la mer »… Sa première pièce de théâtre, « Solférius ou le maître des plages », a été créée à Liège en 2003.
Ces dernières années, le Castor Astral a publié « Tout emporter », une anthologie poétique personnelle, l’Arbre à paroles a réuni ses « Mesures du possible », et Espace Nord a réédité son récit « Dés d’enfance ». Dans l’écriture de ses « carnets de doute », en prose comme en vers, Logist mêle le rêve de la vie des autres aux échos du temps qui passe, en refusant d’être le moi qu’il distille dans ses poèmes. Son avant-dernier livre, « Desperados », un lipogramme, a reçu le prix littéraire annuel de la SCAM.

Bibliographie

  • Le Séismographe, Éditions Les Eperonniers, 1989.
  • Ciseaux carrés, Éditions L’Arbre à paroles, 1995.
  • Alexandre Kosta Palamas, Éditions Les Éperonniers, 1996.
  • Force d’inertie, Le Cherche midi éditeur, 1996.
  • Une quarantaine, L’Arbre à paroles, 1997.
  • Retours, L’Acanthe, 2000.
  • Dés d’enfance, [sous le pseudonyme de Gilles Korta], Éditions Luce Wilquin, 1997.
  • J’arrive à la mer, Éditions de la Différence, 2003.
  • Un danseur évident, L’Arbre à paroles, 2004.
  • Si tu me disais Viens, Éditions Ercée, 2007.
  • Le sens de la visite, La Différence, 2008.
  • Tout emporter, anthologie, Le Castor Astral, Bordeaux, 2008.
  • Tenuta/Peters, architectes et Karel Logist, écrivain, Liège (43, rue Fond-Pirette, B-4000) : Atelier d’architecture Pierre Hebbelinck, 2009. Pour une description de l’ouvrage : http://www.pierrehebbelinck.net/fourretout/
  • 374e marche, texte publié dans Suivez mon regard, Namur : Institut du Patrimoine Wallon, 2011. Ce texte figure dans un ouvrage collectif destiné à mieux faire connaître le patrimoine de la région wallonne. Voir l’émission Télétourisme du samedi 12 mars 2011 (La Une).
  • Mademoiselle Grand et Monsieur Belle, MaelstrÖm, 2011. (Bookleg).
  • Mesures du possible, L’Arbre à paroles, 2012.
  • Dés d’enfance et autres textes, Espace Nord, 2013.
  • Desperados : poèmes pour la peau, L’Arbre à paroles, 2013.
  • 374 marches, MaelstrÖm, 2014. (Bookleg).
  • La traversée des habitudes, Tétras Lyre, 2017.

Textes

Quelques poèmes extraits du recueil Un danseur évident, 2004.
C’était une nuit de grand cynisme
La lune pleurait des marées
On avait mis des chiens à table
des colliers de larmes de loup
autour de la gorge des filles
Chacun voulait battre son fou
mais les fous ne se montraient pas
et restaient assis en silence
dans les coulisses du paradoxe
Les enfants parlaient de me pendre
de me livrer aux fourmis rouges
puis de me faire brûler vif
Et j’avançais à pas prudents
dans le sillage de leurs jeux
en faisant flèche des serpents
lovés autour des jours heureux
*
Elle a quinze ans et les yeux noirs. Elle a
trois colliers de perles de bois
qui applaudissent la naissance de ses seins.
Elle tire la langue quand elle sourit
aussi quand son piercing la gêne
Elle dit qu’elle voudrait un enfant mais plus tard
Dans la soirée elle va chez des amants
de blonds amis barbus qui la font beaucoup rire
et triste par moments.
Par la vitre du bus, elle regarde pleuvoir
Ses yeux mesurent leur pouvoir
d’arrêter tout cela, la pluie et la vitesse
cet horizon qui fume, ce présent qui bafouille
et la cuisse contre la sienne
de l’homme qui l’observe en feignant de relire
un semblant de poème.
*
Les demoiselles d’honneur
dans la cage de verre :
un ours les déshabille
Les demoiselles donneuses
dans la cage d’haleines :
un autre les met en pièces
D’honnêtes demoiselles
Que jouent à pile ou face
Entre deux ascenseurs
de fins garçons d’étage
que la danse des ours
à l’hôtel a laissés
exsangues mais en vie.
*
Toutes les nuits, tu as de petites peurs
souples et malléables comme des bras d’enfant
autour de tes épaules nues
Tu crains qu’il soit l’heure
des cambrioleurs roux
Tu crains que les volets ne se relèvent pas
restent à jamais coincés
que la rouille, le brouillard, de mauvaises pensées
ou de mauvaises rencontres t’imposent leur loi
Tu crains que ce soit lui
les bras mouillés de sang
qui vient chercher son dû
Toutes les nuits, tu caches tes jouets
sous l’oreiller des fées
dans la botte du géant
Toutes les nuits, tu serres tes angoisses
Tu les tords, les étreins,
Tu les trais ; il en sort
une transpiration qui te chasse du lit
à la rencontre de bruits, de craquements et de voix
dont le jour se souvient,
et des rêves aussi.
*
L’œil nu
va droit au ciel
escorte un nuage
l’exhorte
(un murmure mitoyen
lui gâche le soleil)
Que faire de ma vie, dit-il
et le calcul des jours
lui semble difficile
puis il pose un sourire
et retient un baiser
la somme le ravit.
****
Quelques poèmes extraits du recueil J’arrive à la mer, 2003.
J’arrive à la mer
j’achète un poulet rôti
il me reconnaît
ça me coupe l’appétit
J’arrive à la mer
je vole un vélo
je nourris un enfant
je renverse la couronne d’Angleterre
J’arrive à la mer
je suis ce garçon
qui arpente la plage
avec une valise en peau de fiancée
J’arrive à la mer
je vis dans les dunes
depuis quatre-vingt jours
de vin, de passes et de sardines
J’arrive à la mer
je salue la marée
le sable sent l’arène
je combats un taureau l’océan
J’arrive à la mer
ton amant s’en souvient
je déguste en terrasse
deux coupes de tes seins
J’arrive à la mer
la sale saison débute
les salaisons goûtent la cuve
sans raison l’œil prend l’eau
J’arrive à la mer
je me rappelle une comptine
j’embrasse la joue d’un réverbère
déjà il apporte la nuit
J’arrive à la mer
mon cerf-volant déchire
la toile de l’horizon
je suis sans nouvelles de toi
J’arrive à la mer
ton amant s’en souvient
qui ne dit pas la plage
mais le plancher des vagues
J’arrive à la mer
je demande le chemin
je tire mon plan
je n’irai pas plus loin ni les trains
J’arrive à la mer
il est tard le jour va fermer
je range les galets je rentre les nuages
je terrasse des châteaux de sable
[…]
*
Pour étouffer les cris d’un homme
prenez un lot de pages blanches
et faites-lui écrire son nom
laissez-le parler de l’échec
et de sa résistance et de son existence
il vous dira :
(mais déjà le papier mâché durcit entre ses dents)
combien l’air fut sucré
combien d’eau corrompue
fut mêlée à son sang
il dira feu                      il dira soufre
il dira cendres              il dira soif
il se taira
*
De quatorze heures à la tombée du jour
Marco, tu viens ici t’asseoir
sur ces pelouses et voir s’y prélasser
des garçons amoureux et des filles dénudées
puis tu rentres chez toi parce que les policiers
quand vient la nuit opèrent des contrôles
(tu ne supportes plus leurs yeux sur ton regard)
Tu as trente ans, tu t’habilles de jaune
pour paraître plus jeune et pour être mieux vu
également de ceux qui cherchent le soleil
en des endroits secrets où l’herbe piétinée
est moins verte qu’ailleurs –
et qui se laissent toucher les poings serrés.
*
Dans ma chienne de vie
Il n’y a pas cent choses que j’aime avec fracas
: mes livres sont muets qui parlaient du bonheur
Il y a bien le rire d’un enfant sous la pluie
La course d’une étoile ou le flanc d’une vague
Il y a mes plaisirs domestiques, leurs revers
(puis toi mais tu t’en vas toujours)
Il y a le bien-être qui ne dit pas son nom
Et qui s’en va aussi pour d’autres, comme toi
Comme le jour avec la nuit et ses couleurs
Ce soir nous sommes deux parmi vingt : tu souris
Tourné vers les poètes j’applaudis ton profil
Et les voix et les mots et ta beauté qui filent.
*
Et j’aime ton rire aux fossettes
et j’aime ta courte mémoire
et j’aime pourquoi tu te fâches
et j’aime comme il faut t’aimer – et j’aime
quand il faut rester parce qu’il est tard que tu doutes
et j’aime comment tu hésites
à dire que tu t’éloignes à dire que tu nous lâches
et j’aime tes désistements tes coups de cœur
tes coups de bluff et tes retards en amitié
et tes mensonges par omission
et j’aime regarder passer au printemps les filles avec toi
et quand tu donnes d’un sourire
le signal de se retourner
*
J’ai six fois ton âge Peut-être
et je ne nage pas mieux que toi
Qu’est-ce qui chaque jour m’arrête
quand je crois toucher l’autre rive
J’ai les mêmes questions
Qui j’aime ?
Qu’est-ce que je fuis quand je cours ?
J’ai six fois ton âge  (bientôt cinq
si nous restons prudents) Mes yeux
ne voient pas plus loin que le cœur
Chaque nuit quand le feu repose
les filles-fleurs les garçons-chats
font du grabuge dans nos chambres
*
Avez-vous jamais remarqué qu’au poète
quoi qu’il souhaite, quoi qu’il fasse
quoi qu’il tente, il ne lui arrive rien ?
Il a beau concevoir des projets d’aventure
creuser des tunnels sous la nappe
s’épiler les sourcils avec une pince à sucre
porter des pull-overs aux coudes recousus ;
il ne rêve qu’assis et ne fleurit qu’en pot.
Un jour, on l’habille chaudement
(car un hiver précoce profile sa rude haleine),
on le met dans un train qui part de Pepinster
à destination du Népal.
Mais un vol de billets, un mal de dos suspect
une grève de sherpas, un complot de criquets
un courrier en retard
l’obligent à tester d’autres itinéraires.
En transit et transi, il se retrouve à Blankenberge
où de blancs nuages l’hébergent.
****
Quelques poèmes extraits du recueil Retours, 2002.
Tout commence ici
par des bruits d’enfance
remontant l’escalier
pendant notre sommeil
Ils reviennent au soir
les poings bleuis
à force d’avoir frappé
la neige entre les yeux
les chemins de l’école
sont les plus beaux retours
*
Petit au jour le jour
vivant dans l’entrevu
dans l’éclair du passage
d’un oiseau sur le ciel
On marque de ses ongles
les cuisses des géants
espaliers du bonheur
vers lequel tout grandit
On arrose de larmes
le haricot magique
*
Un théâtre chinois
que la nuit met en place
les ombres de chevet
s’affrontent sur le mur
La main le loup deux doigts les fées
l’index du chasseur tient en joue
les menaces de la forêt
Une voix parfume l’orée des chambres
Maman nous met au lit
Papa couche le soleil
*
On ne perd rien Pas une miette
Le souvenir haché menu
dans les griffes du Chat Botté
nourrit plusieurs tables d’années
A force de persévérance
si le bûcheron parvient enfin
par la faim par le feu pour du pain ou par jeu
à perdre sept fois l’enfance
l’ogre aura quitté son château
et rétamé les bottes fées
*
C’est à la promenade
qu’on rencontre le vent
les chênes les chevaux
le cèpe et l’arc-en-ciel
On flâne à la file indienne
sur le sentier de la guerre
Désinvoltes quelques oncles
lancent des signaux de fumée
Les mamans vont devant
dans leur robe de bal
*
Tout s’achève par des jeux
les peluches ventriloques
mélangent dans leur haleine
la vanille du sommeil
Il chuchote par les fenêtres
qu’il ouvre la nuit ” Ne dors pas ! “
il se voile, tournoie, vole
léger comme la boutique aux rêves
Le jour se noie dans
l’œil du marchand de sable
*
Avant, une vie en trompe-l’œil
une musique d’ameublement
des oiseaux nés de livres d’images
méticuleusement bariolés
Puis, papa me tient aux épaules
il assure sa prise
là où ça ne fait pas mal
me pousse et nous forçons la foule
Il ouvre le monde
et il me fait entrer
*
Les voici debout dans l’été
maman qui regarde la pluie
le regard de maman qui verse
une eau bleue au moulin des jours
le jardin bourdonne d’insectes
le chat pelote contre mes jambes
un reflet gêne ma lecture
je vais relire la même page
qui dit les retours où se brise
l’équilibre des cils et des songes

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Le séismographe (1989)

« Publié en 1989, aux Editions Les Eperonniers, salué comme une révélation, son premier recueil, Le Séismographe, nous fait entrer dans un univers de frémissante allégresse. Caustique et narquois, inquiet et tendre, toujours inattendu, Karel Logist sait allier l’originalité à la précision. »
(Liliane Wouters, Cahiers des midis de la poésie, janvier 1993)
« Karel Logist appartient à cette race de poètes branchés sur les autres et sur le monde autant que sur lui-même. Et les mouvements qu’il enregistre entretiennent une angoisse permanente. »
(Jean-Claude Bologne, RTBF, mai 1989)
« Avec Le séismographe, Karel Logist fait des débuts séduisants et pleins de mystère. On peut compter parmi ses ancêtres aussi bien Laforgue que Jean Cocteau et Max Jacob. »
(Alain Bosquet, Le Figaro, 1989)
« Pas de cris, pas de bavardage, pas d’hyperboles. Tout passe au filtre d’une prosodie maîtrisée. Soyez dans les premiers à découvrir Karel Logist, un Orphée à peau douce dont on reparlera sûrement. »
(Jean-Charles Gateau, Samedi Littéraire, avril 1989)
« C’est limpide, remarquablement écrit, très poétique : l’ombre de George Trakl plane sur certains poèmes en prose. Les textes courts sont d’une grande intensité. »
(André Cannone, Lecture, 1989)
« Le Séismographe est un livre qui ravit par son ingéniosité, son ironie froide, son dandysme stylistique : Logist est quelqu’un qui n’exhibe pas ses prouesses, mais qui a l’une des écritures les plus serrées qui soient. Convaincu que la poésie serait ce qui « résume l’homme à peu de prose prêt » il écrit en vers sans s’en parer, laissant deviner sous ses phrases apparemment discursives les solives d’une structure poétique d’une rare précision. Cette méthode lui permet de faire affleurer sous les mots des légendes que les ruses verbales ourdissent en toute autonomie. […] Cette rhétorique n’est pas gratuite cependant: elle explore un monde où le langage serait le seul recours face au chaos. Simplement, ce familier des machines à penser est de ceux qui croient qu’elles élargissent plutôt qu’elles ne réduisent nos facultés de rêver et d’affabuler. »
(Jacques De Decker, Le Soir, 16 février 1989).
« Toute personne qui aurait fait le tour de Karel Logist sera carrément jeté à la porte de son poème et s’il reste quelques débris au seuil ou en lisière de son premier livre vous pouvez les donner aux enfants qui s’en serviront comme jeu de construction. Ne criez pas trop tôt : Haro sur l’architecte et n’insultez pas le crocodile avant d’avoir traversé la rivière. »
(Julos Beaucarne, 29 Janvier 1989)
« Ses poèmes révèlent un fabuliste, observateur tendre et sceptique, plein d’humour et de grâce classique. Son ton et sa clarté d’expression élégante s’écartent des modes. Ce jeune est un sage qui aime jouer avec les mots pour mieux exprimer pudiquement sa pensée profonde et grave. »
(M-L. Bernard-Verant, La Libre Belgique, 14 mai 1991)
« Avec la publication du premier recueil textes de Karel Logist Le Séismographe, la collection de poésie des éditions Les Eperonniers « Feux» s’impose un choix rigoureux et prometteur. Le Séismographe s’organise en une alternance de poèmes et de textes en prose. L’écriture est nette, incisive, se présente comme une suite de mini-narrations. L’écriture procède souvent d’un art du raccourci et par là même surprenne, et enchante. »
(Monique Dorsel, Le Mensuel Littéraire et poétique, 1989)
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Ciseaux carrés (1995)
« Les poèmes de Karel Logist témoignent toujours de la même précision sarcastique dans la mise au point de textes réglés comme des bombes à retardement, art qu’il domine depuis son premier recueil, Le séismographe, qui imposa aussitôt sa voix et son humour millimétré. »
(Jacques De Decker, Le Soir, 24 avril 1996)
« De nouvelles voix se sont fait et se font régulièrement entendre en Belgique ; […]. Celles, aussi, de Karel Logist, à certains égards proche de Jacqmin, qui décortique avec une certaine ironie, voire une sourde violence, l’être en creux qui peuple ses prose-poèmes. »
(Lionel Destremau, Prétexte, 1999)
« Entre ces tessons acérés auxquels s’accrochent les lambeaux d’un destin cruel à soi autant qu’aux autres et sans cesse doutant de sa propre existence, s’élèvent les quelques sourires de l’humour. Car l’art logistien s’arme d’une ironie, d’un absurde et même d’une drôlerie auxquels, dès Le Séismographe, je suis sensible: L’annulation d’un restaurant, d’un cinéma ou d’une amante, l’occupe délectablement. Et s’il me fallait comparer cette particularité des Ciseaux carrés à un livre, c’est d’Un certain Plume que je le rapprocherais sans hésitation, où se déploient une semblable difficulté d’être, une détresse proche, une comparable dérision. […] Alors, le doute d’exister et la grâce de la langue se rejoignent et trouvent en Karel Logist leur témoin, leur porte-parole. Ciseaux carrés est un livre accompli, tragique et beau. C’est un livre important. »
(André Romus, Le Journal des poètes, juin 1995)
« Je profite donc de Ciseaux carrés pour vous dire tout le bien que je pense de l’écriture de Karel Logist, un auteur belge dont il faudra se souvenir et suivre les prochains livres. L’écriture de Karel Logist parle de moments infimes, de voyages immobiles où l’être se révèle d’une manière rare en poésie. Dans ce livre, celle-ci se présente sous la forme de rectangle qui, comme de petites miniatures, s’amplifie de lumière au regard du contour blanc de la page qui fait cadre. Dans chacune de ces miniatures, le minime rencontre le monumental à travers une écriture très travaillée. »
(Gilbert Desmée, Sapriphage, 1995)
« Karel Logist, l’incontestable chef de file d’une génération qui monte, une écriture pourrie… par le talent, qu’il étale crûment dans Ciseaux carrés : des textes courts, aux limites de la confidence et du récit tant  est serrée l’inspiration. »
(Roland Counard, Courant d’ombres, 1996)
« Karel Logist a déblayé un espace pour inscrire qu’entre le rire et les larmes demeurera toujours, comme en retrait, un lieu mental voué à l’expression du rire et des larmes. […] Karel Logist est un élégiaque narquois. Narquois à l’encontre d’un réel qui ne se soucie que d’imposer ses mensonges comme vérités là où nulle vérité ne serait peut-être à reconnaître; élégiaque dans la proximité de l’amour et de la vie sans illusions.»
(Tristan Sautier, Dossier L, 1995)
« Avec une maîtrise peu commune, Karel Logist nous entraîne dans un monde poétique à la fois sophistiqué et candide, c’est-à-dire au cœur même de la vie. […] Cette poésie originale traque en fait l’étranger qui habite chacun de nous. »
(Jean Chatard, Le Mensuel littéraire et poétique, 1996)
« Les trente-six courts poèmes en prose qui constituent le nouveau recueil de Logist sont comme autant de portraits froids d’un hypothétique personnage jamais nommé autrement que par «il» – à moins qu’il ne s’agisse jamais du même. L’auteur, sans états d’âme, juxtapose les constats cliniques de situations de nature peu ou prou fantastique, c’est-à-dire sans rien de réaliste. […] Karel Logist fuit les effets de manche, tout en cultivant l’image. L’univers qui progressivement se dégage en est singulièrement poétique, comme l’est le grandissant écart entre un imaginaire fantasque et la sobriété d’une diction. L’ironie majeure qui court tout le recueil désamorce toute possibilité de tragédie. Qu’on ne s’y trompe pas: par-delà leur distance et leur fantaisie, ces textes nous parlent du quotidien, le nôtre, simplement un peu arrangé. Le lecteur n’a pas à rire, ni jaune ni clair, mais il ne grince pas des dents. A la lecture de ces textes masquant leur impertinence sous des airs pertinents, il sentira se dessiner sur sa bouche le sourire même du poète. »
(Gérald Purnelle, écritures, 1995)
« Chaque poème est ici la relation descriptive, sur un ton mi-cruel mi-détaché, des états d’âme d’un individu qui pourrait être le frère du Grégoire Samsa de Kafka. Quelqu’un qui se déclasse peu à peu, s’enfonce dans l’absurde, a perdu face humaine, ne s’y retrouve plus dans les codes sociaux, prend sur lui d’épouser son malheur, finit par s’en faire une raison, ce qui ne l’empêche pas d’en souffrir. […] Comme dans les poèmes en prose de Michaux, Logist pratique une écriture au scalpel: textes courts, enchaînements logiques de déraillements, écriture de procès-verbal, ton objectif tenant l’émotionnel à distance. […] Sous la relation clinique court le petit frémissement d’un humour qui serait la politesse du désespoir, caractéristique de Karel Logist comme de la famille poétique à laquelle il appartient: Michaux, Lichtenberg, Kafka, Jacques Rigaut… Comme pour d’autres poètes de sa génération (Bucciarelli, Delaive, Norac par exemple, et bien que chacun dose à sa façon les ingrédients qui font de leurs poèmes un mélange d’humour, de désespoir, d’absurde, de contestation), Karel Logist illustre la conception de l’humour objectif dont s’expliquait André Breton. »
(Eric Brogniet, Revue Sources, 1995)
« Karel Logist enfin (une véritable découverte !) dont les poèmes en prose sont animés de sentiments multiples qu’il nous fait partager dans un contexte proche de la confidence et parfois détenteur de formidables secrets. »
(Jean Chatard, Le Mensuel littéraire et poétique, 1998)
« Karel Logist use dans ses poèmes d’une rude simplicité où l’espace accueille les petits accidents de la vie, les traces mémorielles et une mélancolie douce. C’est l’un des poètes de notre communauté avec lequel il faut compter textes après textes. »
(Daniel Simon, La Revue nouvelle, 1999)
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Alexandre Kosta Palamas (1996)
« Karel Logist est à l’évidence un narrateur né qui parvient à brosser en quelques lignes à peine un destin, une existence brisée, une solitude comme seul un Hopper en peinture peut le faire. »
(Dominique Meurant, Revue générale, 1998)
« On trouvera chez Karel Logist un sens élevé de l’autodévaluation, voire de l’autodestruction, qui passe tout à la moulinette […]. Mais qui n’empêche pas la lucidité, ni les coups de gueule. »
(Serge A. Claeys, Avancées, Septembre 1996)
« Il n’y a pas d’issue au monde », cette conclusion, tout à la fois banale et irrémédiable -, Karel Logist la formule avec cette qualité d’humour qui lui est propre, avec cette pudeur posée sur la déchirure dont il allège sa détresse, avec cette grâce évidente du chant qui se manifeste dans son art épanoui. »
(André Romus, Le Journal des poètes, septembre 1997)
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Force d’inertie (1996)
« Karel Logist, c’est un ton, peu banal, un état poétique latent, des cadences et des images, une forme de désespoir, comme dans une constellation d’impasses dont le rayonnement aboutit à moi (Antonin Artaud). Exaspérant et tendre, « fort comme la tempête et possible comme un naufrage », inclassable. »
(Joseph-Paul Schneider, Luxemburgerworst, 21 novembre 1996)
« Karel Logist nous pousse dans le dos et nous invite à voir plus loin que le bout de nos résignations. Il a l’humour au bout de la plume et prise la rime en la nourrissant de nouveautés, de mots d’ici, de colères, de plaisirs et d’envies d’aujourd’hui. Karel Logist a l’humour en tête et le surréalisme dansant au bout de la plume. On pense à Supervielle et à Apollinaire. On pense surtout que voilà un poète comme on les aime! Il dit la vie, les hommes d’ici, et les envies qui courent en-dessous des crânes. Il s’échappe par le chemin des poètes et nous entraîne à sa suite. Il lutte contre la « Force d’inertie ». »
(Pascale Haubruge, Le Soir, 1997)
« Karel Logist est un poète de force et de défi qui tutoie nos solitudes et nos lâchetés. […] Depuis son premier recueil, il poursuit un questionnement vital. Ses poèmes constituent pour nous et pour lui une parole permanente. »
(Luc Norin, La Libre Belgique, septembre 1997)
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Une quarantaine (1997)
« Karel Logist est de ces poètes rares dont les mots alimentent les livres des plus vives incertitudes dont ils prennent conscience au fur et à mesure que la vie les façonne. […] Si Karel Logist sait choisir ses admirations, il n’oublie pas pour autant qu’il est soumis au différent vertige qui entraîne les êtres jusqu’au dépassement d’eux-mêmes. »
(Jean Chatard, Le Mensuel littéraire et poétique, 1998)
« Chaque texte, au-delà du plaisir de sa musicalité, de sa concision, déclenche dans le regard intime du lecteur une réflexion personnelle, une question, une symbiose. […] Présenter des extraits de ce recueil revient à proposer une étoile lorsque la voûte céleste est disponible. Il faut lire Une quarantaine dans son ensemble pour en apprécier, en évaluer la portée et, pourquoi pas, chaque matin, prendre la route avec un poème de Karel Logist, choisi comme un bijou piqué sur le revers de sa mémoire. »
(Janine Dumont, Le Chalut, 1998)
« Karel Logist est resté l’enfant de ses mots. Il est né quand la fa­meuse décennie des années 60 s’est inscrite dans l’histoire com­me une «golden» à part entière. Une quarantaine propose, le temps de quelques phrases musi­cales, de poser un regard neuf, presque naïf, parfois grave, sur le temps. Le temps qu’il fait sur ­les êtres, les objets, les sentiments. Il neige, il vente, il pleut sur ces minces bouts de ficelle enroulés autour des mots. Il y a du doute et du givre sur les rou­tes. Il y a le désir d’être vrai et la méfiance pour la littéra­ture. Il y a la fragilité du poète qui vit mal ce monde et la certitude que l’autre est sujet d’ami­tié, d’amour ou de résistance. »
(Guy Delhasse, La Meuse, 1998)
« Peu de poètes belges savent comme lui faire chanter le langage. Il donne force aux mots, les travaille, trouve des rythmes simples et puissants pour mettre la vie dans ses pages. »
(Pascale Haubruge, Le Soir, 9 août 1998)
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Retours (2001)
« Karel Logist est un de nos poètes les plus lu­mineux, qui aime manier les mots avec hu­mour et amour. Retours, son dernier recueil, est consacré à ses souvenirs d’enfance. Il nous les livre par bribes, les présentant à la fois comme des secrets intimes et comme des moments d’histoire commune, nous ap­partenant à tous: le «on» alterne avec le «je». Évocation du jeu, force féerique de l’imaginaire, sentiment de sécurité produit par la présence du père qui «ouvre le mon­de» pour qu’on y entre, regard de la mère «qui verse / une eau bleue au moulin des jours»… Ce sont de petits tableaux que nous livre le poète, des tableaux à la fois très nets, très parlant et, en même temps, tout à fait ouverts, de sorte qu’on peut y lire plu­sieurs souvenirs emmêlés et y ajouter les nôtres. Aussi le lecteur n’a-t-il qu’un seul re­gret : le recueil est trop court. »
(Laurent Demoulin, La Wallonie, 2001)
« Econome, Karel Logist offre le plus beau, laissant le mièvre à d’autres. »
(Pascale Haubruge, Le Soir, 21 juin 2000)
« Le monde de l’enfance a des allures de conte de fées ; Logist en trouve le ton et se souvient d’une époque où tout semblait réglé par des géants. Sans regret, sans nostalgie, il dit comment le monde s’est ouvert et qu’il y est entré. »
(Jack Keguenne, Le Carnet et les Instants, septembre 2000)
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J’arrive à la mer (2003)
« Si, néanmoins, rien ne pèse en ce livre, c’est peut-être d’abord parce que la voix très singulière de cet auteur bien confirmé ne joue ni au sage ni au docte. Elle n’en prend pas moins l’allure très libre d’une poésie bien ciselée. […] Car cette voix touche la nôtre, et l’émotion, ici, éveille l’esprit. On en redemande. »
(Lucien NoullezLa Revue nouvelle, 2004)
« Une poésie narrative d’un raffinement rare alors que ce qu’elle met en scène a tout le poids d’une extrême simplicité tant chez les personnages (un enfant, un étrange voyageur, un « il » anonyme, pris dans quelque manie domestique, un poète tac tac,…) que dans leurs regards et dans leurs actes. Karel Logist nous embarque, nous piège, ne cesse de surprendre. De sentiers en sentiers, nous nous retrouvons en pays inconnus et pourtant tellement proches ! »
(Dominique Massaut, L’Aquilone Volantino, 2003)
« Depuis le coin de terre où, assis, il observe le monde, Karel Logist nous lance, désabusé et drôle, des phrases qui se tiennent l’air un peu penché dans le gris des jours »
(Pascale Haubruge, Le Soir, juin 2004)
« Autobiographie rêvée, à la fois véridique et inventée, le poème devient sérieux, il ne l’est pas. Il paraît superficiel, il n’a jamais été aussi profond. […] Karel Logist témoigne ici d’une nouvelle sensibilité, qui touche à tout, certes, mais qui nous fait découvrir, avec ahurissement, tout le sel de la vie. »
(Jacques Izoard, Bulletin de l’Emulation, septembre 2004)
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Un danseur évident (2004)
« Une fluidité d’écriture qui n’empêche pas une rythmique forte, un ton balançant entre cynisme et tendresse, des réminiscences littéraires subverties, autant de constituants de la poésie singulière de Karel Logist. »
(Jean-Paul Gavard-Perret, Verso, 2005)
« Karel Logist distille une adulescence de tous les instants : ses mains écrivent escortes, rébellions, frondes, qui m’ont fait irrésistiblement fait penser au poète-piéton-marcheur de Rome, Sandro Penna. Ils partagent la même ardence verbale, le même vitalisme solaire et franc. »
(Philippe Leuckx, Bleu d’encre, juin 2005)
« Depuis son premier livre, Karel Logist poursuit une œuvre où la gravité se mêle au sourire, parfois à la fantaisie. »
(Georges Jacquemain, Pollen d’Azur, 2004)
« Dans Un danseur évident, son nouveau recueil paru à L’arbre à paroles, ce poète digne des plus grands rythme le blues de ses quarante ans. […] Larmes d’encre et soleils noirs conversent dans ses vers mais comme dans une chanson qui fait pleurer en douce et sourire à la fois. Et si l’angoisse y cogne – plus durement qu’avant, peut-être –, les matins clairs s’y glissent aussi par les fenêtres entrouvertes. […] Il est de ces poètes qui, intelligibles et entêtants, impriment leurs mots dans vos mémoires – comme un air glané dans un bar et qui vous suit, vous interroge, fait son lit dans votre histoire. »
(Pascale Haubruge, Le Soir, 2004)