LIMBOSCH Raymond

Biographie

1884-1953. Poète-philosophe

Bibliographie

Poésie

  • L'enclos, éditeur E. Joris, Anvers, 1910.
  • Le bois d'oliviers, éditeur E. Joris, Anvers, 1911.
  • Faunesques, éditeur Figuière, Paris, 1914.
  • Ballades brabançonnes, hors-commerce, 1920.
  • Les heures, hors-commerce, 1920.
  • Symphonie macabre, éditeur C. Dangotte, Bruxelles, 1923.
  • Vers et versets, éditeur C. Dangotte, Bruxelles, 1923.
  • La certitude inquiète, éditeur C. Dangotte, Bruxelles,1926.
  • La Rose et l'Araignée, édition de l'art décoratif C. Dangotte, 1935.
  • L'eau vive, Les cahiers du journal des poètes, 1940.
  • Il disait,
  • La conquète spirituelle
  • Note sur le vers oral
  • Nouvelles notes sur le ver oral
  • De l'existentialisme à l'actualisme ou l'expérience du poète, La maison du poête1942

Techniques poétiques

  • La Nervie, numéro anthologique Raymond Limbosch, 1930. (notes sur le vers syllabique, le vers rythmique, le verset.)
  • La Rose et l' Araignée, éditeur C. Dangotte, Bruxelles, 1935. (Note sur le vers oral)

Textes

La Rose

Dans le jour gris
Que l'aube fleurit,
Lente et limpide,
Et comme un lied
Tout aérien,
Tout incertain,
Tout en nuances,
Berce et cadence
Un rêve d' enfant,
La brise doucement
Emeut une rose
Humide et close ;
Et l'on dirait
Battre un coeur frais,
Où dans la brume
Qu'une flamme allume,
Dort un secret.

L'Araignée

Petite cervelle griffue agrippée à son piège
Géométrique, veillant seule dans le sortilège
De cette nuit immobile, lustrale et toute baignée
D'une fraîcheur résineuse et moisie, l'araignée,
Prisonnière de l'instinc, du monde et de sa toile
Tendue sur le ciel blême, n'a pris aucune étoile.
Mais tandis que l'automne frileuse et engourdie
Rallume au matin vif son humide incendie,
Le piège de la subtile, dans le vent frais qui fleure
Le chrysanthème, est plein d'un scintillement de pleurs.

L'Araignée

La plaine, dont les labours roulent jusquà l'horizon,
Dort. Sa respiration lente, où l'automne s'exhale,
A la puissance amère et pure de la raison.
Et sur cette nudité que couvre une ombre pâle,
Sans fond, sans cours, sans rives, sans un murmure, la nuit
Coule. Dans l'obscurité toute éclatante d'étoiles,
Suspendue entre ciel et terre, ainsi qu'un fruit
Fragile et minuscule, une araignée, sans toile,
File ; ramassée en soi, telle une goutte de pensée
Perdue sous le vent sourd du devenir éternel,
Elle file de sa chair vive, dans le silence glacé,
L'irréductible lacs où se prend tout le ciel.

La rose

Dans la splendeur mourante de cette belle nuit d'automne,
La terre pleure ses amours que les heures ont meurtries ;
Déchiré, son orgueil aux ombres s'abandonne,
Où muse l'ubiquité sybilline de l'esprit.

Et moirant le silence en ondes qui se prolongent,
La plainte d'un chant lointain s'épuise en longues traînées
Où le désir se mire dans les soupirs du songe.
Les vents coulent une eau lente où des fleurs ont fâné.

Douloureuse, une rose rouge, qu'étreint l'amer arôme
De cette automne blessé qui renonce à ses fruits,
Telle une flamme frémissante et dont la cendre embaume,
Offre son sacrifice au mystère de la nuit.

Mais tandis que dans l'herbe où perle une rosée blême,
Coeur épineux qui saigne, elle perd ses feuilles de sang,
Le parfum de son rêve, qu'elle ignorait elle-même,
Emplit l'ombre secrète de son secret encens.

Extraits de La Rose et l'Araignée,