XXVII. AU TOMBEAU L’escarcelle à la hanche Deux vierges dans l'aurore Traversent le verger Et doutant d'une mort Passant pour naturelle Soudoient les sentinelles Pour laisser deux chardons Le bûcher de leurs bouches Comme un feu de remords Sur l'ombre de mon corps
XXIV. L’AMOUREUX Dans sa robe de faille Celle qui tend la main Comme on tendrait la joue Qui change de visage Pour garder son empire Dans l'eau remet en jeu Son corps de grand chemin Ruban qui se dénoue Rousseur qui se détresse A Force de m'enliser A voir l'Etoile en feu Dans l’ancien bras de mer La coquille est brisée Pourceau voici la perle Au fond des servitudes Rose et lys ne sont plus Que ronce ou liseron Dans le jardin d’hiver Mon banquet se banquise
XXXII. LE MONDE A genoux dans la neige Qui portait jour et nuit Les scories de mon corps De peine ou de lumière Et quel jeu couvrait-il Sur le chantier désert De son aile noircie De son chant pour la pierre Et quel feu couvait-il — Attentive au possible Celle qui me dévêt De tout l'or de ce monde Brûlant à mon chevet D'achever le voyage D'enfanter le soleil De cette nuit sans ronde