JANS Adrien

Biographie

Né à Edegem le 22 octobre 1905, non loin du Missembourg de Marie Gevers.  Journaliste, Académicien, Président de l’A.E.B. de 1970 à 1973, Poète, Romancier, Essayiste. Décédé en 1973.
Adrien Jans a renconté la poésie dès son jeune âge, en ces terres scaldéennes où le plaisir des météories a inspiré avec tant de bonheur la romancière de Madame Orpha.  Il a parlé de ce premier rendez-vous lyrique, dans un essai sur Marie Gevers, évoquant les sentiers qui conduisaient à la ferme et le Chemin des Soupirs, sous les frondaisons, où le père emmenait le petit Adrien pour y entendre le rossignol.  C’est dans la campine anversoire qu’à mûri un premier livre: Clairs-obscurs.  Ce recueil de proses rythmées, paru avec un frontispice et trois dessins de Maurice Van Essche, beau-frère d’Adrien Jans, était l’oeuvre d’un homme du Nord, plus près de Rembrandt et des peintres méditatifs que de l’éclat méridional.

Bibliographie

  • Clairs-obscurs. Bruxelles : R. Henriquez, 1933.
  • La pensée de Jacques Rivière. Bruxelles : Editions de la Cité ardente, 1938.
  • Chant des âmes. Bruxelles : Editions de la Maison du poète ; Edition universelle ; Paris : Desclée De Brouwer, 1942. (Cahiers des poètes catholiques ; 35).
  • Erasme. Bruxelles :  oemaere [J.], 1942. (Visages).
  • La poesie française contemporaine. Tournai ; Paris : Casterman, 1943.
  • Le manant, 1953.
  • La colonne ardente. Paris : Librairie des lettres, 1954.
  • D’un autre sang, 1959.
  • Poésie : 1924-1967. Préface de Pierre Emmanuel. Éditions universitaires, 1969.
  • Jules Supervielle. Bruxelles : Cahiers du Journal des poètes, 1940.
  • Claudel.
  • Marie Gevers.
  • Le prêtre et les romanciers en ce tournant de l’histoire.  Bruxelles ; Paris ; Amiens : Sodi, 1967. (Les grands thèmes de notre temps).
  • Ivoiriennes. Paris : Seghers, 1968.
  • Norge. Tournai : Le miroir des poètes, 1972.
  • Un art de lire. Paris ; Bruxelles : Baude, 1950. (Bien écrire et bien parler ; 10).
  • La vie de Ghelderode.  Paris : Hachette, 1972. (Hachette Littérature).
  • André Baillon, les meilleures pages.  Bruxelles : La renaissance du livre, [s.d].
  • Poèmes choisis. Bruxelles : Association des écrivains belges, [s.d]. (Anthologie de l’Audiothèque).

Textes

MER

A mes voix contradictoires, répondent l’hiver dépouillé et la mer
cendreuse aux cendres du ciel unie,
Mer amie, dormante endormeuse.
Quant il me sera dit de mourir, que ce soit à l’image de ton
sommeil,
Et que ce soit, ainsi qu’effacées tes couleurs, dans le difficile
accrod
De mes démarches hostiles.
Que ce soit
Sur une plage blanche, où blanches mes mains de marbre se
confondront,
Heureusement reposées,
Dans la blancheur de tes sables libérés.

Douce voix de la mer, aux confidences de décembre,
Ainsi qu’un grande âme à peine enveloppé encore de réalité,
Mer doucement éloignée de mon sang,
Mer qui  n’est plus qu’une lente respiration,
Voici ton immensité réduite au souffle de l’homme.

Commentaires

Dans la colonne ardente, Adrien Jans (1905-1973) pratique une poésie optative vaguement teintée de moralisme, plus marquée par le verset claudélien que par le souffle d’une prosodie originale, ce qui donne à maint poème un ton banal peu apte à évoquer le drame humain.  L’effort ne garantit ici aucune prise sur l’expérience existentielle et le poème pâlit souvent d’une dérive expressive qui menace à tout moment le vers de dégénérer en phrase. Quoi que l’on fasse, un thème, si captivant, si essentiel qu’il soit, ne devient la substance d’un poème que par la langue, par l’irremplaçable puissance du mot.

Bruxelles Poésie, éd. L’arbre à Paroles 2000