JOANNES Marie

Biographie

Marie Joannes, déracinée par nature ou par force?  Car cette existence entamée sous les auspices des Gémeaux le 4 juin 1952, à Menin n’eut jamais de cesse qu’elle ne rompît avec les liens conquis pour les assimiler.  QU’il s’agisse de l’enracinement culturel, complicité ou tiraillement entre une essence germanique et une expression latine.   Ou de l’élection intime d’une terre (enfance, Flandre occidentale – jeunesse, Tournaisis – aujourd’hui, Campine).  Nord ou Sud.  Ou de l’impact familial cherché mais fui lors d’un passé d’errances et de pensionnat.  Des contacts incessants avec les milieux les plus divers, conquis et éloignés tour à tour.  QU’il s’agisse d’une enfance manuelle, sensitive par le contact avec les choses, courses de plein air, heures embuées dans les caves d’un père boulanger.  Ou d’une adolescence d’esprit, détachée du réel ( Hum. gréco-lat.; Ecole norm. Franc. Hist.) Qu’il s’agisse enfin d’une maturité partagée entre un foyer (mariée, deux enfants) et la recherche artistique elle-même duelle (poésie-prose; dessin-peinture).  Amour et rupture.  Rage de vaincre par le travail, tendresse dans le geste.  Un volcan enfurie derrière un sourire colombin.

Textes

Les corps se sont éteints
Comme des lampes tièdes
Des lampes d’Aladin
Au jardin d’infortune
Les folles une à une
Se sont mises à pleurer
De timides aèdes
A décliner les faims
– O paradis perdus
Edens d’insouciance
Nos jeux interrompus
Au chevet de l’enfance! –
Et mon cheval sevré
Mon canasson canaille
Par ses lèvres tenailes
Du grain de sénevé
Et ma bouche enlevée
Au flot de la grande ourse
De ses cours et de ses courses
Et du goût des baisers!
Les folles étaient nues
Les fous poilus ventrus
Fourchus jusqu’à la taille
Emasculés fendus
Les fêtes étaient mortes
Comme l’écho des voix
Comme le vent l’emporte
Comme le battement
D’une dernière porte
Sur l’envers du décor
Et les soleils défaits
Comme des échevaux
Au désordre des nappes
Nos goûts dépossédés
De leurs folles agapes
L’innocence trahie.