LEGER Théo

Bibliographie

  • Ornement de la mort intérieure, Paris, Corrêa, 1938
  • Visage de chagrin, Paris, GLM 1940
  • Andromède éblouie, Bruxelles, Cahiers du Journal des Poètes, 1942
  • Les puissances de chagrin, Paris, l'Arche, 1949
  • Soleil taciturne, Paris, Mercure de France, 1963

 

Textes

Le fleuve

Nourrie de nos ombres l'eau
se coule sous la terre et se même à sa nuit

Nous tombons dans la paix des Ténèbres
avec le corps flamboyant de l'amour

Oh combien nous fûmes tourmentés
peuple aux reins sombres
à l'éclat féminin de la source et de l'aube

Combien nous fut trompeur le sourire à l'aurore:
cela le sang furieux le roule à jamais dans
notre abîme fermé funèbre et chuchotant.

Noire de nos ombres l'eau
à jamais fuit.

Commentaires

Dans les années 40 et 50, Théo Léger a connu une belle réputation parmi les spécialistes.  A lire ses deux premiers volumes, Ornement de la mort intérieure puis Andromède éblouie, ils ont pu se dire qu'ils lisaient un émule digne des poètes qui l'avaient inspiré, Rainier Maria Rilke ou O.V. de Lubicz-Milosz.  Plus tard, ils ont découvert en lui en élève de Patrice de la Tour du Pin et, par instants, de Pierre Jean Jouve.  L'amitié de Paul Eluard aussi lui a été favorable.  Trente ans ont passé.  Cette poésie, très intériorisée certes, charrie nombre de scories, et elle n'évite ni la grandiloquence ni la confusion.  Il reste comme un grand combat avec sa propre nature, l'idéal toujours inaccessible, le discours qui pour s'épurer se perd dans les lourdeurs de son expression.  Jean de Boschère avait des élans et des chutes d'un ordre voisin.  L'ardeur révulsée a empêché Théo Léger de se maîtriser.

Editions Traces, Bruxelles "La poésie francophone de Belgique (1903-1926)